Ce n’est pas dans mes habitudes de réécrire une critique, mais les choses ont évolué depuis, et puis je n’ai pas envie que les gens croient que je suis un méchant qui rage inutilement, sans réels arguments apparemment.
Donc, me revoilà à expliquer calmement et gentiment cette fois ce que je n’aime pas dans Breakfast in Backstage. Il y a dans cette émission (comme dans d’autres sur Youtube) une fâcheuse tendance à parler de musique sans véritablement en parler. Un intérêt porté à la carrière de l’artiste, mais non pas à sa musique. C’est déjà le point qui fâche, d’autant plus que BiB n’apporte guère plus d’informations que celles qu’on peut trouver si on surfe un peu sur le net (sur Wikipedia en fait).
Là où BiB se démarque plus que d’autres, c’est qu’ils ne limitent pas au format facecam et propose un montage imposant composé d’images et vidéos d’archives, de parodies, et même de scènes qu’ils ont eux-mêmes filmé. Respect tout ça, ça prend du temps de mettre le tout en place. Hélas, ce travail important ne fait que rajouter au fait que je n’aime pas cette émission. Dès que l’intérêt est porté avant tout sur la forme que le fond, je relâche directement (un ami parlerait de la « pornographie des images »).
BiB sont deux chroniqueurs, et le terme pour moi est négatif : Ils ne font que raconter l’Histoire sans jamais y réfléchir par-dessus. Et c’est extrêmement nuisible, je citerais la fameuse citation de 1984 : « Je comprends comment, je ne comprends pas pourquoi ». Oui, on comprend comment David Bowie, comment Pink Floyd ont eu une grande carrière. Réponse : Car tel album fut un carton commercial, car leur carrière est unique, car il y a eu telle polémique, blablabla… Non, on ne comprendra jamais pourquoi leur musique a reçu autant de succès. BiB ne rentre jamais dans le monde de la musique (et par là, je ne parle évidemment pas d’expliquer tel changement de clé ou lancer tout un charabia musical que seul les confirmés pourrait comprendre) pour expliquer pourquoi tel album a marqué son temps. Parfois ils le font, mais ils feraient mieux de s’en abstenir car ce qu’ils disent est faux (« David Bowie a enfin trouvé sa voix sur « The rise of Ziggy Stardust » ? Bullshit. Et il y a tellement d’autres choses qu’ils pouvaient dire d’autres sur cet album…).
« La question « Pourquoi est-ce que Pink Floyd est un groupe génial ? » ne reçoit pour seule réponse qu'un très faible et franchement décevant « Parce que peu de groupes peuvent atteindre une telle perfection musicale ». » (Tidwald)
« Aujourd'hui nous allons parler d'un artiste un peu oublié : David Bowie ! » (Superjér)
Il y a autre chose qui m’agace particulièrement dans cette émission, c’est cette sacralisation des figures du rock. Je ne dis pas que Pink Floyd est un mauvais groupe, au contraire même, je l’aime assez. Mais il faut arrêter de le mettre sur un piédestal alors qu’au fond, ils n’ont pas plus de mérite qu’un autre. Et c’est pareil pour les autres comme les Beatles qui est un groupe que j’a-do-re, mais dont je ne dirais pas pour autant que c’est l’un et encore moins le meilleur groupe du monde. Cela dit, c’est une affirmation que je disais quand même au départ, quand je découvrais la musique, mais qui est vite parti au fur et à mesure. J’aimerais que BiB en fasse de même. Libre à eux d’aimer qui ils veulent, mais à sacraliser trop ces figures, l’émission va devenir encore plus néfaste avec des personnes qui vont à leur tour perdurer cette sacralisation en découvrant la musique avec l’émission, et qui n’opéreront peut-être jamais à leur tour leur opération de désacralisation. Un peu comme au cinéma, pour citer mon ami Moizi, vous avez ces personnes qui découvrent le grand cinéma avec Kubrick, qui vont l’aimer grâce à Kubrick… et qui vont s’arrêter de le découvrir avec Kubrick. Outch.
(Et juste pour dire, le dernier album de Rae Japsen est aussi intéressant à écouter qu’un album de Pink Floyd. Je n’ai pas honte de le dire, les deux artistes sont autant intéressants à écouter l’un que l’autre, il n’y en a pas un meilleur).
Si on continue avec le point précédent, ils ont une autre manie de sacraliser les albums qu’on connait tous, de passer plus de temps dessus. Alors que, mince, je m’en fiche de réentendre un énième avis sur l’album du prisme. J’aimerais savoir comment The Final Cut (qui est un album que j’aime vraiment, oui, oui) a été conçu aussi, qu’ils y passent autant de temps qu’avec l’album du prisme. Relativiser un peu le tout, ça serait bien. Pas piocher là où il y a le plus d’informations (Wikipedia, toi et tes grands articles sur Dark Side…), dans ce que tout le monde connait.
Cependant, je critique, mais cette émission a du succès, non ? Pourquoi ? C’est car moi et les musicophiles ne représentent qu’une fraction minime dans la société. C’est car il y a beaucoup de personnes qui ont Pink Floyd comme groupe favori et qui sont très content que BiB les brossent dans le sens du poil. C’est car il y a pleins de gens qui sont heureux de se construire un peu de culture musicale (cf. une autre critique de SC). Pourquoi BiB chercherait-il à faire plaisir à la dernière faction restante ? C’est car elle est la plus riche, car leur émission est une émission de musique, et car c’est le comble qu’elle ne soit adressée qu’à un public de néophyte dans le domaine. Vous voulez connaître une émission qui a su intéresser et les néophytes et les confirmés ? Crossed. Dire que BiB pourrait un jour atteindre le niveau de ce dernier n’est pas hors de propos. Kevin et Alexis ont prouvé qu’ils avaient des compétences dans le domaine de la musique qu’ils pourraient mettre en application s’ils le souhaitent. Oui, s’ils le souhaitent, car comme je l’ai dit ils n’ont pas vraiment d’intérêt à changer une recette qui marche plutôt bien pour l’instant. Si ce n’est pour l’estime.
Je reste confiant. Au point où nous en sommes, l’émission est au point mort, mais reprendra surement dans peu de temps. Kevin, qui est venu en discuter directement ici, a dit qu’il tiendrait compte des critiques. Vous pouvez aussi venir lui parler pour offrir à votre tour vos conseils, ce n’est pas souvent qu’un vidéomakeur soit à l’écoute de son public (petite mention à leur page Facebook qui est très active).
J’espère que cette critique plus détaillée sera un peu plus comprise que la précédente. Dans tous les cas, un 1 (ou plutôt un 0) reste un 1…
Qu’importe.
J’ai dit ce que j’avais à dire.
Des bises.