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SensCritique
Cover Les meilleurs films français de 2024

Les meilleurs films français de 2024 selon takeshi29

EN CONSTRUCTION

Liste de

38 films

créée il y a 4 mois · modifiée il y a 4 jours
À son image
6.8
1.

À son image (2024)

1 h 53 min. Sortie : 4 septembre 2024. Drame

Film de Thierry de Peretti

takeshi29 a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Un grand film sur la sortie de route qui guette... (cf critique)

Miséricorde
7.1
2.

Miséricorde (2024)

1 h 42 min. Sortie : 16 octobre 2024. Comédie, Policier

Film de Alain Guiraudie

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Dans un premier temps j'ai cru qu'Alain Guiraudie s'était assagi, que j'allais avoir droit à un "Champignons, crime et ruralité" et que j'étais donc revenu dans le dernier Ozon. Mais très vite j'ai été rassuré, le cinéma de l'Aveyronnais est toujours impossible à décrire, toujours aussi moral à sa façon, quand il aborde les notions de péché et de pardon, et immoral pour d'autres yeux et esprits. avec sa manière d'être tordu mais droit, de faire rire mais aussi réfléchir sans en avoir l'air.

J'ai rarement cette sensation, avoir l'impression de voir un récit et un emballage des plus classiques, presque ternes, se transformer par touches imperceptibles jusqu'à devenir un objet qu'on ne voit jamais ailleurs, plus sérieux qu'il n'y parait, mais dont on ressort avec un immense sourire.

Un petit mot sur David Ayala, que j'avais vraiment découvert dans la formidable série de Xavier Giannoli, "D’argent et de sang", qui sait décidément tout jouer. Et un autre sur Catherine Frot, que je n'aurais pas imaginé dans l'univers de Guiraudie, et qui semble s'y sentir comme un poisson dans l'eau.

C'est pas moi
6.6
3.

C'est pas moi (2024)

42 min. Sortie : 12 juin 2024. Biopic, Expérimental

Moyen-métrage de Leos Carax

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Leos Carax assume totalement son cousinage artistique avec Godard, et on se croirait ici dans un volet de ses "Histoire(s) du cinéma". Le hasard a fait que j'étais en plein visionnage de celles-ci quand j'ai découvert "C'est pas moi" et je vous assure que l'expérience est troublante tant l'effet miroir est saisissant. Deux collages expérimentaux qui parlent de cinéma, d'Histoire, et de leur auteur.

Carax est le genre de bonhomme qui me fait vibrer pour une raison toute simple : il a foi en la puissance de l'art, et j'imagine qu'il sait fort bien ce que peut provoquer sur certains l'apparition de son "Annette" qui va soudainement rejoindre sa lointaine filmographie, les frissons qui vont rendre soudainement le spectateur incapable de continuer à jouer au blind test que représente aussi son film. Cette émotion est brutale, violente, belle.

Trois Amies
6.7
4.

Trois Amies (2024)

1 h 57 min. Sortie : 6 novembre 2024. Comédie dramatique, Romance

Film de Emmanuel Mouret

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

J'étais sorti des deux derniers Emmanuel Mouret, "Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait" et "Chronique d’une liaison passagère", ravi mais surtout avec un espoir : qu'il assume un jour encore plus pleinement sa tentation pour le mélo. Alors merci Emmanuel d'avoir osé toutes ces séquences où les larmes du spectateurs ne peuvent être retenues, où chaque mot, chaque geste, sont un climax d'émotion. Merci aussi de faire de plus en plus de cinéma et d'offrir des plans séquences qui font sortir le vaudeville, toujours aussi intelligent et pétillant, d'un théâtre contraint, d'avoir enfin offert à la merveilleuse India Hair le premier rôle qu'elle méritait tant, d'avoir su convaincre Sara Forestier de revenir nous donner du plaisir.

Merci pour tout, vraiment, car quitter une salle le cœur léger, heureux, après avoir autant pleuré, c'est chose rare.

La Bête
6.3
5.

La Bête (2023)

2 h 26 min. Sortie : 7 février 2024. Drame, Romance, Science-fiction

Film de Bertrand Bonello

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je vois bien ce qui peut horripiler dans un tel film, je comprends que son aspect programmatique, sa sophistication et sa froideur puissent laisser à la porte mais personnellement j'ai été subjugué de la première à la dernière seconde, happé par des images et un rapport au cinéma inédits, par une réflexion sur le mal qui passe par un classicisme élégant (qui m'a rappelé celui du magnifique "L'Histoire de ma femme" déjà avec Léa Seydoux), l'anticipation qui convoque des préoccupations pour le moins actuelles et l'hommage que je n'avais pas vu venir à Lynch.

