Shigatsu wa Kimi no Uso nous présente Arata, un ancien prodige du piano qui a cessé de jouer à la mort de la mère. Cette mort a provoqué en lui un traumatisme qui fait qu’il n’entend plus les sons lorsqu’il joue : seule demeure l’image cruelle d’une mère violente et exigeante et un profond sentiment de désespoir. Il limite donc sa pratique du piano au strict minimum et passe ses journées avec Tsubaki, une amie d’enfance et Wataru, un beau gosse sportif et dragueur comme les animes les aiment tant. Il fait tout de fois la rencontre de Kaori, une jeune violoniste passionnée qui va le pousser à renouer avec la musique.
Il me paraissait nécessaire de repartir du synopsis de l’anime. En effet, à la lecture, celui-ci apparaît très classique : certains ressorts scénaristique sont déjà identifiables, certains personnages déjà stéréotypés. Toutefois, le soupçon de quelque chose de plus profond émerge, notamment avec l’histoire du traumatisme du héros qui se manifeste de manière peu commune.
C’est sur cet aspect psychologique, qui sera approfondi tout eu long de l’animé, que, pour moi, Shigatsu se distingue le plus. Le fil rouge va ainsi être le développement du personnage principal, Arata à travers le traumatisme qui le hante, son rapport à la musique et aux personnes qui l’entourent.
Ainsi, contrairement à un Nodame Cantabile, le thème de la musique classique n’est pas un élément à prendre pour lui-même. Dans Nodame, la musique classique est presque un personnage et l’anime choisit une approche plus réaliste du monde de la musique et de la vie du musicien professionnel. Ici, la musique classique est inscrite dans un cheminement personnel et permet au personnage d’exprimer ce qu’il est, ses émotions et ses rêves. Les moments purement musicaux – et par là j’entends les passages de concerts, de concours – sont plus rares et sont des moments clés de développement psychologique. Ils sont en général servis par une réalisation soignée et très inventive qui permet un déploiement tout en nuance, tout en puissance de l’être du personnage à un instant précis.
D’un point de vue technique, Shigatsu Kimi no Uso est d’ailleurs extrêmement bien doté. Si j’ai été au premier abord un peu rebutée par la surabondance de rose, j’ai été ravie noter une constance dans la qualité de l’animation et des décors. Cela permet de sublimer des scènes par ailleurs assez classiques et de permettre de vrais moments de contemplations.
Autre point fort, l’OST. Contrairement à ce que l’on pourrait penser pour un anime traitant de musique classique, les morceaux classiques demeurent assez rares. Ils sont certes bien choisis et bien exécutés mais c’est la musique de l’anime en son ensemble qui m’a marqué. Là encore, on retrouve des mélodies assez classiques mais très bien coordonnée à la fois avec l’action et avec la réalisation.
En résumé
Pour toutes ces raisons, Shigatsu wa Kimi no Uso est un anime qui marque car il coordonne une réalisation impeccable avec un développement psychologique intéressant, tout cela sublimé par un travail sur l’OST. Ces éléments font naître certains moments de pure grâce et créent une ambiance particulière.
Toutefois, ces perles s’inscrivent dans une trame narrative qui demeure très classique. Ce n’est qu’au fil des épisodes que Shigatsu wa Kimi no Uso a réussi à me séduire car j’ai été au premier abord rebutée par cet aspect trop cliché et trop stéréotypé. En continuant, l’anime garde ces faiblesses mais sait les faire oublier au lecteur.
Ainsi, pour moi, cet anime n’est pas un chef d’œuvre, il demeure parfois trop inégal en termes de développement des personnages et la fin m’a à ce titre laissée un peu sur ma faim. C’est un anime assez classique dans sa structure mais qui sait faire valoir son quelque chose en plus, qui sait instaurer une ambiance. Les excellentes notes qu’il reçoit ne sont pas à mon sens déméritées mais ne doivent pas créer trop d’attentes : ce qui est souligné, à mon avis, c’est ce « petit truc » mais il ne faut pas s’attendre à l’animé du siècle. (D'ailleurs, je suis un peu embêtée pour mettre ma note, lisez un 7+).
(Critique publiée originairement sur animekun: ici)