C'était à regarder, c'est vu, et j'en ressors partagé.


Un classique de l'animation japonaise qui, paraît-il, avait ses lettres de noblesses attestant d'une qualité certaine et incontestable. L'animation - considérant le fait que cela ait été produite durant l'année 1974 - est de très bonne facture pour l'époque. Des plans inégaux, cela va de soi, selon qu'il s'agisse d'une scène de bataille agitée ou de discussion statique. Plusieurs fois, les lèvres des personnages en version originale bougent sans être synchronisées avec la voix des comédiens chargés de les doubler. Mais en dehors de ces menus détails, rien à signaler. Nous sommes à vingt-mille lieues au-dessus de l'ignoble animation 3-D de la version de 2013 (que j'ai renoncé à regarder suite à un drift dans l'espace mené par un vaisseau spatial).


Attardons-nous alors sur l'histoire. La planète Terre est au bord de l'extinction suite aux attaques menées par la planète Gamirasu. L'atmosphère est empoisonnée et la population mondiale vit sous terre comme des rats, devant sans cesse s'enfoncer davantage.
La situation est désespérée alors que la flotte japonaise subit un nouveau revers, mais un événement providentiel survient des confins de l'espace alors qu'une ravissante nymphe (de l'espaaaace) vient s'écraser sur Mars, porteuse d'un message d'espoir pour la Terre : qui parviendra à atteindre sa planète à 148 000 années-lumières trouvera la solution ultime pour vaincre Gamirasu.


Mais il ne reste qu'un an à la terre et la distance est longue. Le vénérable capitaine Okita est dépêché pour mener à bien la mission, accompagné du frère d'un de ses anciens officiers, tué au combat : Kodai. Pour l'occasion, on ressort le Yamato de là où il était enfoui depuis des décennies afin que cette Odyssée remaniée puisse les mener à destination.


Et c'est là que l'on mesure l'âge de cet anime. La technique est évidemment excusable, mais la pauvreté des personnages ne l'est pas. Aucun charisme n'émane d'aucun protagoniste ou antagoniste. De même, les relations les liant les uns aux autres sont au mieux superficielles, au pire, inexistantes.
Un capitaine bougon qui, en réalité, s'illustre davantage par son mutisme que sa sagesse, un jeune premier fougueux qui agit sans cesse impulsivement et à qui on pardonne tout, son meilleur ami qui est.... le conducteur du vaisseau... (oui, sa personnalité se définit à son rôle), un robot pour l'humour, un médecin alcoolique qui n'aura l'occasion de servir une seule fois et une fille.
Oui. Une fille. Personnage si marquant que je n'ai même pas retenu son nom. Les grosses ficelles du genre laissent entendre avant même un premier visionnage qu'elle sera amenée à devenir la dulcinée du jeune premier. Mais son absence de rôle au cours de toute la série en devient presque hallucinant. Elle apparaît déjà très peu (c'est un monde d'hommes ma brave dame, que voulez-vous) et, lorsque le seul seul épisode la mettant en relief se profile... elle finit simplement par servir de demoiselle en détresse de service pour souligner à quel point elle est inutile.


Je veux bien croire que beaucoup a été fait dans le domaine de la fiction dès lors où il s'agissait de l'établissement et le développement de personnalités complexes (encore que...), mais l'absence de caractère de tous les personnages présentés, alliés à l'inexistence de leurs motivations personnelles rend le visionnage de l'œuvre assez.....
Employons le mot «chiant», il est de rigueur.


Comment s'intéresser à une fiction où les personnages sont tous des PNJ sans âme n'interagissant jamais entre eux pour développer leur caractère ? Il y a bien un épisodes touchant où chacun a l'occasion de dire adieu à ses proches. Malheureusement, ce poisson-volant ne sera guère que l'exception confirmant la règle : c'est creux.


Impossible de ressentir la moindre empathie pour l'équipage - pourtant livré à un destin tragique compte tenu de la gravité de leur mission - et encore moins pour les antagonistes. Car, oui, les Gamirasus sont menés par un chef méchant aux parures dignes des caricatures d'empereur de toutes fictions confondues et dont le passe-temps consiste à se rire de l'échec de ses propres hommes et assénant - lorsque l'envie lui en dit - un rire tonitruant et maléfique. Des fois que l'on oublie qu'il est ce qu'il est. À savoir le méchant.
Les motivations de l'attaque de la terre par Gamirasu son troubles, et révélés en fin de série : leur planète est mourante et, saturer l'atmosphère de la terre vise en réalité à la rendre viable pour leur espèce afin de la coloniser. En clair, il s'agissait d'une occasion manquée de prouver que ces méchants très méchants issus de la galaxie de la méchanceté absolue étaient en réalité dos au mur et, forcés de prendre des mesures drastiques pour survivre. Une occasion manquée de tordre le cou au manichéisme et offrir à la jeunesse de l'époque un regard adulte sur les relations entre peuples. Il n'y a pas de gentils ou de méchants, juste des intérêts antagonistes qui s'accomplissent parfois au détriment de ses voisins.


