Les meilleurs films de 2018 selon Charles Dubois

Annotation :

Une histoire d'amour et de désir, de découverte de soi et de l'autre, d'apprentissage et d'émancipation. Ou comment, dans le souffle chaud d'un été interminable, un garçon devient, non sans douleur, un homme.
C'est beau, c'est puissament joué (Timothée Chalamet est une révélation absolue, mais le moindre rôle, notamment Michael Stuhlbarg, surprenant en père), écrit à la perfection.
Avec une sensibilité sans égal, le film dit tout sans trop dire, le moindre mot devient parfait, et montre tout sans trop montrer.
Rien à rajouter.

Annotation :

Derrière une histoire tragique, Martin McDonagh signe un film chorale qui dresse avec autant de froideur, d'émotions et d'ironie un portrait puissant de l'Amérique contemporaine. Si Frances McDormand est l'héroïne, elle n'en est pour autant pas le personnage principal, laissant ainsi aux autres comédiens de réaliser de sublimes performances, notamment Woody Harrelson qui, en quelques minutes, trouve l'un de ses plus grands rôles.
Mais c'est dans le mélange de ton, tout "coenien", que Three Billboards trouve son génie, allant de la violence froide (la vengeance qui va trop loin) à l'humour potache, de la terreur, du thriller, à la chronique familiale et à la comédie. Une indéniable réussite.

Annotation :

Concert virevoltant, qui permet à Nick Cave, plus messianique que jamais, de montrer son talent de metteur en transe, et aux Bad Seeds de dévoiler leur talent immense, tous multi-instrumentistes, au gré des sons intimes de l'album Skeleton Tree et des classiques de l'Australien.

Annotation :

Un documentaire passionant, au plus près de ce personnage important de la scène politique française. On y découvre une face imprévisible et émouvante de JLM. Mais c'est aussi pour sa relecture de la récente campagne électorale qui passionne le plus ; on s'y prend à revivre cela, haletant, comme si la fin pouvait en être changée... !

Annotation :

Spielberg livre ici le divertissement parfait. 2h20 qui filent à toute allure, une accumulation de scènes toutes plus dantesques les unes que les autres, des idées originales qui fusent dans tous les coins.
Ce qui pèche, c'est que la partie jeux-vidéo est si monstrueusement bien faite, pleine d'enjeux et de péripéties, de références et d'hommage (la scène DANS Shining, techniquement renversante) que celle dans le réel devient morose, lisse, avec des personnages non plus virtuels mais à présent bien réels ayant perdu toute leur saveur, et des enjeux minimes (que dire de la poursuite finale en fourgon quand on a vécu une course de voiture épique et tonitruante en début de film ?).
En plus de nous divertir avec brio pendant 2h20 qui filent à toute vitesse, Spielberg se permet une mise en abîme de sa propre carrière au gré des trois personnages principaux du film...
Le créateur (James Halliday) à qui le monde entier doit un pan majeur de sa culture, confronté aujourd'hui à son propre héritage et à la passation de celui-ci, le jeu héros, ce jeune geek mal à l'aise avec sa vie qui trouve son compte dans la réalisation d'univers parallèles et le méchant, industriel poussé par le désir de rentabilisation (le Spielberg commercial, quitte à se perdre lui-même).
Passionant !

Annotation :

Un western puissant qui compense ses faiblesses scénaristiques par l'interprétation monumentale de son acteur principal Christian Bale, dont le personnage éclipse celui malheureusement mal utilisé de Rosamund Pike, en retrait.
Nimbé dans une lumière crépusculaire, servie par une photographie tout simplement sublime, la lenteur du scénario et le peu de personnages permettent au film de se développer avec force sur la longueur, le tout bercé par la bande originale (comme toujours chez lui) magnifique de Max Richter.
Un film solide et émouvant.

Annotation :

S'il est trop long de peut-être 10 minutes (le coeur du film patine et se perd en péripéties meublantes), The Guilty marque par l'intelligence de sa mise en scène (malgré un dernier plan trop américain sans sa vision du héros repenti) et son impressionante maîtrise. Expérience de cinéma unique, merveilleusement interprétée par Jakob Cedergren (révélation à l'international), le film réussit à réalier tous les fantasmes de Hitchcock et De Palma, le tout avec la froideur et la classe des thrillers danois, décidément les meilleurs.
Un coup de poing intelligent.

Annotation :

Récit d'un amour impossible dans une famille de juifs anglais très pratiquants, le film se construit avec classicisme mais permet la confrontation d'un trio d'acteur impressionnant (alchimie parfaite entre ces trois acteurs que l'on aurait pas soupçonnée).
Filmé avec vivacité autant qu'avec douceur, dans les couleurs d'un hiver anglais dans lequel on a envie de se lover, et rythmé par les Cure, ce drame intense et beau est une agréable surprise.

Annotation :

Steven Soderbergh sait se renouveller, et le montre avec ce nouveau film.
Lui qui ne cesse de dire aurevoir au cinéma pour sans cesse y revenir est friand d'expérience, et en livre une intense avec ce Paranoïa, dont on ne sait trop s'il est à prendre au sérieux ou avec humour. Oscillant entre série B (la musique, le générique final est clairement trop outrancier pour être sérieusement pris) ou horreur, entre thriller et, de par les saillies humoristiques surprenantes, comédie, Paranoïa prouve le talent multiforme de son réalisateur.
Filmé à l'iphone (ce qui procure à l'image une pureté troublante, offrant des plans et des couleurs jamais vus au cinéma), ce thriller ne cesse de surprendre et dérouter, autant plongée dans une âme torturée que film de complot ou horreur polanskienne.
Surprenant de bout en bout.