J’ai eu envie de voir la série pour Yoo Ji-Tae que j’avais appécié dans d’autres titres. Le pitch annonçait une belle histoire. L’idée est bonne, en effet, de retracer les parcours à la fois parallèles et divergents (!) de deux êtres qui sont tombés amoureux vingt ans auparavant. Mais les incessants retours en arrière sont lassants et le procédé tourne vite au pléonasme. Pourtant, ma critique porte surtout sur la construction des personnages. On dirait que divers scénaristes ont travaillé chacun de leur côté, sans se consulter. Autant le personnage de l’homme est cohérent, autant celui de la femme est bâclé. On comprend bien l’évolution de Han Jae-Hyun qui, d’activiste social idéaliste est devenu chef d’entreprise capitaliste pour assouvir une vengeance. Mais que la jeune bourgeoise au grand talent de pianiste se transforme en Mère Teresa, est plus difficile à croire. Non pas incroyable dans les faits, mais parce que la description de l’héroïne ne colle pas avec cette version. Censée tirer le diable par la queue, Yoon Ji-soo est toujours superbement maquillée, les ongles impeccablement manucurés même quand elle fait des ménages et elle affiche tout au long des 16 épisodes une garde-robe impressionnante. J’ai compté 9 (neuf) manteaux différents pour l’hiver ! Elle porte, en toutes saisons, des chaussures à bouts pointus et talons aiguilles et change de tenue chaque jour, alors que dans son coquet petit appartement, on aperçoit une seule pauvre penderie avec trois vêtements suspendus. Et ses réactions sont elles aussi en contradiction avec ses convictions affichées. Terriblement narcissique, toujours très consciente de l’effet qu’elle produit, de par sa beauté et sa grâce. Quand Jae-hyun lui conseille de prendre du poids pour retrouver des forces, elle répond que « Non, prendre des kilos je n’y tiens pas ». Il aurait mieux fait de lui conseiller d’aller consulter un psychiatre. Car c’est bien d’un cas clinique qu’il s’agit. Cette auto-flagellation constante, ce sentiment de culpabilité à propos de tout et de rien (même si une tragédie passée explique, en partie, cette attitude) sont exaspérants. Elle se croit le centre du monde. Tout et tous dépendent d’elle : son ex-mari (on ne sait pas pourquoi elle l’a épousé), son fils, ses collègues et amis, et bien sûr, son grand amour de jadis. Est-ce le portrait d’une manipulatrice que l’on veut nous montrer ? Et des larmes, que de larmes (lesquelles, cependant, n’abîment jamais son maquillage) versées ! Le choix de la comédienne pèse certainement lourd dans cette (d)éploration. Le visage magnifique de Lee Boo-young se prête trop bien à toutes ces expressions de stupeur, de souffrance, de compassion, de fière (fausse) modestie qui sont autant de manifestations du modèle de moralité et d’intégrité qu’elle pense incarner. Elle en devient insupportable. Je préfère, à l’opposé, le caractère impulsif et entier de Park Si-yeon (qui joue l’épouse rejetée de Jae-hyun) qui n’a peur ni de la cruauté ni du ridicule pour défendre son amour ou sa famille. Tous les rôles secondaires sont excellents, comme souvent dans les séries coréennes. La multiplication des flash back inutiles et le rigorisme, façon mater dolorosa, de l’héroïne sont les grands défauts de cette série qui aurait pu être une complète réussite.
Park Jin-young