SensCritique
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24 films

créée il y a 11 mois · modifiée il y a 7 jours
Les Graines du figuier sauvage
7.6
1.

Les Graines du figuier sauvage (2024)

Daneh Anjeer Moghadas

2 h 46 min. Sortie : 18 septembre 2024 (France). Drame

Film de Mohammad Rasoulof

Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Grosse grosse claque, avec ce long métrage implacable, impressionnant de maîtrise. Mohammad Rasoulof a non seulement du cran et un sacré courage, qui force le respect. Mais c'est en plus un cinéaste doué, qui filme avec talent la désagrégation d'une famille et d'un pays, l'Iran, qui s'autodétruit et tue sa population sous le joug des mollahs, dans un déluge de violence... Et en même temps, Rasoulof filme l'espoir. Celui que portent des femmes, mêmes des enfants, et des hommes, qui se battent pour leur liberté et leur dignité...

C'est un film dur, réaliste, et en même temps humain, montrant toutes les contradictions d'un régime qui monte les Iraniens les uns contre les autres, jusque dans les familles, dans une logique patriarcale, brutale et rétrograde...

La situation en Iran a paru un temps donner de l'espoir avec le mouvement Femmes Vie Liberté, mais la répression s'abat toujours plus violemment... Le courage de ces gens est incroyable, inimaginable pour nous Français, qui nous plaignons de tout...

Il est d'ailleurs remarquable et éloquent que les deux héroïnes de ce films soient deux adolescentes, pleines d'audace. Espérons que le régime théocratique iranien tombe enfin, que ce peuple héroïque puisse goûter pleinement à cette liberté tant méritée...

Dahomey
6.8
2.

Dahomey (2024)

1 h 08 min. Sortie : 11 septembre 2024 (France). Société

Documentaire de Mati Diop

Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Quel film ! Mati Diop livre un long métrage remarquable, une œuvre hybride qui déconcerte aussi bien la critique que le public (quoi, ce n'est ni un documentaire ni une fiction, mais les deux, et bien plus encore ?!).

La cinéaste franco-sénégalaise réalise le film qu'il fallait faire sur le processus de restitution des œuvres d'art pillées par les occidentaux en Afrique, processus qui commence à peine, et qui charrie beaucoup débats, mais qui ouvre aussi à beaucoup d'espoir.

Dahomey n'est pas une œuvre didactique, comme pourrait l'être un simple documentaire télévisé. C'est un beau film de cinéma, à l'esthétique très travaillée, mais aussi et avant tout un film politique et sociologique.

Mati Diop, pour l'occasion, a lancé un débat dans une université béninoise, donnant la parole à de jeunes étudiants du Bénin, au sujet de cette restitution. Un passage passionnant et intellectuellement très stimulant (humainement aussi).

J'ai également beaucoup apprécié la sensibilité de ce film et de son autrice-réalisatrice, qui s'exprime notamment par cette statue majestueuse qui prend plusieurs fois la parole, du fin fond des siècles et dans notre monde d'aujourd'hui. Dahomey est un film magnifique, primé à raison par un Ours d'Or du meilleur film au dernier Festival de Berlin.

Green Border
7
3.

Green Border (2023)

Zielona granica

2 h 27 min. Sortie : 7 février 2024 (France). Drame

Film de Agnieszka Holland

Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un film indispensable. Beau et bon film, terrible et poignant, qui documente la façon dont la Biélorussie, téléguidée par Poutine, utilise les migrants pour exercer un chantage et une pression sur la Pologne, et ainsi sur l'Union Européenne.

Réaliste et équilibré, ce film ne montre pas que le point de vue des migrants, mais aussi celui des gardes-frontière polonais et d'activistes locaux. Une façon de montrer que ce drame touche tout le monde, des militaires aux civils.

Agnès Holland a tout mon respect. Après avoir exercé son métier sous le joug communiste et en avoir dénoncé les crimes contre l'humanité, voilà qu'elle est trainée dans la boue par le parti d'extrême-droite Droit et Justice (PiS) en Pologne, qui a mené une campagne extrêmement violente et dégradante contre la cinéaste et son équipe. On voit qu'elle a touché un point sensible, en dénonçant les incohérences et l'inhumanité de la politique migratoire de la Pologne et de l'Union Européenne...

