La série caricature un petit surdoué, excellent en absolument tout, trop stéréotypé pour être attendrissant ou intéressant.
Son seul point faible étant la communication, ce qui aurait pu être intéressant, mais comme il incarne l'image d’Épinal du surdoué froid et solitaire, il n'en souffre pas. Ce qui en fait un personnage de papier, et pas un personnage charnel, incarné, auquel on peut croire, ou pour lequel on peut éprouver de la sympathie.
Dans une idée proche, c'est nettement moins intéressant qu'une série comme Malcom, dont la famille est loufoque, dans Malcom les autres personnages ont plus d'épaisseur et une vie propre, et Malcom a un regard désabusé et parfois déroutant sur le monde qui l'entoure. Sheldon, lui, a l'air seulement intéressé par le fait de paraître intelligent.
On n'est jamais surpris par les aptitudes du gamin ou son à-propos, parce que, quand on fait de la physique quantique à 9 ans, (sans avoir eu de cours, et n'est pourtant toujours qu'au lycée, cherchez l'erreur), a le niveau d'un expert comptable statisticien, ou qu'on sait jouer du piano comme Mozart sans avoir appris, dès le départ de la série, plus rien de ce qu'il peut dire ou faire ne peut plus surprendre ou émouvoir le spectateur. ça va trop loin tout de suite et on s'ennuie.
Or ce qui produit un effet comique, c'est toujours la surprise.
La série Malcom appartient à un genre précis, comique avec de temps en temps quelques envolées sentimentalo-familiales, mais celle-là n'appartient à aucun genre, ni assez réaliste puisqu'on puisse s'attendrir sur le personnage, et que s'il y a parfois quelques onces de volonté comique, c'est toujours dans un style identique et prévisible. Finalement, à part retracer l'enfance d'un personnage de série, cela semble être l'unique but de la série, un genre d'hagiographie, et cela en limite fortement l'intérêt.
Le personnage est certes irréalistiquement intelligent pour son âge, mais dans la bouche d'un adulte, il paraîtrait comme un pseudo-intellectuel, car il ne raisonne jamais, ne fait jamais de démonstration, n'a que très peu de doutes (pourtant indice d'intelligence), mais ne fait que répéter des phrases toutes faites qui font "intello" et petit singe savant. Un raisonnement d'enfant avec une grande soif de découvertes et de connaissances aurait été nettement plus intéressant, et non pas un adulte pédant en miniature. La sœur de Sheldon en comparaison, a l'air beaucoup plus futée et impertinente que lui.
Les bons mots sont extrêmement rares. J'ai bien aimé celui-ci:
Le pasteur: Il n'y a pas eu de Big Bang, il n'y a qu'un mot, la parole.
Sheldon: Et ce mot c'était "Badamoum"?
C'est un peu fatigant à la longue toutes ces séries américaines où on voit toujours la même chose: on met des mots d'adultes dans la bouche de bambins, et on entend la foule s'exclamer "oh comme c'est mignon". Comme c'est totalement artificiel, ce n'est en rien mignon ou attendrissant, pas plus qu'un chat qui mange avec une fourchette.