Sur le papier, Xanadu promettait quelque chose, au moins parce que ces mini-séries françaises récentes ont tendance à apporter un soin bienvenu à l’image. C’est le cas ici, et la photographie est soignée de bout en bout.
On n’en dira pas autant du scénario, qui boite des deux jambes et multiplie les pistes comme un hardeur les pénétrations, sans jamais en suivre une seule jusqu’au bout. Je ne parle pas seulement du dénouement, si artificiel que le spectateur qui a vu les sept premiers épisodes ne peut que se demander d’où sort tout ce bordel. (À la rigueur, on ne perd rien à voir le final sans avoir vu le reste de la saison.) Je parle de tous ces événements annexes au mieux clichés
""" — le tenancier de sex-shop pourvoyeur de chair fraîche, la sortie de coma, la starlette pas fiable… —"""
, au pire catapultés là sans que rien ne les annonce
— la fusillade au musée, la mort de Bobby Mac… —
et que rien ne les suive — le viol de Marine, le saccage de la station de lavage. Un certain nombre de plans ou de dialogues réapparaissent quatre ou cinq fois dans la saison, sans compter les prologues du genre « Précédemment, dans Xanadu… » : ce n’est pas seulement agaçant, c’est aussi le signe de grosses faiblesses scénaristiques, car l’intrigue serait presque illisible sans ces rappels.
À la rigueur, les meilleurs passages sont ceux où le scénario se relâche le plus, et laisse la part belle aux névroses des personnages, d’autant que Julien Boisselier ou Swann Arlaud ne sont jamais aussi bons que lorsque leur personnage part à la dérive. Mais ces passages restent bien rares, peut-être parce que la tradition française du drame-familial-d’auteur pèse sur la série, laquelle au bout du compte ressemble moins à Six Feet Under qu’à un très long et très ennuyeux Chabrol.
En plus d’être mal monté *, Xanadu ne va pas assez profond *. J’aurais aimé que la série soit moins déconnectée du réel, qu’elle porte un regard sur l’industrie pornographique, voire sur la société, et que le spectateur puisse disposer d’un minimum d’indices quant à ce qui se passe autour du château familial. Avec huit épisodes, et compte tenu d’un rythme qui n’avait rien d’effréné, il y avait de quoi faire. Or tout cela manque de parti-pris : le propos général n’est pas plus construit dans Xanadu que dans Plus belle la vie. Comme les personnages sont aussi velléitaires que le scénario, on finit par s’ennuyer.
Ce n’est pas la musique, trop présente, qui tirera le spectateur de son ennui. À plus forte raison si ledit spectateur veut se rincer l’œil : il y a finalement très peu de pornographie dans Xanadu, et les Valadine pourraient diriger un empire des haricots en boite ou de la plomberie que ça ne changerait pas grand-chose.
* Oui, c’est de l’humour gras, merci.