En quelques mois le cinéma français nous aura donc offert deux adaptations (très libres) d'Henry James, deux variations aussi hypnotiques l'une que l'autre bien que radicalement différentes. Quand Patric Chiha travaillait la transe Bonello choisit le théorique, et le résultat est le même, aussi excluant qu'envoûtant, et dans les deux cas radical.

Il n'y a que les grands réalisateurs qui me font oublier une actrice ou un acteur que je ne supporte pas au profit d'un personnage, et franchement Bonnello est fort car en quelques minutes j'avais accepté que celle qui le fascine visiblement serait de tous les plans.

(J'espère que le générique via QR Code ne deviendra pas une norme, je vois bien ce qu'il permet en gain éventuel de séances, mais c'est détestable à plusieurs titres, en particulier avec un film qui vous a coupé le souffle et dont on voudrait pouvoir sortir en douceur.)

Une famille
7.1
6.

Une famille (2024)

1 h 22 min. Sortie : 20 mars 2024. Société, Littérature

Documentaire de Christine Angot

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Oui ce film est impudique, malaimable, il met mal à l'aise, non Christine Angot n'épargne personne, et surtout pas elle-même, et donc forcément pas les spectateurs obligés d'assister à ces règlements de compte, confessions, discussions dont beaucoup diront qu'elles auraient dû rester dans le cercle intime.

Mais personnellement tout ça m'a permis de comprendre bien des choses sur les blessures de cette femme, sur son droit à étaler ses souffrances. Car oui parfois il faut passer en force pour dire ce qui est bien plus qu'un récit nombriliste asséné par une écrivaine qu'on n'a cessé de traiter de tous les noms et de moquer. Probablement parce qu'il est plus confortable de penser qu'une telle personne est hystérique, folle, plutôt que d'écouter de terribles vérités. A ce titre l'archive de l'émission "Tout le monde en parle" d'Ardisson est parlante, elle est à vomir tout simplement. Mais surtout elle devrait nous questionne profondément, et je vais faire un aveu : j'ai dû la voir à l'époque cette émission, et j'ai dû être du côté des rieurs, de ceux qui n'ont pas compris pourquoi elle a quitté le plateau. Aujourd'hui je me pose une question : pourquoi n'est-elle pas partie plus tôt ? Car personne ne mérite d'être traité ainsi, de servir de punching-ball à des médiocres.

En tout cas si moi aussi j'ai souvent trouvé Angot difficile à lire ou à entendre, je crois que maintenant je sais pourquoi. Et pas sûr que ce soit de sa faute....

« Je suis désolé qu'il vous soit arrivé ça... »

L'Empire
5.6
7.

L'Empire (2024)

1 h 50 min. Sortie : 21 février 2024. Aventure, Comédie, Drame

Film de Bruno Dumont

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Que les choses soient claires : je suis à peu près convaincu que Bruno Dumont se fout de notre gu..., certaines choses me posent problème dans son cinéma (en particulier sa manière de filmer les femmes), mais mon seul critère de notation étant basé sur le plaisir je ne peux pas mettre moins de 8 à cet objet (choisissez vous-mêmes le qualificatif).

Il y a tout d'abord l'humour, plus que clivant je l'entends et je comprends la personne désabusée qui a jeté l'éponge en cours de route, qui me touche pour une raison indéterminée. Peut-être parce que le rire n'étant pas naturel chez Dumont, ses premiers films à mon avis bien plus sincères en attestent, il en offre une version inédite, non pratiquée et c'est probablement heureux par d'autres. Et ça résume bien ce qui me plait tant (Exception faite de "France" qui m'avait horripilé), dans sa filmographie, on y côtoie de l'inédit, ses mélanges des genres et des tons improbables mais aussi et surtout des plans dont la beauté n'appartient en rien au cinéma contemporain. Je ne connais pas beaucoup de réalisateurs actuels capables de me foutre les larmes aux yeux en filmant une dune du Pas-de-Calais, les sabots d'un cheval baignés de musique classique, alors que la scène d'avant était du grand n'importe quoi intergalactique.

