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Les meilleurs films de 2023 selon Alfred Tordu
Pour voir mon Flop 2023 : https://www.senscritique.com/liste/les_pires_films_de_2023/3720836
Basé sur les 50 films que j'ai vu au cours de l'année.
15 films
créée il y a environ 1 an · modifiée il y a 3 moisBabylon (2022)
3 h 09 min. Sortie : 18 janvier 2023 (France). Comédie dramatique, Historique
Film de Damien Chazelle
Alfred Tordu a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Que ceux qui craignaient un énième rise & fall taillé pour les oscars se rassurent. Le dernier chef d’œuvre de Damien Chazelle se révèle beaucoup moins conventionnel qu'il n'en a l'air.
Contrairement à la plupart des films du même genre, les protagonistes ne sont cette fois pas les acteurs de leur propre déchéance. Ils ne font que subir le chamboulement d'une industrie hollywoodienne en pleine mutation depuis l'arrivée de la captation sonore, imposant à des artistes décadents issus du music-all, une discipline de travail beaucoup plus rigoureuse, ainsi qu'une ouverture vers un nouveau public de bourgeois voyant d'un mauvais œil le mode de vie débauché de ces starlettes du muet. Dès lors, leur personnalité atypique qui était jusque-là un atout essentiel, devient brutalement une tare à corriger au plus vite pour perdurer dans le milieu.
Après seulement 3 films. Chazelle nous livre déjà un brillant film testament dans lequel il questionne son statut d'artiste, se demandant ce qu'il adviendra de son œuvre lorsque celle-ci ne sera plus en phase avec son temps. Le réalisateur rappelle ainsi que chaque long-métrage est le produit d'une époque, d'un système de production découlant lui-même d'un état d'esprit particulier voué à s'estomper un jour où l'autre. Que le cinéma dépasse les individualités de ceux qui le font vivre et que, lui seul, survira aux affres du temps qui passe en s'adaptant aux évolutions techniques et sociétales de l'histoire.
Un constat amer, rendu d'autant plus pertinent par l'approche de Damien Chazelle, s'évertuant à restituer le contexte dans lequel prend place le récit, afin que cette bascule vers une nouvelle ère soit aussi palpable pour nous qu'elle ne l'ait pour les personnages. Le tout évidemment emballé dans une gigantesque comédie populaire à la mise en scène baroque, et dont l'humour trash renoue avec l'esprit du muet burlesque des années 10 tant vanté par le long-métrage.
Je n'avais pas vu un spectacle de 3h aussi bien rythmé, drôle et profond depuis Le Loup de Wall Street en 2013. Si vous avez encore l'occasion de le voir en salle, n'hésitez pas une seule seconde. Ce film ne mérite pas les critiques injustes que j'ai pu lire à son sujet et encore moins le four monumental qu'il s'est tapé aux USA.
The Oldest View (2023)
46 min. Sortie : 8 octobre 2023 (États-Unis). Épouvante-Horreur
Moyen-métrage de Kane Parsons (Kane Pixels)
Alfred Tordu a mis 10/10.
Annotation :
Cette note s'applique à l'ensemble du projet The Oldest Wiew et pas uniquement à la vidéo de 46 minutes, dont l'éclatante réussite artistique est indissociable de tous les éléments extérieurs qui y sont associés.
En soit, le court-métrage est un excellent found footage, au concept simple mais imparable du mec lambda prisonnier d'un environnement terrifiant, dans lequel rode une menaçante créature qui lui voudrait apparemment du mal. J'ai ressenti une véritable frayeur au visionnage, ce qu’aucun film d'horreur n’avait réussit à me provoquer depuis facile 10 ans. Un tour de force que l'on doit évidemment à une esthétique réaliste, apportant beaucoup de crédibilité au récit, mais aussi à ce centre commercial plus vrai que nature et entièrement vide, dont les multiples bizarreries en font un terreau fertile d'angoisse et d’effroi.