Par conséquent, attendez-vous à voir sortir du bois les trolls et partisans (pactisants ?) d'extrême-droite polonais, français et les pro-Poutine. Ça commence déjà sur SensCritique et ça ne risque sans doute pas de s'arrêter...

État limite
7.6
4.

État limite (2023)

1 h 42 min. Sortie : 1 mai 2024. Société

Documentaire de Nicolas Peduzzi

Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Bouleversant et magnifique documentaire de Nicolas Peduzzi, qui suit le quotidien d'un jeune psychiatre, Jamal Abdel Kader, le seul (!) de l'hôpital où il travaille, à Clichy. Un psychiatre particulièrement humain, qui croit davantage en le lien humain et social, en la parole, qu'en les médicaments, l'enfermement ou la violence... Même s'il sait être ferme quand la situation le nécessite.

La caméra de Nicolas Peduzzi se fait oublier, pour nous plonger dans les échanges de ce médecin avec ses patients, aux trajectoires de vie particulièrement difficiles. Pourtant, Jamal Abdel Kader reste d'une humanité extraordinaire et d'un calme olympien, allant au-delà de ses prérogatives, abaissant l'oreiller d'un patient qui dort pour qu'il n'attrape pas de torticolis, servant un repas à un patient épuisé et affamé ou animant des ateliers théâtre avec ses patients qui commencent ainsi à revivre.

Au-delà de la psychiatrie et de la médecine, et du triste constat du délabrement de l'hôpital public et du système de santé en France, ce film peut intéresser n'importe qui, en ce qu'il montre un homme avec une réelle éthique, d'une grande exigence avec lui-même, qui fait son métier avec passion et humanité. Qui plus est, avec les très belles images de Nicolas Peduzzi : si ce film est passé sur Arte, c'est un vrai film de cinéma, avec une esthétique sophistiquée et un vrai regard d'artiste. Un film marquant que je ne peux que recommander.

Megalopolis
4.8
5.

Megalopolis (2024)

2 h 18 min. Sortie : 25 septembre 2024 (France). Drame, Science-fiction

Film de Francis Ford Coppola

Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je crois que je n'ai pas compris ce qui m'est arrivé, je n'étais pas prêt à ça...

Je partais au cinéma sûr d'avoir affaire à un nanard gênant... Et même si Megalopolis l'est un peu, j'ai finalement bien aimé, contre toute attente... Il y a plein de trucs que je n'aime pas, certes : cette vulgarité omniprésente, ce kitsch pompier, ce propos pas franchement très fin... Et en même temps, il y a un tel élan de cinéma, une telle soif et une telle joie de créer, un côté tout de même assez visionnaire par moments, même si c'est un film qui se base beaucoup sur le passé... Tout cela m'a emporté et me fait dire que les critiques complètement négatives sont excessives.

Qu'on puisse ne pas aimer ou détester ce film, je le comprends totalement. Coppola tend régulièrement le bâton pour se faire battre. Mais dire que ce film est nul ou sans intérêt, non je ne suis pas d'accord. C'est plutôt un brouillon complètement fou, plein d'idées lancées dans tous les sens, dont beaucoup sont inabouties, mais dont certaines relèvent du génie il me semble.

Megalopolis est un chaudron bouillonnant, un machin complètement épuisant... mais que j'ai trouvé passionnant. Je n'ai plus qu'une chose en tête : aller le revoir au cinéma, pour tenter d'y voir un peu plus clair !

La Jeune Fille et les paysans
7.3
6.

La Jeune Fille et les paysans (2024)

Chlopi

1 h 54 min. Sortie : 20 mars 2024. Animation, Drame, Romance

Long-métrage d'animation de Dorota Kobiela et Hugh Welchman

Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Deux heures après que le film se soit fini, je suis encore sous le choc. Je connaissais le couple Welchman, j'avais été bluffé par La Passion Van Gogh. Je savais donc à peu près à quoi m'attendre. Certes, là nous n'avons plus les peintures extraordinaires du génie hollandais. Mais à la place, sur le fond, le couple de cinéastes polonais adaptent un classique de la littérature de leur pays, Les Paysans, de l'écrivain nobelisé Władysław Reymont.