C'est aussi ça le cinéma, des trucs qui nous touchent presque malgré nous, contre qui notre cerveau tente de lutter... en vain.

Jeunesse (Le Printemps)
7.5
8.

Jeunesse (Le Printemps) (2023)

Qīngchūn

3 h 35 min. Sortie : 3 janvier 2024. Société

Documentaire de Wáng Bīng

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Avoir face à soi en l'espace de deux semaines les derniers films de Frederick Wiseman et Wáng Bīng est une expérience, un plaisir, un honneur. Car ces deux cinéastes laisseront derrière eux une œuvre immense, importante.

L'un documente au long cours les institutions, l'autre son pays, sous toutes les facettes. Une chose m'a rapidement sauté aux yeux en découvrant ce "Printemps", premier volet d'une trilogie à venir : pour la première fois chez Wáng Bīng il y a de la joie. Car oui la "Jeunesse" chinoise est comme toutes les autres, même exploitée elle se taquine en permanence, se poursuit dans les couloirs, se recouvre le visage de crème sucrée, est accro à son portable, se drague, avorte... C'est aussi une Chine qui s'ouvre, encore doucement car l'exemple montré ici concerne de petites structures et non des entreprises étatiques, au combat social, à la négociation. Ces jeunes ont compris où se trouvait l'argent, que leur salut économique et donc social passait par ces saisons à coudre, assembler des pièces par milliers.

Wáng Bīng est unique dans sa manière de vivre en immersion avec ses sujets. Il s'y consacre totalement, longtemps, ici cinq ans sans compter le montage, créant ainsi une proximité qui lui permet non pas de se fondre dans le décor mais d'en devenir acteur. Un acteur qu'on peut ainsi interpeller, à qui l'on peut demander de filmer ceci ou cela. Un témoin aussi et surtout, qui met des images sur ce dont nous, occidentaux, entendons parfois vaguement parler. Et donc oui son travail est essentiel.

Vivre, mourir, renaître
6.3
9.

Vivre, mourir, renaître (2024)

1 h 49 min. Sortie : 25 septembre 2024. Drame

Film de Gaël Morel

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je n'avais plus autant pleuré au cinéma depuis un sacré moment. De la belle larme, de celles qu'on ne peut pas réfréner parce qu'elles viennes du romanesque, du tragique, du mélodrame noble car parfaitement assumé. Le cinéma de Gaël Morel semble avoir pris une nouvelle ampleur, émancipé de celui de Téchiné sans pour autant le renier, et il signe là un film où la vie semble toujours devoir l'emporter sur la mort, où Bowie et Simply Red disent à la ritournelle bouleversante qu'ils auront sa peau. Bowie qui permet d'ailleurs un beau geste de cinéma qui en rappelle un autre, celui de Carax, Visconti traine aussi dans un coin avec une mort où l'ellipse est aussi déchirante que digne.

Bref c'est un grand film sans en avoir l'air, qui se retourne sur une période que le cinéma et la société ont oubliée, qui évoque la création et l'urgence, la transmission, le cheminement du deuil, y compris avant que celui-ci ne survienne. Deuil, sujet que Morel avait déjà joliment abordé dans "Après lui".

Et puis il y a ce trio d'acteurs, "Jules et Jim" percutés par le Sida : Lou Lampros et Théo Christine qui confirment leur talent de film en film, et pour moi une révélation car il ne m'avait jamais convaincu, un Belmondo tellement troublant à force de ressembler à son grand-père.

« On a 16 ans et rien ne peut nous arriver. »

Retour à la raison
7.1
10.

Retour à la raison (2023)

Return to Reason

1 h 10 min. Sortie : 13 novembre 2024. Muet

Film de Man Ray

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Afin de célébrer le centenaire de l'œuvre cinématographique de Man Ray, Jim Jarmusch et Carter Logan ont mis en musique quatre de ses films, tous magnifiquement restaurés pour l'occasion. Dadaïstes, surréalistes, psychédéliques, ces 70 minutes le sont forcément, et la bande-son met merveilleusement en valeur Robert Desnos, un cinépoème, les courbes de Kiki de Montparnasse ou encore un documentaire halluciné sur la la villa Noailles.

Ce "Retour à la maison" a été présenté dans le cadre de Cannes Classics en 2023 et connaitra enfin une sortie nationale le 13 novembre prochain.