Le film est suffisamment intriguant pour nous donner envie de percer à jour son mystère, et c’est de ce besoin de réponses qui le dotera d'une profondeur insoupçonnée. Car le lore de cette fiction repose en effet sur une histoire réelle ; celle de Julien Reverchon, un botaniste français auquel une galerie d’art a voulu rendre hommage en construisant une statue à son effigie ; statue qui sera ensuite exposée près de la galerie, dans un centre commercial de Dallas, et ce jusqu’à la destruction de ce dernier en 2020. Ainsi, en utilisant les codes narratifs des ARG, le réalisateur incite ses viewers à découvrir l'histoire d'un botaniste, d'une galerie d’art et d'un centre commercial aujourd’hui tombés dans l’oubli, et qui le seraient sûrement restés sans la mise en ligne de ce brillant court-métrage. De la même manière que la statue a fait perpétuer la mémoire du botaniste à travers les âges, The Oldest View remplie indirectement la même mission, en faisant perdurer le souvenir de cette figure historique, de son hommage artistique et du sanctuaire dans lequel il a prit place durant toutes ces années.
Aussi, non content d'être un film horreur diablement efficace s’appuyant intelligemment sur un passé bien réel, le projet devient également une œuvre méta sur la notion même de transmission culturelle, nous amenant naturellement à nous questionner sur les affres inaltérables du temps qui passe, et sur la manière dont notre passé peut perdurer en étant rapproprié par les générations suivantes.
Je verrai toujours vos visages (2023)
1 h 58 min. Sortie : 29 mars 2023. Drame
Film de Jeanne Herry
Alfred Tordu a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
A l'heure où la moitié de la population française se dit favorable à la peine de mort, ça fait plaisir de voir une telle ode à la justice réparatrice rencontrer son petit succès en salle.
Je verrais toujours vos visages raconte ainsi le fonctionnement d'une association à but non-lucrative, permettant à des victimes de viols, cambriolages ou agressions en tout genre, de rencontrer des détenus incarcérés pour des méfaits similaires, afin de donner la possibilité aux criminels de comprendre la gravité de leurs actes, aider les victimes à surmonter leur traumatisme, ou permettre à ces derniers une rencontre sécurisée avec leurs propres agresseurs après leur sortie de prison.
Le sujet laissait présager d'un film lourd et misérabiliste, or, c'est tout le contraire qui se produit. Malgré la teneur dramatique de l’ensemble, la réalisatrice s'autorise une certaine légèreté dans les conversations entre ses personnages, crédibilisant par la même la nature de leurs échanges et rendant de fait moins pesante la gravité générale du récit. Comme dans un film d'Eric Toledano & Olivier Nakache, les dialogues parviennent toujours à trouver le mot juste et la bonne formulation pour exprimer avec drôlerie, pertinence ou vérité, les sentiments complexes éprouvés par les protagonistes.
En outre, le dispositif filmique, très simple en apparence, met parfaitement en valeur les deux éléments fondamentaux du long-métrage que sont : La Parole et L'Ecoute. La réalisatrice peut alors capturer chaque détail corporel du personnage à l'écran, laissant entrevoir l'émotion que ce dernier aurait à prendre la parole ou à écouter celle de l'autre ; le moindre regard fuyant, le plus petit haussement d'épaule ou même un début de larmes coulant sur un visage pourtant remarquablement impassible. Mais aussi les sourires, les petits échanges anodins entre détenus et victimes, ou tout autre élément actant le rapprochement entre ces deux types d'individus ayant toutes les raisons de se détester mais qui, à force de converser, apprennent à se comprendre et à s'apprécier.
Ce souci du détail, couplé à la qualité d'écriture, ainsi qu'à l'exceptionnelle prestation des comédiens, tous littéralement habités par leur rôle, dégagent une puissante sensation d'authenticité rendant le film incroyablement juste et émouvant.
