White Lines est cruelle.
Cette production d'Alex Pina (La Casa de Papel) nous invite, confinés que nous sommes, à un voyage des plus sauvages sous le soleil d'Ibiza. Au programme, bien évidemment, tout le sel de l'île et ses secrets.
C'est en tout cas ce qui attend Zoé Walker, jeune libraire anglaise, déterminée à lever le voile sur la mort de son frère, Axel, parti s'installer sur l'île afin d'y vivre son rêve (celui de devenir DJ) une vingtaine d'années plus tôt.
L'intrigue ne révolutionne rien mais promet, dès les premiers épisodes, une enquête entremêlant Ibiza, l'île elle-même, et ses principaux acteurs contribuant à son mythe : DJs, fêtards et autres mafieux.
Parce qu'Ibiza ne dort jamais, Zoé devra s'enfoncer toujours plus profondément dans la vie de l'île et son atmosphère si particulière, quitte à faire ressortir au grand jour ses côtés les plus sombres.
Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'aventure est, tout d'abord dans sa forme, pétillante. Les prises de vue colorées et enivrantes de l'île invitent immédiatement au voyage. La bande-son électro, portée par Tom Holkenborg, ravivera sans aucun doute des souvenirs de rave chez certains et des fantasmes d'évasion chez d'autres. Enfin, le mariage des langues anglaises en VO (et anglais mancunien s'il vous plaît) et espagnoles finit d'embellir le tout.
White Lines surprend. Malgré le personnage de Zoé, plutôt agaçant sur la fin, et ses quelques éléments narratifs parfois dispensables,
(l'inceste d'une mère et son fils)
on se laisse prendre au jeu et à la folie d'Ibiza, incarnée et retranscrite par le charismatique Tom Rhys Harries.
Oui, White Lines aborde indubitablement la folie. Pas toujours de front (et il en est peut-être mieux ainsi) mais celle-ci est visible à chaque instant. La folie de la fête, la folie des grandeurs, la folie de l'excès.
Car "White Lines", au-delà de désigner physiquement ces lignes de cocaïne si présentes dans les fêtes de l'île, peut également nous renvoyer vers ces lignes blanches à ne pas franchir. Les plus chanceux en reviennent, bien souvent marqués. Les autres ? Les autres s'appellent Axel Collins.
Une fois digérée, l'excitation exotique de White Lines nous envoie plus volontiers vers l'introspection, vers le questionnement de nos propres limites. Une question, aussi alléchante que dangereuse, qui nous est posée par Axel : "Have you ever had a good time ?"