1/ "L'Étoile de mer"

Le dadaïsme, le surréalisme de Man Ray illustrent le poème éponyme de Robert Desnos. L'expérimental pur se mêle à la romance noire, et c'est d'une beauté saisissante.

https://www.senscritique.com/film/l_etoile_de_mer/377344

2/ "Emak-Bakia"

On appelle ça un cinépoème, et en effet c'est plein de poésie surréaliste puisque c'est du Man Ray.

https://www.senscritique.com/film/emak_bakia/438887

3/ "Le Retour à la raison"

Man Ray se lance en cinéma et on pense forcément à la folie psychédélique du "Ballet mécanique" de Fernand Léger...

https://www.senscritique.com/film/le_retour_a_la_raison/477898

4/ "Les Mystères du Château du Dé"

"Faux" acteurs masqués, plans sous LSD, c'est du documentaire mais façon Man Ray, donc forcément tous les codes explosent en plein vol pour le plus grand bonheur du spectateur désireux d'arpenter des terrains non balisés.

https://www.senscritique.com/film/les_mysteres_du_chateau_du_de/397533

Daaaaaalí !
6.1
11.

Daaaaaalí ! (2023)

1 h 18 min. Sortie : 7 février 2024. Comédie

Film de Quentin Dupieux (Mr. Oizo)

takeshi29 a mis 8/10.

Annotation :

Il y a encore quelques temps je commençais à râler un tantinet après Quentin Dupieux, considérant que son stakhanovisme commençait à poser problème et à avoir une incidence sur la qualité de ses films. Mais là je m'incline car après le formidable "Yannick" il enchaîne avec ce truc totalement vertigineux, qui reformate littéralement la mise en abime du cinéma, et son propre cinéma par la même occasion. Car certes l'absurde est toujours là mais son film, avec une durée pourtant habituelle chez lui donc brève, m'a semblé revisiter la notion de temps et d'espace, comme si s'il pouvait en permanence se rejouer, s'étirer, ne jamais finir, comme si un lieu pouvait se substituer à un autre et ainsi faire redémarrer le récit. Le temps et l'espace, deux éléments primordiaux en place dès cette scène inaugurale de couloir aussi folle que drôle.

Le genre de film qu'on a immédiatement envie de revoir, pour comprendre comment est agencé ce scénario plus qu'acrobatique, à quel moment la ritournelle de Thomas Bangalter commence à rendre fou (de bonheur).

Et il faut bien entendu parler du casting, si important chez Dupieux, et c'est à ce niveau que j'émettrais une réserve : Édouard Baer, premier en piste, est plus Dali que nature et m'a semblé écraser les autres, en particulier Jonathan Coen et Gilles Lellouche beaucoup plus dans la grimace, avec une volonté de porter un masque plus que d'incarner.

Une dernière chose, qui participe selon moi beaucoup au plaisir : dorénavant le public est là pour les films de l'Oizo, de plus en plus en terrain connu, et c'est un bonheur d'entendre les rires, qui ne répondent pas tous à la dernière vanne, mais parfois à une récurrence, à un rappel ou même pour les membres de la secte à la compréhension d'une auto-référence discrète. Et ici il y en a beaucoup.

Borgo
7
12.

Borgo (2023)

1 h 57 min. Sortie : 17 avril 2024. Drame

Film de Stéphane Demoustier

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

J'avais déjà bien aimé "Allons enfants" et "La Fille au bracelet" mais là clairement Stéphane Demoustier atteint un autre niveau de maîtrise. Pas un mouvement de caméra en trop, pas d'artifice quelconque pour accentuer le réalisme, et le résultat est saisissant, captivant de la première à la dernière seconde.

Après "Le Ravissement" Hafsia Herzi obtient un nouveau premier rôle à la hauteur de son talent qui est immense. Son jeu est en parfaite adéquation avec le film, aussi impressionnant que retenu.

Dans la peau de Blanche Houellebecq
6.2
13.

Dans la peau de Blanche Houellebecq (2024)

1 h 28 min. Sortie : 13 mars 2024. Comédie

Film de Guillaume Nicloux

takeshi29 a mis 8/10.