Anatomie d'une chute (2023)
2 h 30 min. Sortie : 23 août 2023. Drame, Policier, Thriller
Film de Justine Triet
Alfred Tordu a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Avis Complet :
https://old.senscritique.com/film/anatomie_d_une_chute/critique/289596193
Beau is Afraid (2023)
2 h 59 min. Sortie : 26 avril 2023 (France). Drame, Épouvante-Horreur, Fantastique
Film de Ari Aster
Alfred Tordu a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Beau is Afraid se veut être la thérapie filmique de son réalisateur. On peut considérer la démarche nombriliste, mais impossible d'en nier la sincérité. Aster ne cherche pas à se complaire dans un style auteurisant pour se faire mousser par les bobo cinéphiles amateurs "d'horreur élevée", mais entend bien exorciser ses démons intérieurs à travers un récit allégorique, à mi-chemin entre le surréalisme d'un Luis Bunuel et l'humour malaisant d'un Quentin Dupieux.
Malgré l'absurdité hilarante des situations dépeintes à l'écran, Aster choisit d'embrasser pleinement le point de vue horrifié de son héros, ce par le biais d'une mise en scène pesante, réutilisant à foison des codes propres au cinéma d'épouvante, déjà à l’œuvre dans les précédentes réalisations du bonhomme. Le contraste saisissant entre la drôlerie du scénario et la teneur horrifique de son traitement crée un sentiment particulier chez le spectateur, invité à prendre du recul sur ce qu'il voit, voire à se moquer des mésaventures de Beau, tout en ressentant néanmoins la souffrance psychique de ce dernier et, par extension, celle du metteur en scène.
Si les problèmes relationnels de Beau et sa relation toxique avec une maman poule sont développés tout au long du métrage, le film se segmente en 4 parties bien distinctes, chacune construite comme un petit court-métrage à part entière et racontant toutes une étape dans l'évolution du personnage. La 1er partie évoque ainsi l'agoraphobie de Beau et son incapacité à affronter le monde extérieur. La 2ème aborde sa douloureuse reconstruction dans une famille d’accueil/hôpital psychiatrique. La 3ème met en scène sa prise de conscience par le biais de la fiction, et la dernière le montre enfin tenter de faire face à ses problèmes, quitte à en subir les conséquences.
Alors oui, toutes les parties ne se valent pas forcément. Oui, le film est peut-être un peu inégal et souffre de plusieurs boursouflures, mais il s'en dégage un tel sentiment d'inventivité, de maitrise et d'authenticité dans la démarche, qu'il m'est impossible d'y rester insensible. Peut-être parce que je partage avec Ari Aster quelques névroses communes, ainsi qu'un certain goût pour l'humour malaisant, mais j'ai senti ce qu'il essayait de raconter avec son épopée onirique de 3h, j'ai compris pourquoi il l'avait exprimé de cette manière et, en cela, je trouve la démarche extrêmement réussie.
Yannick (2023)
1 h 07 min. Sortie : 2 août 2023. Comédie
Film de Quentin Dupieux (Mr. Oizo)
Alfred Tordu a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Concept brillant mais extrêmement casse-gueule que Dupieux manie néanmoins avec brio dans ces 1h07 de huis clos théâtrale hilarant et parfaitement ficelé. Le film tient uniquement sur la précision de son tempo comique et sur l'extraordinaire performance de ses comédiens, en particulier celle de Raphael Quenard, véritable réincarnation de Depardieu période Blier, qui s'attire immédiatement la sympathie du public (fictif comme réel) et fait de son personnage un être plus complexe qu'au premier abord, éminemment sensible et tragique, alors qu'il aurait pu se contenter d'en faire un fieffé connard unidimensionnel.
Difficile d'ailleurs de ne pas y voir un alter ego du réalisateur lui-même, s’insurgeant contre la comédie française moribonde et prenant en otages ses têtes d'affiche pour leur faire déclamer (à la virgule près) des textes bizarres, pétris d'amateurisme, mais remplis de sincérité et de poésie involontaire.