Et ce récit relève effectivement du chef-d’œuvre. Il s'agit d'une œuvre naturaliste, sociologique et politique, qui dépeint la société nobiliaire et paysanne de la Pologne du 19e siècle... particulièrement rude, surtout pour les femmes.

Władysław Reymont tisse une histoire ample et complexe, avec des personnages subtils, qui ont tous leur part d'ombre. Alors que la plupart d'entre eux, dont certains apparaissent comme des antagonistes, ont parfois aussi leur part de lumière. En somme, La Jeune Fille et les Paysans est un film sombre, pessimiste, mais aussi contrasté, allant bien au-delà de la surface et des clichés, sorte de vaste comédie humaine qui n'aurait rien à envier à Zola, Flaubert ou Maupassant.

Mais c'est aussi un beau film, notamment grâce à cette sublime mise en images, où chaque plan est peint à la main, grâce au procédé de la rotoscopie. La caméra virevolte et les couleurs explosent, lors de danses effrénées ou de disputes homériques. Toutefois, dommage de prendre pour modèle des photos, les visages paraissent trop photoréalistes et contemporains, ce qui m'a sorti plusieurs fois du film. Mais c'est là l'un des seuls reproches que j'ai à faire à ce long métrage.

Je n'ai pas lu le roman d'origine. Son adaptation contemporaine est clairement féministe, mais c'est très bien amené. Notamment avec ce personnage féminin central, très complexe, se débattant avec les traditions et la société paysannes, particulièrement oppressantes.

Sur le fond et la forme, voici donc un film particulièrement puissant, excessif comme l'est l'âme slave, inoubliable par son propos terrible, et surprenant par ses images flamboyantes.

Le Tableau volé
6
7.

Le Tableau volé (2024)

1 h 31 min. Sortie : 1 mai 2024. Drame

Film de Pascal Bonitzer

Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Pascal Bonitzer livre un film d'une subtilité et d'une puissance rare, avec une légèreté apparente. Il décrit avec précision le monde du marché de l'art, n'hésitant pas à dénoncer ses travers et son inhumanité, mais sans jamais forcer le trait.

Il s'attarde avant tout sur ses personnages, et leurs failles, leurs parcours cabossés... Sur leur milieu social, professionnel ou d'origine, que vient percuter cette découverte d'un tableau volé, au potentiel de vente exceptionnel. Il faut noter la virtuosité des dialogues, magnifiquement écrits, sans jamais sonner faux.

Et cette histoire de spoliation vient donner un supplément d'aura et de profondeur à ce film, avec ce tableau volé à des Juifs par les nazis...

Mais ce superbe scénario ne serait pas aussi éblouissant s'il n'était pas porté et incarné par des acteurs tous excellents, pour beaucoup attachants. Notamment Alex Lutz, Léa Drucker, Arcadi Radeff, Louise Chevillotte, Nora Hamzawi et Alain Chamfort. Je me dois de les citer tous les six, car chacune et chacun d'entre eux joue sa partition à merveille.

J'avais lu de bonnes critiques sur ce film avant de le voir, et j'ai quand même été surpris par sa finesse, son intelligence et son humanité. Un des meilleurs films français de ces dernières années.

Berlin, été 42
8.

Berlin, été 42 (2024)

In Liebe, Eure Hilde

2 h 04 min. Sortie : 12 mars 2025 (France). Biopic, Drame

Film de Andreas Dresen

Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Très beau film pour l'ouverture du Festival du Cinéma Allemand, à Paris. Un film fort sur le fond (des Allemands résistant aux nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale) et avec une esthétique et un parti pris très intéressants : filmer cette époque comme si elle nous était contemporaine, nous immergeant pleinement dedans, avec un côté spontané et réaliste.