Annotation :

Suite et fin (?) de la trilogie Houellebecq by Guillaume Nicloux, et selon moi le plus fort des trois, car si c'est à mourir de rire (Là je sais que c'est très subjectif comme avec toute forme d'humour), si les dialogues sont des moments de bravoure et revisitent en permanence les sorties médiatiques "malheureuses" du brillant romancier mais triste pamphlétaire (Ceux qui ont lu "Quelques mois dans ma vie" comprendront ce que je veux dire), il y a un fond loin d'être anecdotique : chaque situation est regardée par un alter, comme celui qui refuse de mettre la clim dans une voiture par exemple, et c'est souvent plus parlant que de longs et hypocrites discours politiques.

Un OFNI forcément, qu'on pourra voir comme du grand n'importe quoi, et pourtant...

Mon pire ennemi
7.1
14.

Mon pire ennemi (2023)

1 h 22 min. Sortie : 8 mai 2024. Société

Documentaire de Mehran Tamadon

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Mehran Tamadon n'est plus le bienvenu dans son pays, entre autres depuis qu'il a osé commettre le documentaire "Iranien" en 2014, et le voici de retour avec un diptyque (Ce "Mon pire ennemi" sortira le 8 mai, "Là où Dieu n'est pas" le 15).

Ce premier volet est totalement vertigineux tant on se demande ce qui est de l'ordre du réel et du "joué", du maitrisé ou de la perte de contrôle, le dispositif s'effaçant (volontairement ou non) très rapidement, permettant ainsi au spectateur de se perdre dans le vrai et le faux. En creux il y aussi une réflexion passionnante sur une forme de mauvaise conscience, sur le métier d'actrice (Zar Amir Ebrahimi, prix d'interprétation à Cannes pour "Les Nuits de Mashhad" est plus qu'incroyable) qui incarne bien souvent au-delà du rôle, avec son propre bagage (de douleurs et traumatismes).

Si vous avez l'occasion de voir ce(s) film(s) décrypté(s) par Mehran Tamadon foncez, l'homme est aussi passionnant que sympathique, et surtout d'une générosité incroyable pendant (et après) les débats.

État limite
7.6
15.

État limite (2023)

1 h 42 min. Sortie : 1 mai 2024. Société

Documentaire de Nicolas Peduzzi

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Nicolas Peduzzi est un documentariste passionnant, et après ses films "américains", "Southern Belle" et "Ghost Song", il revient en France pour poser sa caméra sur la santé mentale et l'état de notre médecine. Et quoi de mieux pour démontrer la mort cérébrale du service public que suivre à la trace Jamal Abdel-Kader, unique psychiatre à arpenter les divers services de l'hôpital Beaujon à Clichy.

Le portrait est double, voire triple, celui d'un homme d'une empathie incroyable, celui forcément touchant des patients mais aussi celui d'une institution laissée à l'abandon.

Peduzzi recueille ces paroles très fortes, mais comme toujours avec lui, la forme n'est pas en reste avec ces photos noir et blanc qui traversent le film, cette musique qui électrise.

(Pour info sachez que ce médecin exemplaire a démissionné depuis le tournage, ce qui n'est tristement pas surprenant.)

Les Pistolets en plastique
6.4
16.

Les Pistolets en plastique (2024)

1 h 35 min. Sortie : 26 juin 2024. Comédie, Policier

Film de Jean-Christophe Meurisse

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je suis conscient qu'une comédie est certainement ce qu'il y a de plus risqué à conseiller car il y a autant de types d'humour que de manières de le recevoir. Et bien entendu le risque franchit un cap quand il s'agit de Jean-Christophe Meurisse qui cultive l'art de la provocation. Une provoc plus proche de celle d'Hara-Kiri que de Lánthimos disons, qui peut être potache ou absurde par instants mais va obligatoirement aller grattouiller une plaie à un moment donné.

D'où la classification CNC qui précise : une scène d'une très grande violence peut heurter un public sensible. Et en effet cette scène est d'une violence inouïe, mais pas gratuite car elle nous confronte en tant que spectateur à notre propension au voyeurisme, à notre attrait pour le sordide.

"Les Pistolets en plastique" est donc à réserver à ceux qui préfèrent le trash au consensuel, le malaise au confort. Vous êtes prévenus...

(A ceux qui comme moi sont clients de cet humour, un conseil : les Chiens de Navarre sont en tournée avec leur pièce "La vie est une fête", allez-y, c'est aussi vilain que les films. Et cette fois y'a plein de Christophe dedans...)