Sauf qu'avec Yannick, le cinéaste signe là son film le plus accessible. Délaissant son habituel surréalisme absurde, au profit d'un récit plus 1er degré, sans pour autant y perdre l'originalité et la fantaisie qui font le sel de toute son œuvre. Chacun y trouvera son compte et j'invite chaleureusement tous mes éclaireurs à le voir en salle !
Élémentaire (2023)
Elemental
1 h 42 min. Sortie : 21 juin 2023 (France). Comédie, Romance, Drame
Long-métrage d'animation de Peter Sohn
Alfred Tordu a mis 7/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Avis complet :
https://old.senscritique.com/film/elementaire/critique/279477537
Spider-Man: Across the Spider-Verse (2023)
2 h 20 min. Sortie : 31 mai 2023 (France). Action, Aventure, Science-fiction
Long-métrage d'animation de Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin K. Thompson
Alfred Tordu a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
5 ans après avoir imposé leurs codes esthétiques à toute l'industrie de l'animation ricaine et lancer la mode du multivers dans le divertissement mainstream, les équipes de Sony Animation viennent une nouvelle fois de mettre à l'amende tous leurs principaux concurrents. Repoussant encore plus loin les limites de l'animation en images de synthèses, et démontrant au passage combien ce support reste le meilleur moyen pour retranscrire cinématographiquement les spécificités esthétiques du comics, ou pour mettre en scène une histoire reposant sur le concept de multivers.
Il me faudra au moins une dizaine de visionnages pour saisir toute la richesse artistique de cet extraordinaire long-métrage à la mise en scène sensitive, toujours en mouvement et faisant sans cesse cohabiter une multitude d'animations, de designs ou de codes visuels issus d'un milliard d'univers aux styles radicalement différents. Tout ceci dans un seul but : confronter Miles Morales aux conséquences de ses actes et l'obliger à affronter la figure imposante de ses illustres modèles. Lui qui avait pourtant passer le précédent film à apprendre d'eux pour finalement accepter d'endosser le costume de Spider-Man, va désormais devoir combattre ses mentors pour enfin s'affirmer comme le super-héros qu'il a choisit devenir.
De passionnantes thématiques qui n'atteindront malheureusement aucune résolution dans ce deuxième opus. Car oui, si vous l'aviez oublié, et c'est bien normale vu que la promo récente du film a soigneusement éludé cette i,formation, mais Across the Spiderverse n'est en réalité que la première partie d'un diptyque, dont la seconde devrait (logiquement) sortir l'année suivante. Un premier acte faisant plus office de longue exposition et se terminant là où l'histoire devrait logiquement commencer, sur un cliffanger bien putassier digne des pires séries TV des années 2000.
Et j'aurais pu accepté ce choix narratif si je sentais que l'histoire dans sa globalité justifiait réellement les 2 films de 2h20 qui lui serait consacrée. Mais au vu des nombreuses longueurs de Across the Spider-Verse, je pense plutôt qu'ils ont choisit de rallonger artificiellement leur scénario pour le faire tenir sur 4h40, au lieu d'y consacrer un seul gros film de 3h.
L'avantage, c'est que l'équipe a pu se faire plaisir, et heureusement que le film est suffisamment généreux en terme d'action, d'humour et de folie visuelle en tous genres pour nous faire passer la pilule.
Oppenheimer (2023)
3 h. Sortie : 19 juillet 2023 (France). Biopic, Drame, Historique
Film de Christopher Nolan
Alfred Tordu a mis 7/10.
Annotation :
J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans le film au début. Puis, en s'habituant au rythme sur-vitaminé et en comprenant progressivement les enjeux du récit, j'ai finis complètement captivé par la conception de cette bombe atomique et par les questionnements scientifiques ou politiques qu'elle soulève. Au point de retenir mon souffle comme les protagonistes, lors de cette époustouflante séquence d'essai nucléaire, où la tension monte peu à peu jusqu'à l'explosion finale, alors même que nous en connaissons par avance le résultat.