On doit cette approche au binôme formé par le réalisateur Andreas Dresen et la cheffe opératrice Judith Kaufmann, considérée comme la plus grande directrice de la photographie actuelle en Allemagne. Filmé en numérique mais en imitant à la perfection un beau 16 mm désaturé, ce film marque par son aspect visuel, qui reflète totalement le scénario.

Le réalisateur ne voulait pas montrer des gens héroïques. Il voulait montrer des gens comme tout le monde, qui ont des préoccupations simples : des relations humaines, des espoirs, des joies, qui se font des misères...

D'après Judith Kaufmann, qui était présente lors de la séance (elle a tenu à répondre à toutes les questions du public), Andreas Dresen voulait "montrer des petites choses de résistance pour nous donner du courage".

Vu l'état de notre monde actuel, c'est exactement ce dont on a besoin...

Hayao Miyazaki et le Héron
7.7
9.

Hayao Miyazaki et le Héron (2023)

Hayao Miyazaki and the Heron

2 h 01 min. Sortie : 21 novembre 2024 (France). Portrait, Cinéma

Documentaire de Kaku Arakawa

Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Hayao Miyazaki and the Heron est réalisé par Kaku Arakawa, à qui l'on doit le génial documentaire fleuve 10 ans avec Hayao Miyazaki. Et une fois encore, il s'agit d'un témoignage inestimable sur la vie et le processus créatif de l'immense artiste qu'est le cinéaste nippon. A la fois génie et être humain faillible, avec ses qualités et ses défauts. Un film passionnant de bout en bout.

La Zone d’intérêt
7.2
10.

La Zone d’intérêt (2023)

The Zone of Interest

1 h 45 min. Sortie : 31 janvier 2024 (France). Drame, Historique, Guerre

Film de Jonathan Glazer

Arthur Debussy a mis 7/10.

Annotation :

Je savais que ce film serait éprouvant, mais je ne pensais pas qu'il me mettrait autant mal à l'aise... Il m'a fallu 24h pour arriver à le digérer un minimum.

Jonathan Glazer réussit son pari de filmer la Shoah, en en montrant toute l'horreur, avant tout par la suggestion (exercice difficile que je salue), tout en forçant le spectateur à s'interroger sur la banalité du mal.

C'est un film difficile, peu aimable, mais néanmoins nécessaire. Il permet de réveiller nos contemporains sur la tendance qu'a l'être humain à détourner le regard de l'horreur qui nous entoure, pour mieux se plonger dans un confort délétère.

Rien qu'en relançant le débat sur la Shoah et comment en faire mémoire, The Zone of Interest est salutaire. Mais de surcroît, il est brillamment réalisé et marque durablement le spectateur... Espérons que ce soit à vie, que l'on oublie jamais ce drame absolu et qu'on empêche de nouveaux génocides. Hélas, l'actualité ne me rend pas confiant...

Interceptés
7.1
11.

Interceptés (2024)

Intercepted

1 h 33 min. Guerre, Société

Documentaire de Oksana Karpovych

Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un documentaire inestimable : il diffuse des conversations téléphoniques entre les soldats russes sur le front ukrainien et leurs proches, interceptées en 2022 par les services secrets ukrainiens, qu'ils ont mis à disposition sur Internet. On est peu étonnés de voir combien les soldats russes et leurs proches n'ont que faire des Ukrainiens, et beaucoup se réjouissent de leur mort ou de les voir torturés... Quelques uns se demandent ce qu'ils font en Ukraine... Et quelques uns avertissent leurs proches de la mascarade (que ces derniers refusent d'admettre)... Il y a même un père qui indique à sa femme que sa dernière volonté est d'empêcher à tout prix que leur fils intègre l'armée... Mais beaucoup de soldats et de leurs proches, dont beaucoup de femmes, qu'elles soient leurs épouses ou leurs mères, sont complètement endoctrinées par la propagande poutinienne, et révèlent leur terrible et glaçante inhumanité...

A noter que ce film fait partie de la programmation Génération Ukraine, constituée de 12 documentaires, dont 4 sont diffusés au Centre Pompidou aujourd'hui et demain, plus d'infos ici :
https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/hJcmLxE . Et tous seront diffusés sur Arte à partir du 3 décembre, plus d'infos ici : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-025927/generation-ukraine/ .