Au crédit de l'anime, les batailles sont plutôt intéressantes et relativement haletantes par moment. Mais hélas, elles sont contrebalancées par l'absence quasi absolue de pertes humaines. Car si ce n'est des figurants, personne ne meurt. Pire encore. Après avoir été vrillé et explosé de l'intérieur, ses tourelles massacrées, le Yamato reparaît l'épisode suivant chromé et luisant sans une rayure à répertorier. Comment diable peuvent-ils réparer des dégâts aussi sensibles à des milliers d'années-lumières de toute planète susceptible de leur offrir les matériaux et la main d'œuvre nécessaire pour les travaux ? On en rigole au début, mais on finit bien vite par grincer des dents.
Aussi, je m'interroge sur la raison pour laquelle le Yamato n'a pas été sorti de sous terre plus tôt. Là où le premier épisode nous démontre la supériorité militaire écrasante de la flotte Gamirasu, la terre avait sous la main un vaisseau arsenal quasi-invincible et ce, depuis le début.


Le périple en lui-même n'est pas soporifique. Les embûches de Gamirasu offrent un semblant de répondant à la traversée du Yamato, mais elles auraient gagné à être plus dévastatrices au niveau de l'équipage afin de susciter ne serait-ce qu'un sentiment de tragique. Toutes choses considérées, ils n'en chient pas assez, il faut bien le dire. Rappelons qu'ils sont un vaisseau seul (certes, le Yamato, en mer, est considéré comme la plus grosse forteresse navale jamais construite à ce jour) pour affronter une armée entière et ses nombreux postes avancés dans l'espace. La difficulté induite n'est pas à prendre par-dessus la jambe.


Une épopée plutôt sympathique donc, mais en compagnie de personnages sans âme ou objectif si ce n'est de suivre la mission, sans jamais aucune intrigue interne dans le vaisseau, susceptible de rompre la monotonie spatiale. Les rares interactions «passionnées» sonnent fausses. Que ce soit l'hostilité née de nulle part au court d'un épisode entre Kodai et le pilote (très vite estompée) ou l'histoire d'amour I-NE-XI-STANTE du personnage principal et de la seule femme à bord (brillante idée, au demeurant... les sous-mariniers auraient des commentaires à faire valoir à ce sujet, j'en suis sûr).


Car, si ce classique qui n'a pas usurpé son titre est décevant du fait de tares inhérentes au genre dans ces années là (faut creuser pour trouver un anime avec des personnalités intéressantes ayant été produit durant la décennie), la fin est inqualifiable de bêtise et de mièvrerie insolente.


Enfin, ils arrivent après avoir vaincu l'empereur. La planète sur laquelle ils accostent ne compte plus qu'une seule habitante, sa reine ; la sœur de la messagère décédée en apportant le message d'espoir aux terriens. Sa planète étant liée à Gamirasu, elle aussi se meurt. On apprend que le frère de Kodai est en réalité en vie ici (Comment ? Pourquoi ? PrrRrRt) et qu'ils vivent une parfaite idylle avant l'Apocalypse.


Elle remet à l'équipage le décontaminateur (oui, l'Odyssée selon Matsumoto se résume au final à une ballade pour aller chercher un ustensile commandé chez «Au bon coin») capable de purifier la terre des méfaits chimiques de Gamirasu sur leur planète. Le frère de Kodai renonce à repartir avec eux et préfère mourir auprès de son aimée qui - pour une raison qui m'échappe - ne souhaite pas partir avec eux non plus.
Okita et son équipage s'étant visiblement découvert une âme romantique en chemin, ne cherchent même pas à les persuader de poursuivre leur amour sur terre et les laisse crever en simulant un semblant de tristesse très vite oublié l'épisode suivant.


Mais, l'empereur de Gamirasu n'est pas mort (incrustez la musique dramatique qui vous plaira). Il réussit même à investir le Yamato avec ses derniers hommes pour le contaminer de l'intérieur et éradiquer l'équipage. La fille (je vous jure que je n'ai pas retenu son nom, elle est à ce point dispensable) actionne le décontaminateur, sauve l'équipage mais meurt ce faisant.


C'est triste, mais finir sur une note dramatique n'est pas pour me déplaire, que tout n'aille pas bien dans le meilleur des mondes décontaminé. Mais survient alors l'événement le moins vraisemblable et même le moins souhaitable de l'histoire des animes. Okita, fidèle à la convention selon laquelle le plus vieux meurt toujours dans une fiction japonaise, décède d'une maladie qu'il traînait depuis plusieurs épisodes. Et, suite à sa mort, la fille se réveille de son état de mort clinique et embrasse Kodai avec lequel elle n'avait pourtant pas partagé le moindre instant d'intimité des vingt-six épisodes.
Personne ne questionne ce miracle ou bien les modalités de son accomplissement. On rit, on saute de joie, la planète est sauvée en un coup de cuillère-à-pot et fin.


Je crois que jamais on ne m'a autant pris pour un jambon depuis la fin de NGE. Fin expéditive, on ne s'embarrasse même pas à expliquer le comment du pourquoi. «Tiens, accepte cette fin heureuse, mâche, bouffe, avale. C'était bon ? Tant pis !» ainsi pourraient être interprétés les intentions de Leiji Matsumoto alors que l'on contemple le retour des héros après un final prévisible et décevant.


Si Uchû Senkan Yamato devait être comparé à une entité, je dirais que ses os sont magnifiques, mais que l'absence de chair par-dessus rend sa contemplation assez dérangeante. Un plat prometteur et mal épicé. Très mal épicé. C'était Uchû Senkan Yamato.
À voir pour le plaisir d'avoir pu contempler un des plus glorieux vestiges des premiers temps de l'animation japonaise. Ne vous attendez toutefois pas à être diverti en dehors de cinq-six épisodes intéressants, on se dissipe facilement au visionnage.

Josselin-B
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le 30 oct. 2019

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Josselin Bigaut

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