Le traitement d'Oppenheimer par Nolan se révèle également assez intéressant. Matérialisant parfaitement sa culpabilité à l'écran, notamment au cours d'une scène hallucinée où le scientifique imagine les conséquences de sa bombe A sur le peuple américain ; mais sans pour autant occulter sa responsabilité dans ce funeste projet qu'il a bel et bien mené à son terme en toute connaissance de cause, et avec la volonté assumée de démontrer aux yeux du monde la pleine puissance de son armement.
Dommage que le réalisateur s'enquiquine avec une narration éclatée entre plusieurs temporalités qui, en dehors de quelques séquences où le montage alterné est effectivement riche de sens et de tension, n'apporte finalement pas grand-chose au long-métrage, si ce n'est encore plus de confusion superflue.
Avec une narration plus simple, jouant sur moins de temporalités à la fois, Oppenheimer aurait gagné en clarté et m'aurait permis d'être sûrement plus investi dès le début. Car l'histoire en elle-même est suffisamment bien écrite pour captiver le spectateur. Mais c'est comme Nolan c'était senti obligé de complexifier inutilement son film, afin de rajouter artificiellement de l'épaisseur à un film historique dans le fond assez simple, voire même académique.
Mais peut-être est-ce dû à des impératifs de production. Aux yeux d'Universal, le dernier Christopher Nolan ne peut pas être un simple Biopic bien réalisé. Il doit forcément être une expérience de cinéma innovante et sensorielle d'une inventivité devant justifier d'être vu sur grand écran. Et c'est peut-être pour cette raison qu'un film composé majoritairement de personnages discutant dans des bureaux en plans serrés, se retrouve produit comme un gros blockbuster à 200 millions de patates tourné en Imax.
The Fabelmans (2022)
2 h 31 min. Sortie : 22 février 2023 (France). Drame, Biopic
Film de Steven Spielberg
Alfred Tordu a mis 7/10.
Annotation :
Tout bon fan de Steven Spielberg ne peut qu’éprouver un bonheur immense à voir son cinéaste préféré découvrir devant ses yeux le pouvoir des images, apprendre la manière de les concevoir, observer la réaction qu'elle suscite sur le public et comprendre comment s'en servir comme redoutable moyen d'expression artistique. Mais il y a tout de même toujours quelque chose d'assez gênant à voir un réalisateur façonner ainsi sa propre légende, surtout quand celui-ci ne tarit pas d'éloges sur son propre travail. Difficile par exemple de croire que ses premiers courts-métrages réalisés entre 12 et 18 ans étaient déjà de petits chefs d’œuvres débordant de maîtrise alors que, ce qui est attendrissant dans les premiers travaux des cinéastes légendaires, c'est justement d'y déceler les quelques éclairs de génie, noyés sous une tonne de défauts dû au manque d’expérience.
Fort heureusement, le véritable intérêt de cette autobiographie fabulée ne se trouve pas là. Car en s'attardant à ce point sur la séparation de ses parents, le drame de son enfance, événement matriciel de toute son œuvre, Spielberg fait ce qu'il n'avait jusqu'ici effectué que de manière indirecte ou inconsciente. Il utilise son art comme catharsis à ses vieux traumas, faire la paix avec son passé, et plus intimement avec toutes les personnes qui lui sont chères et qu'il a l'impression d'avoir pu blesser durant sa jeunesse.
Le véritable intérêt de The Fablemans n'est donc pas tant de suivre le parcours du jeune Spielberg, mais bien d'observer la manière qu'il a de le raconter, ce qu'il choisit d'y omettre ou d'y rajouter et qu'est ce que ces choix narratifs disent sur le regard que porte le cinéaste sur sa propre histoire.