Manouchian et ceux de l'Affiche rouge
8.3
17.

Manouchian et ceux de l'Affiche rouge (2024)

Sortie : 20 février 2024. Historique, Guerre, Portrait

Documentaire de Hugues Nancy

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Voici un documentaire créé pour la télévision qui aurait bien mérité la salle de cinéma, car cet assemblage adroit de films d'archives, photographies, documents amateurs et archives d'époque de la préfecture de police est aussi déchirant que passionnant, avec en bonus la voix d'Arthur Teboul, décidément aussi doué pour conter que faire frissonner sur scène...

Que d'émotion !...
https://www.youtube.com/watch?v=YaA3R3ghrV4&t=30s

Fainéant.e.s
6.6
18.

Fainéant.e.s (2024)

1 h 43 min. Sortie : 29 mai 2024. Comédie

Film de Karim Dridi

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Quelle liberté, quelle générosité dans ce regard posé sur celles et ceux qui ont choisi la marge. Karim Dridi semble avoir retrouvé la verve de ses débuts et confirme, à peine quelques mois après son si émouvant documentaire "Revivre", une faculté à voir et montrer l'autre avec respect et même amour.

Un pur bonheur de cinéma à découvrir le 29 mai.

Hors-saison
5.5
19.

Hors-saison (2023)

1 h 55 min. Sortie : 20 mars 2024. Drame, Romance

Film de Stéphane Brizé

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Stéphane Brizé est un cinéaste capable de passer du film purement social et politique comme "En guerre" à du mélo romantique à la "Mademoiselle Chambon". Après avoir brillamment conclu sa trilogie du travail avec "Un autre monde" le voici de retour avec une histoire d'amour qu'on pourrait dire banale. Deux ex en proie à des questionnements existentiels se retrouvent, au bord de la mer...

Ok ok super on a vu ça mille fois. Et c'est là la force, je parlerais même de courage car il faut en avoir pour s'attaquer à un sujet traité sous toutes les coutures au cinéma, de Brizé : donner l'impression qu'on a pas déjà vu ça, ou du moins ressenti ça. Je préviens tout de suite, avec le mélo, assumé, ça passe ou ça casse, alors pas sûr que tout le monde verse comme moi une larme face à un dialogue qui s'éternise, une vieille femme et un mariage qui déboulent comme un cheveu sur la soupe au milieu des violons.

Je crois que ce qui m'a finalement touché tient du cinéma pur, d'un plan étrangement lointain, de scènes qui osent s'étirer, d'une ritournelle musicale signée Delerm qui ne se prive pas de revenir et revenir provoquer l'émotion.

Et puis il y a le duo d'acteurs : Guillaume Canet, et je peux vous assurer que je n'étais pas rassuré en voyant son nom sur l'affiche, et surtout Alba Rohrwacher, qui n'est certes pas une découverte mais qui franchit selon moi un cap, passant du sourire à la crispation dans le même mouvement, n'ayant pas besoin de prononcer un mot pour exprimer tous les sentiments du monde.

Si j'en crois la moyenne, mon ressenti face à ce "Hors-saison" n'est pas forcément partagé.

Averroès & Rosa Parks
7.8
20.

Averroès & Rosa Parks (2024)

2 h 24 min. Sortie : 20 mars 2024. Société

Documentaire de Nicolas Philibert

takeshi29 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

La force de ce film réside dans le temps qu'il se donne et donc qu'il nous donne, à recueillir la parole des patients mais aussi celle des soignants, à enregistrer sur la longueur ces échanges bien entendu chargés de douleur, mais aussi, et il ne faudrait surtout pas l'oublier, de sourires.

Il y a de tout dans ce film, y compris beaucoup de politique, et souvent une lucidité frappante face à la maladie, au rapport qu'entretient la société avec ses "fous", à l'état de la psychiatrie.

On prend plaisir à retrouver certains protagonistes de "Sur l'Adamant", à en découvrir d'autres, et ils ont tous un point commun : ils parlent de nous, de nous tous, et Nicolas Philibert retrouve selon moi ici tout ce qui faisait la puissance de questionnement de "La Moindre des choses".

Eureka
6.7
21.