Johatsu - Into Thin Air
12.

Johatsu - Into Thin Air (2024)

1 h 26 min. Sortie : 2024 (Japon).

Documentaire de Arata Mori et Andreas Hartmann

Arthur Debussy a mis 7/10.

Annotation :

Évaporés fait honneur au genre du documentaire, et démontre que la réalité dépasse souvent la fiction.

Il évoque ces "évaporés", ces personnes qui disparaissent mystérieusement et brutalement au Japon, pour changer de vie, quittant tout derrière eux : famille, amis, domicile, travail...

Les raisons sont régulièrement d'ordre économique mais aussi social. Beaucoup de ces évaporés ont été harcelés, aux travail ou chez eux, voire même violentés. Ces évaporés ne quittent pas tant une situation donnée que des personnes, auxquelles elle tentent d'échapper.

En interrogeant des évaporés et la responsable d'une agence qui les aide à disparaître, les deux réalisateurs dessinent en creux le portrait d'une société japonaise très dure, où la violence physique et psychologique est omniprésente...

Anora
7.2
13.

Anora (2024)

2 h 19 min. Sortie : 30 octobre 2024 (France). Comédie dramatique

Film de Sean Baker

Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un film sympathique... mais lui attribuer la Palme d'Or, c'est clairement excessif. Qu'il l'ait emporté face à Megalopolis de Francis Ford Coppola, ok. J'ai trouvé Megalopolis meilleur, mais Coppola a déjà gagné deux Palmes d'Or et sa carrière est derrière lui, mieux vaut encourager les cinéastes plus jeunes.

Mais qu'Anora ait gagné la Palme d'Or face aux Graines du Figuier Sauvage me laisse perplexe, tant le film de Mohammad Rasoulof est bien mieux réalisé sur la forme... et sur le fond est ô combien plus fort (sans parler des conditions de tournage et de participation du réalisateur iranien au Festival de Cannes)... Encore une fois, le jury du Festival de Cannes n'est pas à la hauteur de la réputation (surfaite) de ce festival majeur...

Mais bon, je ne cherche pas pour autant à opposer ces deux films. Anora a pour lui d'être une chronique sociale relativement engagée, qui s'intéresse aux travailleuses du sexe (filmées avec une complaisance certaine...). L'histoire est bien écrite, portant à l'écran ce conte de fées trash qui vire à la bagarre générale, reflet défraichi du rêve américain en pleine déliquescence... Malgré tout, j'ai trouvé que ce film comportait un certain nombre de longueurs, une demie heure de moins n'aurait rien changé à la donne...

Heureusement que les interprètes assurent et jouent toutes et tous parfaitement bien, Mikey Madison en tête, qui est clairement la figure majeure du long métrage. Anora est donc un bon "petit" film, plutôt bien ficelé. Mais de là à lui décerner la Palme d'Or... Même Sean Baker semblait presque s'excuser en la recevant... Et on le comprend.

La Nouvelle femme
6.2
14.

La Nouvelle femme (2023)

1 h 39 min. Sortie : 13 mars 2024. Drame, Historique, Biopic

Film de Léa Todorov

Arthur Debussy a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un film remarquable, porté par deux excellentes actrices, Leïla Bekhti et surtout Jasmine Trinca, qui est clairement l'une des meilleures actrices italiennes actuelles. Si la mise en scène de Léa Todorov est un peu maladroite, premier film de fiction oblige, elle est néanmoins très soignée. Et l'écriture du film, une de ses grandes forces, aborde avec justesse et subtilité des thèmes aussi complexes que l'enfance, la maternité, le handicap, le féminisme et la modernité.

Sur le fond, voilà un film très réussi, et sur la forme, un film qui regorge de qualités. La photographie est belle, les morceaux de musique choisis sont sublimes... Et le tout ne fait pas académique, notamment par la présence de ces enfants en situation de handicap, qui émeuvent et font de ce long métrage une œuvre magnifique et profondément humaine. Bravo à Léa Todorov et à toute son équipe !

Le mal n'existe pas
7
15.

