Oubliez tout ce que vous savez de l’apocalypse. La fin du monde prend un nouveau visage avec la série YOU, ME AND THE APOCALYPSE, un petit bijou britannique.
Alors qu’une comète se dirige droit sur la terre, Jamie, Père Jude, Soeur Céline, Ariel, Dave, Rhonda et bien d’autres, décident de profiter de leurs derniers jours pour vivre des aventures en tentant de concilier l’ordinaire à l’extraordinaire, les rituels quotidiens avec l’imprévisible. Mais voilà, comme c’est souvent le cas, rien ne se passe comme prévu.
Dispersés aux quatre coins du monde, tous ces protagonistes n’ont à première vue qu’un point en commun : ils sont tous confrontés à la fin du monde. Seulement cette fin du monde n’est qu’une intrigue apparente, un prétexte pour examiner à la loupe des personnages très différents et très singuliers. Sans connexion apparente et évidente, le showrunner Iain Hollands tisse avec patience des secrets et des intrigues secondaires de plus en plus humaines et intimes. Car finalement ce qui se joue ce n’est pas la fin du monde. Ce n’est pas une crise insurmontable et définitive. C’est autre chose. Un lien aux autres. Un regard sur l’humanité et une société parfois ébréchée et désaccordée.
Entre drame et humour noir, quiproquos en tout genre, répliques cinglantes et pitreries sans fin, YOU, ME AND THE APOCALYPSE ne cesse de surprendre le spectateur. Malgré quelques effets clichés déplorables pour « localiser » les divers personnages, la série nous emporte dans ce qu’elle a de plus drôle et de plus triste. Car ici le rire ne se passe pas de larmes et quoi de mieux que la fin du monde pour jouer sur des extrémités et des antagonismes aussi différents que similaires. Profitant de toutes les situations tragiques pour faire rire le spectateur et de toutes les scènes les plus décalées pour le plonger dans une mélancolie triste, Iain Hollands, propose une osmose parfaite et harmonieuse à l’image de sa galerie de personnages.
La vraie force de YOU, ME AND THE APOCALYPSE est bien là ! Dans ses personnages. Tous plus ou moins cinglés. Tous plus ou moins atypiques et complémentaires. Ce sont eux qui transcendent nos attentes. Avec leurs flots incessants d’événements tragi-comiques, ils nous entraînent toujours de surprise en surprise en anticipant et en dépassant les prévisions et les prédilections.
Leurs défauts, leurs imperfections et leurs différences leur donnent la saveur propre à l’humanité. Trop décalés pour être « Monsieur » ou/ et « Madame tout le monde » ils deviennent LE « Monsieur » ou/ et LA « Madame tout le monde » dans une situation de crise. Que ce soient les naïfs utopistes idéalistes ou les calculateurs menteurs sans merci chacun conserve son secret et ses ambitions. Aucun d’eux ne révèle ses projets et toutes ses facettes jusqu’aux derniers moments. Iain Hollands réussit d’autant mieux cette galerie fantastique de protagonistes qu’il parvient à trouver un roulement stable entre tous les héros. Sans jamais disparaître de façon inappropriée, les personnages principaux cohabitent dans un chaos organisé. Ils suivent le fil de leur parcours en se rencontrant et en s’évitant. Malgré leur nombre important, un équilibre quasi parfait a été créé pour leur permettre de coexister et d’interagir au fil des épisodes.
Alors oui… certains effets de montage sont kitsch, certains personnages sont des plus agaçants et d’autres sont des têtes à claques… Et pourtant YOU, ME AND THE APOCALYPSE parvient à un équilibre étonnant et idéal entre le comique et le tragique, entre les naïfs et les manipulateurs, pour toujours surprendre les spectateurs.
Critique de Marie pour Le Blog du Cinéma