Wild Palms
7
Wild Palms

Série ABC (1993)

On nous apprend en sixième qu'une réaction chimique est limitée par l'élément en défaut. De même qu'on mesure généralement la force de la déception face à une oeuvre en fonction de l'attente qu'elle réussit à créer.
Ici, l'élément en défaut, c'est le génie d'Oliver Stone, auquel je n'ai personnellement jamais cru. Et pourtant, j'ai failli marcher, j'ai eu envie de me tromper, j'ai espéré... La chute, tant celle de la série que la mienne, n'en fut que plus rude...

On sent clairement que le réalisateur/producteur était sous influence, ne s'était pas remis de Twin Peaks il faut croire, si l'on en croit l'avalanche jusqu'à l'écoeurement de réferences voire emprunts éhontés, cette tentative d'atteindre la géniale bizarrerie de Lynch en aboutissant qu'à une médiocrité bancale.
Visiblement, Stone s'était baigné dans l'oeuvre de Philip K. Dick, et là encore il n'en a retiré que la lie, la dimension conspirationniste et paranoiaque, l'obsession du simulacre, et peut-être le coté pseudo loser de ses personnage, sans réussir à toucher l'essence de l'auteur.
Et évidemment, un clin d'oeil gros comme ça à Faulkner qui s'arrête néanmoins au titre, je crois.

Du coup, au final, on a une ombre géante projetée sur un écran, un truchement de lumière qui nous fait croire un moment que, comme disent les anglophones, "there is more than meets the eye". Malheureusement, Stone est trop littéral, mécaniste, et finalement gâche tout le potentiel de sa mini série.
Les quelques personnages attachants, les seuls qui réussissent à prendre vie dans cette galerie froide de clichés qui n'atteignent jamais l'authenticité archétypale de ceux de Lynch, les quelques bons mots saupoudrés dans les dialogues, et un cameo mi humour mi egotrip ne parviendront pas à sauver le plat du jour.

Au final, on se sent comme dans une adaptation d'une fictive BD de Moebius et Jodorowski qui aurait loupé le coche.
La bizarrerie est mal maitrisée et glisse systématiquement vers le grotesque.

Néanmoins, une ambiance intéressante un peu moite, un temps tout au moins, quelques lignes de dialogue bien senties, la voix de Robert Loggia, et une intrigue prenante, du moins le temps de réaliser qu'on n'ira jamais plus loin que la surface, font que Wild Palms n'est pas désagréable. Et six épisodes, c'est finalement juste le bon format pour une telle absence de contenu.

C'est dommage, mais au moins, ça me conforte dans l'image que je me fais de Stone.
toma_uberwenig
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le 19 juin 2013

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toma Uberwenig

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