Le mal n'existe pas (2023)

Aku wa sonzai shinai

1 h 46 min. Sortie : 10 avril 2024. Drame

Film de Ryusuke Hamaguchi

Arthur Debussy a mis 6/10.

Annotation :

C'est le premier film de Ryusuke Hamaguchi que je vois, et peut-être n'aurais-je pas dû commencer par celui-ci... L'affiche française splendide, l'aura de cet auteur depuis le tant célébré Drive My Car (que je n'ai pas vu donc) ou les notes très élevées de mes éclaireurs pour Le Mal n'existe pas, tout cela me laissait penser que je m'acheminais vers un chef-d’œuvre incontestable...

Je suis donc tombé de haut... Si ce long métrage démontre une maîtrise incontestable visuelle et narrative, j'ai été un peu agacé par le côté auteurisant cliché (longs plans séquences, montage abrupt, musique à moitié dissonante...), qui m'a un peu mis hors de moi avec cette fin ni faite ni à faire... Si le film met du temps à démarrer et tout du long fait preuve d'un rythme assez éprouvant, j'ai fini par m'intéresser au long métrage et à ses personnages. Mais cette fin... Hamaguchi ne pouvait pas mieux trouver pour faire parler de lui, et transformer un film joli mais moyen en œuvre conceptuelle révérée par les initiés et la critique...

Car quand je vois les notes et les commentaires ici et là, il semble que ceux qui connaissent déjà et apprécient Hamaguchi aient été comblés... quand tous les autres sont laissés sur le carreau. Personnellement, j'attendais beaucoup de ce film et je suis donc déçu, même si je lui reconnais certaines qualités bien réelles. Pour autant, je ne compte pas m'arrêter là, et découvrir davantage la filmographie d'Hamaguchi, son prochain film sur ma liste étant Drive My Car.

Blaga's Lessons
6.4
16.

Blaga's Lessons (2023)

Urotcite na Blaga

1 h 54 min. Sortie : 8 mai 2024 (France). Drame

Film de Stephan Komandarev

Arthur Debussy a mis 6/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Film coup de poing, avec une tension qui monte très doucement et qui s'installe peu à peu, avant une fin terrible... Eli Skorcheva, 70 ans, porte le film sur ses épaules et rend ce personnage de Blaga à la fois attachant et humain, si bien qu'on comprend les choix apparemment insensés qu'elle fait...

Au-delà du personnage de Blaga, ce film est un portrait lucide et sans concession de la Bulgarie d'aujourd'hui, qui se relève à grand peine du joug communiste, tout en subissant les assauts de l'ultra-libéralisme.

Le réalisateur bulgare Stephan Komandarev signe un film à la fois maîtrisé sur la forme et engagé sur le fond, avec beaucoup de courage. Malgré quelques maladresses, Blaga's Lessons est donc un film hautement recommandable, puissant, et particulièrement d'actualité, à un mois d'élections européennes qui n'auront peut-être jamais été aussi importantes pour notre continent...

Ici Havel, vous m’entendez ?
17.

Ici Havel, vous m’entendez ? (2024)

Tady Havel, slyšíte mě?

1 h 25 min. Sortie : 11 avril 2024 (Tchéquie). Portrait

Documentaire de Petr Jančárek

Arthur Debussy a mis 6/10.

Annotation :

Un documentaire intéressant mais désarçonnant sur les dernières années de la vie de Václav Havel, où on le voit très diminué. Un témoignage précieux, mais aussi un peu triste, des derniers instants de ce grand homme.

Le Procès du chien
5.9
18.

Le Procès du chien (2024)

1 h 23 min. Sortie : 11 septembre 2024. Comédie

Film de Laetitia Dosch

Arthur Debussy a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Tout comme Le Livre des Solutions de Michel Gondry, Le Procès du Chien est l'œuvre WTF complètement délirante et semi autobiographique d'une artiste, qui nous fait pénétrer dans sa psyché perturbée. Film complètement chaotique, c'est un festival de et avec Laetitia Dosch, qui est quasiment de tous les plans.

