Les meilleurs films de 2002 selon Marius Jouanny

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Parmi les mise en abyme du cinéma de Satoshi Kon, j'étais loin de me douter que Millennium Actress avait une place aussi importante, tant il s'agit de son film qui parle le plus explicitement de cinéma. Il pastiche les genres du cinéma japonais (du film de samouraïs à la romance en passant par Godzilla et les films de guerre il ne manque plus que le polar pour compléter le tableau) pour en retirer toute la force dramatique des motifs narratifs. Malgré sa narration éclatée, il s'avère donc plus accessible que Perfect Blue et Paprika, mais il n'en est pas moins vertigineux par son rythme et l'univers passionnant qu'il déploie. Et puis, quel bonheur de le découvrir au cinéma !

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"Adaptation" a exactement le même défaut que "Dans la peau de John Malkovich" qui le rend tout autant sous-estimé : sa narration foisonnante et foutraque rend les situations narratives difficile à accepter et un peu bancale sur le plan rythmique. Pour le reste, quel trésor d'inventivité ! Kaufman et Jonze proposent l'une des mise en abyme parmi les plus radicales et drôles du cinéma, dont tous les rejetons grand publics actuels ne sont que l'ersatz. Scénario impossible à résumer, cet "Adaptation" pousse très loin l'autodérision autofictionnelle de Kaufman qui s'imagine en scénariste trentenaire frustré et incapable d'amorcer la moindre relation sociale. Que dire si ce n'est qu'on a affaire à l'un des rôles les plus délirants de Nicolas Cage (et ce n'est pas peu dire !) et à une réflexion dialectique sur la création esthétique (et son idéal) qui ne manque pas d'être désamorcée par l'humour (la fin, notamment) pour que le film ne reste pas trop théorique. C'est bancal sur beaucoup d'aspect, mais la fraîcheur emporte le reste sur son passage, tant le métrage redouble à chaque instant d'idées d'écriture et de mise en scène.

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Avec un scénario clairement peu consistant et on ne peut plus classique qui le range sans ambiguïté dans la catégorie des comédies romantiques américaines, Punch Drunk Love fait des miracles. L'histoire d'amour entre deux êtres asociaux est vue et revue, le conflit en toile de fond assez peu crédible, et pourtant la mise en scène virtuose de PTA rend tout cela passionnant.

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C'est foutrement tape-à-l’œil et parfois à la limite du kitsch, inutile de le nier. Il y a un gros manque d'écriture et de présence de certains personnages, en particulier le meilleur pote du héros, inutile de le nier aussi. Pourtant, tout cela n'occulte pas la force d'une fresque qui est peut-être la plus ambitieuse de Scorsese. Ce n'est pas étonnant qu'il ai voulu en faire une trilogie. En revenant sur l'épisode le plus violent de l'histoire de New-York au XIXème (JC Chandor a d'ailleurs fait pareil pour le XXème dans "A Most Violent Year) Scorsese veut trouver l'origine des pulsions de mort de l'Amérique. La figure du boucher est dans cette logique très marquante. Certes, il donne des représentations exagérées, mais le cinéaste a toujours préféré le mythe à la réalité. Et là, en terme de mythe nietzschéen sur la volonté de puissance et la haine de l'altérité, ça se pose là. Un peu de plus et Scorsese faisait son western !

Annotation :

Rétrospectivement, il est étonnant de constater les similitudes entre ce film et "Le Voyage de Chihiro", le Ghibli précédent. Dans les thèmes et la structure narrative, on assiste à une certaine redite, bien plus immature, mais qui ne manque pas de charme. Ce grâce à l'univers visuel, à la belle construction du personnage principal... Ils ont eu le bon goût d'en faire un film assez court, révélant ses ambitions moindres. Mais du coup, tout tient parfaitement la route.