Et étant intimement habité par son sujet, il sait précisément comment mettre en scène ces moments de vie réels ou fantasmés, afin d'en ressortir toute l'émotion et le sens qu'ils revêtent à ses yeux. Sublimant par la même ce qui n'est en soit, rien d'autre qu'une histoire de famille assez banale, portés par des personnages très caricaturaux et au scénario hyper balourd, surlignant au marqueur un propos méta-textuel que la réalisation à elle seule racontait déjà parfaitement.
Linda veut du poulet ! (2023)
1 h 16 min. Sortie : 18 octobre 2023. Animation, Comédie, Jeunesse
Long-métrage d'animation de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach
Alfred Tordu a mis 7/10.
Annotation :
La splendide direction artistique avec son harmonieux mélange de couleurs éclatantes et ses représentations graphiques minimalistes, dont chaque coup de pinceau est perceptible à l'écran ; donne l'agréable sensation d'observer un tableau de figuration libre prendre vie sous nos yeux, ce qui, vu mon affection pour ce courant artistique, n'est évidemment pas pour me déplaire.
Mais au-delà de sa forme ô combien singulière, le film est avant tout une pure comédie burlesque pour petits et grands, sur fond d'acceptation du deuil, et qui prend place dans une banlieue défavorisée vu sous un regard positif, loin des représentations caricaturales habituelles du cinéma français. Tout comme dans les aventures du Petit Nicolas, celle de Linda part d'une intrigue simple qui va progressivement s'étoffer par des détails et des personnages truculents, rendant la situation de plus en plus explosive.
La folie du script ne l'empêche pas d'être très bien ficelé, avec une progression scénaristique parfaitement gérée, ainsi que la mise en place d'une multitude d'éléments en apparence anodins, mais qui trouveront tous leur utilité en temps et en heure au sein du récit. Certes, l'humour aurait peut-être gagné à avoir un rythme un peu plus soutenu ou une animation un peu plus dynamique, histoire d'appuyer la dimension cartoonesque de l'intrigue. Mais d'un autre côté, je ne sais si cela aurait été comptable avec les partis pris esthétiques de l'ensemble.
Mon crime (2022)
1 h 42 min. Sortie : 8 mars 2023. Comédie, Policier
Film de François Ozon
Alfred Tordu a mis 7/10.
Annotation :
Superbe comédie de boulevard pastichant à merveille le cinéma de papa des années 30-40. Je vois déjà certains pisse-froids critiquer le jeu théâtral des comédiens, oubliant que la théâtralité assumée du long-métrage en constitue sa principale force, et qu'un jeu plus naturel desservirait grandement l’efficacité des dialogues ainsi que le tempo comique du scénario.
Certes, les deux premiers rôles féminins sont peut-être un chouia mécanique dans leurs interprétations, mais celles-ci sont largement compensées par la myriade de seconds couteaux tous plus excellents les uns que les autres. Mention spéciale à Fabrice Luchini et la légendaire Isabelle Huppert dans un fabuleux contre emploi.
Maintenant, le fond idéologique de "Mon Crime" pose tout de même question. Même si le film dépeint ses deux héroïnes comme victimes d'une société patriarcale les incitant à faire preuve de fourberie pour inverser le rapport de force, la seconde partie tend à montrer les dérives d'une trop grande sacralisation la souffrance féminine. Un parti prit qui n'est clairement pas anodin à une époque comme la nôtre.
Heureusement que c'est fait avec suffisamment de malice et d'ingéniosité pour ne pas être trop dérangeant.
Mon ami robot (2023)
Robot Dreams
1 h 42 min. Sortie : 27 décembre 2023 (France). Animation, Comédie dramatique, Jeunesse
Long-métrage d'animation de Pablo Berger
Alfred Tordu a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Histoire d’amour contrariée entre un petit chien solitaire et un grand robot candide au cœur tendre dans le New York des années 90.