Elle joue une avocate à la fois humaine et bienveillante, mais aussi naïve et fragile, un peu inadaptée socialement, entourée de personnages dysfonctionnels. Un moyen de dénoncer les travers de notre société actuelle, avec des situations borderlines et des dialogues crus et mordants (et inversement).

Un joyeux chaos, à la fois grave et léger, assez désarçonnant, mais réjouissant dès lors que l'on se prend au jeu. Rien de révolutionnaire ou d'impressionnant. Au contraire, une simplicité et une fraîcheur, jusque dans la mise en scène, qui font vraiment plaisir et ne peuvent qu'emporter notre sympathie pour ce film un peu barge, mais très attachant.

Bakin & Hokusai
19.

Bakin & Hokusai (2024)

Hakkenden

2 h 30 min. Sortie : 25 octobre 2024 (Japon). Drame, Fantasy, Historique

Film de Fumihiko Sori

Arthur Debussy a mis 5/10.

Annotation :

Un long métrage dans la droite lignée des films historiques/mythologiques asiatiques à visée commerciale, avec des personnages hyper archétypaux et caricaturaux, plein d'effets spéciaux (moches) dans tous les sens, des péripéties complètement invraisemblables, un côté grotesque, kitsch et outré... Le genre de films qui d'habitude me font fuir...

Mais malgré tout, j'ai été pris par l'intrigue qui suit le romancier Bakin (un personnage qui a vraiment existé), auteur de romans populaires à succès au 19e siècle au Japon, lors de la rédaction de son œuvre phare Nansō satomi hakkenden. Le récit alterne entre des scènes de Bakin en train d'écrire, notamment aux côtés de son ami Hokusaï (le célèbre peintre) ou avec sa famille, et des scènes où l'on est plongé dans son roman, avec ses personnages fantastiques qui vivent mille et une péripéties.

Bien que ce film comporte un certain nombre de défauts, le roman de Bakin sur lequel est construit le scénario est prenant ! On finit par avoir envie de connaître la suite, et de savoir comment tout cela va se finir. Il y a même parfois quelques réflexions – légères – sur l’art et la création, qui sont intéressantes. Au total, c’est un film tout de même bancal, mais qui est divertissant et qui possède quelques qualités ayant retenu mon attention.

A noter que le personnage de Bakin est joué par Kōji Yakusho, désormais célèbre interprète de Perfect Days, de Wim Wenders. L’acteur japonais s’en sort bien (de toute évidence c’est un immense interprète), mais son rôle est écrit de façon trop schématique et convenue pour convaincre totalement.

City of Darkness
6.9
20.

City of Darkness (2024)

Jiu Lóng Chéng Zhài·Wéi Chéng

2 h 05 min. Sortie : 14 août 2024 (France). Action, Thriller

Film de Soi Cheang

Arthur Debussy a mis 5/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

City of Darkness c'est deux films en un : bien sûr et avant tout, un film de baston réjouissant aux chorégraphies millimétrées, mais aussi un hommage méta au cinéma HK des années 1980-90... et plus largement, au Hong Kong d'avant la rétrocession. S'il s'avère bien sympathique, dommage que ce long métrage reste superficiel sur le fond, censure oblige, l'empêchant d'être plus qu'un simple film de divertissement...

Le Deuxième Acte
6.1
21.

Le Deuxième Acte (2024)

1 h 20 min. Sortie : 14 mai 2024. Comédie

Film de Quentin Dupieux (Mr. Oizo)

Arthur Debussy a mis 5/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Film malin et irrévérencieux, qui offre de belles tranches de rire, tout en faisant réfléchir sur la condition d'artiste. Et plus généralement sur notre société actuelle, entre individualisme, #metoo, catastrophes en chaînes (guerres, réchauffement climatique...), ou intelligence artificielle.

J'ai passé une bonne séance devant ce film, dans une salle qui l'a bien accueilli, avec beaucoup de moments de rires partagés. Pourtant, je ne peux m'empêcher de penser que tout ça est trop léger et même pas mal nombriliste.

