« All I want in life's a little bit of love
To take the pain away.
Getting strong today,
A giant step each day. »
Je me permets ici de quitter le domaine de la critique classique pour me concentrer essentiellement sur un seul point de l’anime : Kaori.
Véritable personnage principal de l’anime, Kaori est à la fois un ange, la vie personnifiée, et surtout une fille heureuse. Tout se ressent dès la première scène au parc : Kosei n’a pas seulement affaire à une fille qui est belle, mais aussi à une fille en harmonie avec sa musique, dansante de bonheur. La puissance des images est très forte, on croirait voir un ange avec sa lyre.
Mais le talent de Shigatsu est de donner des défauts à Kaori pour la rendre encore plus parfaite. Pour citer les propres mots de Kosei : « Elle est violente, a une horrible personnalité, fait mauvaise impression… Mais, elle est magnifique. ». Et en effet, c’est là toute la beauté du personnage. Le but n’est pas de la glorifier et d’en faire un ange, mais de réussir à ce qu’elle soit belle tout en restant une fille tout à fait normale et heureuse. Ses multiples références à Peanuts ne font que rajouter au côté cool et relâché du personnage.
Ce que je trouve d’autant plus intéressant, c’est qu’elle se sert de son mauvais caractère non pas pour se défouler sur les autres, mais pour les pousser vers l’avant. Et je crois bien que c’est ça que j’adore chez Kaori, elle a tellement envie de revoir Kosei revenir sur scène, elle est tellement consciente de son immense talent gâché qu’elle le force par tous les moyens à aller de l’avant, quitte à être dur avec lui.
Il y a tellement d’énergie en elle, de joie de vivre. Je ne parle pas que des scènes de concert ou elle est magistrale, mais de toute ces scènes comme celle où Kosei et elle sautent dans l’eau, celle où ils font les magasins ensemble, ou encore celle où un Kosei bouleversé vient la voir à l’hôpital, et que c’est elle-même qui lui remonte le moral. Il y a une phrase dans sa lettre que je trouve sublime et qui résume parfaitement l’état d’esprit : « J’ai compris que je n’allais pas très bien. C’est à ce moment-là… que j’ai commencé à courir ! ».
Et on a là tout le cœur de Shigatsu, le message qui est on ne peut plus simple. Kaori incarne un type de personnage que j’aime beaucoup : Celle qui repousse toutes formes d'adversité et vient sourire haut et fort à la vie. Il n’y en a pas beaucoup des personnes qui réussiraient à garder cette posture face à une adversité aussi forte, mais elles existent bel et bien. Kaori est la quintessence de ce genre de personnage. De par sa joie de vivre elle apprend à Kosei, et plus amplement au spectateur, à ne jamais désespérer face à l’adversité. On pourrait alors reprocher que ce message est simple et trop facile, mais il est tellement bien représenté dans Shigatsu qu’il passe parfaitement. De plus que malgré sa bonne humeur omniprésente, il arrive à Kaori de souffrir et de ne plus pouvoir tenir, ce à quoi elle s’appuie sur Kosei pour récupérer.
La relation fusionnelle entre elle et Kosei est sublimée grâce à l’usage de la musique classique. Plus qu’une relation sentimentale, Kosei est fasciné par Kaori, si bien qu’elle en devient sa muse. Une fascination qui est fidèlement retranscrit au spectateur à travers toute la passion que Kosei envoie quand il commence à jouer du piano pour elle. User de la musique classique pour retranscrire toute son amour, c’est je pense la plus belle qualité de Shigatsu. Une manière très mature de décrire les sentiments, et surtout très belle. Les larmes que verse Kaori seule après avoir entendu le duo Kosei/Nagi est un moment très court que je trouve superbe. Ces larmes représentent toute l’admiration qu’à Kaori pour son pianiste adoré, à quel point elle est fière de lui, à quel point bien sûr elle comprend à qui sont adressées toutes les émotions qu’il envoie à travers son piano, et à cela s’ajoute tout le regret qu’elle a de ne pas pouvoir rejouer avec lui. Je ressens tout ça en seulement 5 secondes, c'est je crois le seul moment où on voit ce que ressent sincèrement Kaori pour Kosei (quand elle est seule). Et c'est vraiment bien fait.
Oui, cette relation est magnifique. On pourrait parler de la dernière scène de piano qui atteint des sommets en termes de beauté. Absolument tout ce que je peux ressentir en écoutant par exemple le Liebestraum de Franz Liszt dans son amour, sa vie et sa tragédie. Tout est là dans cette scène, on croirait (et voudrait) qu’elle dure indéfiniment tant elle semble éternelle, mais elle est finalement rattrapée dans toute sa puissance par la tragédie finale. C’est absolument bouleversant, je n’ai pas vu souvent un final être à la fois beau et puissant tout en restant tragique.
Mais ce qui est bien, c’est que Kosei a compris le message de Kaori. Il ne va pas désespérer, il va continuer de jouer du piano pour elle. Il ne va pas rester seul à pleurer et va de l’avant (le seul moment où on le voit pleurer dans la scène de la lettre d’ailleurs est en hors-champ, j’adore). Elle continuera encore et toujours à résonner dans son cœur, ce qui laisse en soit un arrière-gout tragique (la phrase de fin) mais il faut aussi voir plus loin : Kaori disparaît en même temps que l’animé se finit, chacun des deux nous abandonne en laissant à Kosei/le spectateur le message de ne jamais oublier tous les beaux moments qu’on a vécu ensemble. Shigatsu, c’est fini, mais au lieu de pleurer, repensons à tout ce que cet animé nous as fait vivre, à ce que Kaori nous as fait vivre. Laissons-les dans un coin de notre cœur et ne les oublions pas, ils forment notre force de vivre.
Kaori est un personnage tellement superbe, tellement beau qu’on en viendrait à oublier tous les autres. Elle éclipse totalement l’autre personnage féminin important qui n’est pas pour autant inintéressant, mais dont le traitement est beaucoup plus classique et aussi beaucoup plus fade (hélas, les développeurs ont cru bon de lui consacrer près de la moitié des épisodes). On n’oubliera pas quand même la petite et adorable Nagi ou les deux rivaux qui, même s’ils auraient pu être plus exploités, ont chacun leurs beaux moments. Mais, bon sang, Kaori. C’est quelque chose.
« Ai-je réussi à m'immiscer dans ton coeur ? »
« Tu y es entrée tel un ouragan ! »