A l’instar de Blancanieves, précédent long-métrage de Pablo Berger, Mon Ami Robot prend des allures de contes pour enfants à l’ancienne. Malgré la légèreté du récit, l’émerveillement le plus complet y côtoie souvent l’horreur la plus abominable. Le film a beau revêtir tous les apparats du dessin animé idéal pour le très jeune public (histoire muette, animation 2D, DA enfantine aux couleurs chatoyantes…) il fourmille d’éléments saugrenus, poétiques, voire malaisants qui le rendent unique et marqueront certainement les bambins ayant eu la chance de le voir en salle.
Dommage que le film se perde un peu à mi parcourt, occasionnant un ventre mou cyclique et répétitif. Certaines péripéties sont franchement dispensables, mais permettent au moins d’acter le temps infini que passe les deux tourtereaux loin de l’autre, languissant de pouvoir se retrouver, alors que l’univers tout entier semble en avoir décidé autrement. C’est ce travail sur le ton long qui donne au dernier tiers toute son intensité.
Suzume (2022)
Suzume no tojimari
2 h 02 min. Sortie : 12 avril 2023 (France). Animation, Aventure, Fantastique
Long-métrage d'animation de Makoto Shinkai
Alfred Tordu a mis 6/10.
Annotation :
J'aime beaucoup la première partie. Ce road trip à travers tout le Japon, cet étudiant magicien transformé en chaise et toutes les situations cocasses que cela occasionne, sans oublier ces superbes séquences d'action où nos deux héros doivent combattre des monstres lovecratiens dans des environnements urbains plus vrai que nature. Malheureusement, j'ai commencé à décrocher à partir du moment où la résurrection de la chaise humaine est devenue l'enjeu principal du récit. Pour moi, cela s'explique par le manque de consistance dans la relation entre Suzume et son love interest Sota.
Tout dans le scénario semble indiquer un rapport d'élève à professeur, ce qui serait d'autant plus cohérent avec les aspirations professionnelles de Sota et rendrait moins cringe l'énorme différence d'âge entre les eux personnages. Pourtant, Shinkai choisit de traiter cette relation comme une romance et ce par de grossiers artifices tel que : Suzume tombant in love de Sota au premier regard, qui l’embrasse pour le réveiller lorsque celui-ci semble être absent, ou qui se comporte dans la 2ème partie comme si elle venait de perdre l'amour de sa vie, sans qu'il n'y ait eu le moindre rapprochement intime ou amical entre les deux. L'histoire d'amour m’apparait alors terriblement artificielle et difficile d'être pleinement ému par un film sans arriver à croire à son cœur émotionnel.
Idem pour l'arc personnel de Suzume. On comprendre que cette dernière doit faire la paix avec son passé traumatique et accepter la mort de sa mère, mais ce deuil ne me semble pas suffisamment corrélé au reste de l'intrigue pour véritablement m'émouvoir. De même, je vois bien que les dégâts provoqués par les monstres font échos aux catastrophes naturelles meurtrières au Japon, en particulier celle de Fukushima. Sauf que, à part pour le clin d'oeil, je n'ai pas l'impression que le film ait quoi que ce soit à dire sur ce sujet ou ce qui l'englobe.
Tout cela fait que j'ai eu beaucoup de mal à être pris par la dernière partie, et surtout par son final grandiloquent qui fait pourtant tout ce qu'il peut pour me faire verser une larmichette, sans succès. Finalement, et même en réussissant largement plus son histoire d'amour, Suzume m'a laissé le même sentiment que devant Your Name. J'ai passé un bon moment devant un film bien raconté et incroyablement bien réalisé mais, en définitif, je n'en tire pas grand chose et d'ici quelques jours, je l'aurais déjà probablement oublié.
Clothilde dans l'alliance (2023)
Clothilde dans l'alliance
1 h 35 min. Sortie : 13 mars 2023. Politique, Portrait, Société
Documentaire de Simon Baïchou-Rose et Antoine Personnaz
Alfred Tordu a mis 6/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Avis Complet :
senscritique.com/film/clothilde_dans_l_alliance/critique/286801805