La suite, bientôt...
Encore une de ces séries qui semblent exister uniquement parce qu'un budget a été débloqué. Alors on a une idée de base dans l'air du temps, une intrigue suffisante pour tenir une heure, des décors...
le 2 mai 2017
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Attention : cette critique contient un petit nombre d’éléments susceptibles de divulgacher (spoiler) une partie du scénario de la série.
Zone blanche est une série policière de 2 saisons, dont l'action se situe fictivement à Villefranche, grosse bourgade perdue au milieu d'une très grande et dense forêt. Comme l'indique le titre, il s'agit d'une région peu ou pas couverte par les réseaux de téléphonie. La ville est administrée par un maire dont la famille, les Steiner, constitue le clan dirigeant de la région. Petite et grandes affaires de délits ou de crimes s'y mêlent, rendant difficile la vie de la brigade de gendarmerie réduite, censée assurer la sécurité publique. Celle-ci est commandée par le major Laurène Weiss (Suliane Brahim, de la Comédie-Française), native de la région, mais à l'enfance troublée par un enlèvement qui constituera l'un des fils rouges de la série, et qui entretient une relation complexe avec le maire de la ville. Malgré le taux de crimes non élucidés plus élevé que la moyenne nationale, la vie plutôt paisible de la bourgade va connaître des moments difficiles, en grande partie en raison de l'arrivée d'un procureur maladroit mais clairvoyant (Laurent Capelutto) décidé à s'attaquer aux Steiner. Ceux-ci sont suspectés d'atteintes répétées à l'environnement. L'enquête, autre fil rouge de la série, prendra un tour criminel où se mêleront luttes d'influence locale, conflits familiaux, petite et grande tromperies.
La série est architecturée autour des 2 intrigues décrites plus haut, auxquels s'ajoutent des enquêtes connexes impliquant en certaines occasions les protagonistes principaux de la série. Parmi ceux-ci on retrouve les membres de la brigade de la gendarmerie, le lieutenant Martial Ferrandis, dit Nounours (Hubert Delattre), mais également l'adjudant Hermann (Renaud Rutten), ou la gendarme stagiaire Camille Laugier (Tiphaine Daviot). Egalement impliqués dans ces enquêtes, le médecin local faisant également fonction de légiste, ainsi que Sabine Hennequin (Brigitte Sy) gérante du bar l’Eldorado, et membre de la minorité s’opposant à la famille Weiss au conseil municipal...
Cette série n’est pas qu’une simple série policière puisqu’elle donne également dans le fantastique. La forêt se défend effectivement contre les agressions environnementales et elle héberge une ou des forces mystérieuses à l’origine d’événements inquiétants, et possiblement à l’origine des troubles de l’enfance du major Weiss.
Avec de tels éléments, cette série disposait de tous les ingrédients qui auraient permis d’en faire une excellente série, d’une atmosphère particulière. Tel n’est pas le cas, et il est difficile de dire précisément ce qui manque, ce qui fait défaut, bref ce qui motive cette opinion. L’image est assez belle même si la série use et abuse d’un traitement des couleurs où domine le glauque (au sens premier du terme), et des jeux de lumière impliquant les lampes torches des gendarmes assez « faciles ». Il ne s’agit pas non plus du jeu des acteurs, dont certains sont absolument remarquables tout au long des épisodes, tels Brigitte Sy (parfaite et mystérieuse), Renaud Rutten (très "roots" mais attachant), et Tiphaine Daviot (troublante), déjà cités. Peut ajouter à cette liste Anne Suarez qui joue le rôle de Léa Steiner, femme du maire. Sans que cela soit à porter au débit des acteurs et de leur qualité, on peut cependant s’interroger sur les rôles d’Hubert Delattre, second de la brigade considérant le major Weiss comme sa sœur, mais dont les préférences homosexuelles n’apportent rien à l’histoire. Une question centrale concerne le personnage principal de l’histoire, Laurène Weiss, qui cumule un certain nombre d’invraisemblances. Les premières sont d’ordre technique, puisqu'elle se retrouve très souvent seule dans des endroits dangereux, contrairement à toutes règles d'engagement des forces de l'ordre. Tout aussi invraisemblable est son implication dans des enquêtes concernant sa fille (jouée par Camille Aguilar), donc sa propre famille, et le fait qu’elle ait conduit toute sa carrière dans la brigade de Villefranche, deux événements totalement impossibles dans la vie réelle. En sus de ces éléments factuels, sa personnalité somme toute fragile rend sa présence à la tête de la brigade peu crédible, ceci dit sans la moindre trace de machisme.
Au titre de la narration, la saison 1 de la série paraît plus construite, plus crédible que la saison 2 au cours de laquelle des événements quasi-surnaturels se multiplient, principalement en forêt, donnant l’impression que le scénario s’égare. Dommage, car l’implication d’un groupe d’activistes écologistes et d’une fonctionnaire des services « anti-pollution » de l’Etat, Delphine Garnier (jouée par Marina Hands), apportait une source de complications et de rebondissements potentiels. Une certaine lenteur également dans la narration se fait sentir. Atypique de nos jours, elle aurait cependant pu être bienvenue si elle avait réussi à trouver son équilibre. Malheureusement, ceci n’est pas le cas et il ressort globalement de cette seconde saison une impression de délitement de l’histoire. Ce sentiment semble avoir été partagé par les téléspectateurs si l’on se réfère à la chute importante du nombre de personnes ayant visionné la série en première et seconde année, et à l’érosion de l’audience au cours de cette seconde année. À cette date (décembre 2020), il n’est donc pas certain que « zone blanche » se poursuive par la 3e et dernière saison envisagée par ses créateurs, ce qui laissera les téléspectateurs sur leur faim en regard des questions sans réponse posées par le dernier épisode.
Créée
le 18 déc. 2020
Critique lue 3.5K fois
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