Il y a des réflexions intéressantes parfois esquissées, mais jamais ou si peu approfondies. Esthétiquement, ça passe, mais rien de réellement recherché. On sent que Dupieux s'enferme dans une sorte de facilité formelle, qui lui permet de tenir son rythme infernal d'un à plusieurs films réalisés par an. Mais que restera-t-il de ce film dans quelques semaines, mois, années ? Pas grand chose, j'en ai peur...

Le Comte de Monte-Cristo
7.4
22.

Le Comte de Monte-Cristo (2024)

2 h 53 min. Sortie : 28 juin 2024. Aventure, Drame

Film de Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte

Arthur Debussy a mis 4/10.

Annotation :

Ce n'est pas une adaptation, c'est un massacre en règle... Si encore l'adaptation était réussie... Mais tout est bancal, et l'émotion et la subtilité sont sacrifiées sur l'autel du grand spectacle ultra formaté... Quelques restes de ce roman extraordinaire qu'est Le Comte de Monte-Cristo font que le naufrage n'est pas total. Mais quelle déception...

Gladiator II
5.5
23.

Gladiator II (2024)

2 h 28 min. Sortie : 13 novembre 2024 (France). Drame, Péplum

Film de Ridley Scott

Arthur Debussy a mis 4/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Que vaut ce Gladiator II ? Eh bien c'est pas terrible, mais ça n'est pas non plus catastrophique. Il y a beaucoup d'éléments pompés sur le premier volet et le fan service tourne à plein régime.

Mais il y a certains personnages intéressants, comme celui de Denzel Washington, qui est la vraie star du film. Paul Mescal, que je découvre, est complètement éteint, plein de rage mais le regard toujours ailleurs, comme perdu dans ses pensées, jamais présent dans la scène qui se joue...

La réalisation est correcte, mais sans inspiration, on est loin du Ridley Scott des grands soirs. Dans le même genre, c'est moins bon qu'Exodus, qui était déjà à moitié raté, mais qui au moins osait des choses. Tout comme Napoléon, les effets spéciaux sont ici moches et fauchés... On ne croit pas à cette Rome synthétique, contrairement au premier opus, où les effets spéciaux était harmonieusement intégrés au film.

Le véritable problème de ce long métrage est le scénario indigent de David Scarpa... scénariste de la purge Napoléon. Tout comme dans l'avant-dernier film de Ridley, tout s'enchaîne trop vite et est complètement téléphoné, sans arriver à faire naître l'émotion (sauf à de rares moments). Et les personnages sont mal écrits et caricaturaux. Gros plantage avec le personnage principal, joué par Paul Mescal, qui n'arrive pas à être attachant. On a plus de sympathie pour le personnage de Denzel.

Au total, il y a plein de trucs qui ne vont pas, et jamais cette suite n'arrive à se justifier. Mais c'est un divertissement passable, tout de même meilleur que ce film honteux qu'est Napoléon. Ici, au moins Ridley respecte (pour une fois) son premier opus. Qui reste (largement) inégalé.

MaXXXine
6.3
24.

MaXXXine (2024)

1 h 43 min. Sortie : 31 juillet 2024 (France). Épouvante-Horreur

Film de Ti West

Arthur Debussy a mis 3/10.

Annotation :

Les films d'horreur ça n'est déjà pas mon truc. Mais alors les vrais-faux pastiches de films d'horreur, ça me passe complètement au-dessus de la tête.

Je reconnais la maîtrise technique de Ti West et le talent de Mia Goth, qui crève l'écran. Je salue aussi la réflexion critique (quoique superficielle) sur notre époque et la décennie des années 1980, ainsi que sur l'Amérique de Reagan (et en filigrane de son disciple dégénéré Trump).

Mais le tout paraît tout de même bien vain, en plus d'être grevé par de vrais défauts d'écriture du scénario et des personnages, des problèmes de mise en scène (étriquée et trop artificielle), ou d'interprétation en roue libre (Kevin Bacon en sous sous Nicholson échappé de Chinatown)...

Ti West joue au petit malin : il comble à la fois la critique et les fans du genre, en nous submergeant de références (le film clignote de partout). Mais une fois qu'on a gratté la surface, que reste-t-il ?

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