Eureka (2023)

2 h 27 min. Sortie : 28 février 2024. Drame, Western, Fantastique

Film de Lisandro Alonso

takeshi29 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Probablement la proposition de cinéma la plus stimulante de la semaine, mais aussi assurément la plus clivante. Car oui je comprends ceux qui trouvent ce film poseur, sentiment qui m'a moi-même effleuré jusqu'à ce que... Jusqu'à quoi ? Je ne sais pas vraiment, jusqu'à ce que je m'abandonne à cette langueur, à cet objet hybride qui n'est pas vraiment un western avec Viggo Mortensen, pas vraiment un drame social et politique, pas vraiment du fantastique, et pourtant tout cela à la fois, à son étrangeté et sa beauté, à sa photographie et l'ampleur de son imaginaire.

(Si je peux entendre ceux qui seront exclus par les plans fixes,le rythme, voire la durée, je ne rejoins pas ceux qui trouvent le propos abscons : ce n'est certes pas explicatif mais largement déchiffrable.)

L'Homme d'argile
6.7
22.

L'Homme d'argile (2023)

1 h 34 min. Sortie : 24 janvier 2024. Drame, Romance

Film de Anaïs Tellenne

takeshi29 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Cet "Homme d'argile" est typiquement le genre de coup de ❤️ qu'on a envie de partager, parce que de telles propositions de cinéma sont rares, en particulier parmi les premiers films français.

Très compliqué à décrire, ce drôle d'objet se ressent. Car si le début rappelle un peu l'atmosphère de "La Chair de l'orchidée" de Chéreau le reste ne ressemble à rien de connu et vous aspire progressivement, on se prend à vibrer quand la magnifique "Bête" Raphaël Thiéry joue (réellement) de la cornemuse, quand la "Belle" Emmanuelle Devos transforme la chimère en réalité.

Je crois que c'est pour ça que je continue à aimer follement le cinéma, parce que c'est le seul endroit capable de me faire pleurer quand Claude Barzotti entonne "Madame"...

Fotogenico
6.4
23.

Fotogenico (2024)

1 h 34 min. Sortie : 11 décembre 2024. Comédie dramatique

Film de Marcia Romano et Benoît Sabatier

takeshi29 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Ce "Fotogenico" est de loin la plus belle surprise du moment, et en tout cas mon plus gros coup de ❤️. Parce qu'il est rare à bien des niveaux : dans une forme de liberté absolue, dans son traitement qui envoie le récit sur des sentiers délicieusement foutraques, dans son casting où Roxane Mesquida donne la réplique au génialissime et tellement sous-exploité Christophe Paou. Et puis il y a ce décalage rock et absurde pour raconter beaucoup de souffrance, ou quand un mec en slip devient inquiétant, émouvant...

Orlando, ma biographie politique
6.5
24.

Orlando, ma biographie politique (2023)

1 h 38 min. Sortie : 5 juin 2024. Essai, Société, Littérature

Documentaire de Paul B. Preciado

takeshi29 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Cet "Orlando" est un des objets filmiques les plus stimulants que j'ai vus depuis un bon moment. Car il est inclassable, ne répond à une aucune grammaire cinématographique à laquelle se rattacher. Et pourtant ce n'est jamais un tract mais un pur film de cinéma qui se renouvelle en permanence, crée des personnages terriblement romanesques, des images peu communes. Après je ne dis pas que le geste n'est pas clivant, que ceux qui découvriront ici Paul B. Preciado ne seront pas un peu perdus, mais je trouve très fort de la part d'un penseur, d'un philosophe, d'entrer en cinéma par un film bien plus basé sur le sensoriel que sur le théorique.

Le Roman de Jim
6.8
25.

Le Roman de Jim (2024)

1 h 41 min. Sortie : 14 août 2024. Comédie dramatique

Film de Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu

takeshi29 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

L'adaptation du remarquable roman de Pierric Bailly est réussie, tout simplement parce que les frères Larrieu ont eu le bon goût de mettre leur ton décalé de côté, d'assumer le mélo, donnant l'occasion au spectateur que je fus de verser quelques larmes. Et puis il y a forcément l'autre gros gros point positif, le casting : Karim Leklou est comme à chaque fois monumental, tandis que Laetitia Dosch, Bertrand Belin ou encore Sara Giraudeau lui donnent parfaitement la réplique.

Les Fantômes
6.8
26.

Les Fantômes (2024)

1 h 46 min. Sortie : 3 juillet 2024. Drame, Thriller

Film de Jonathan Millet

takeshi29 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Jonathan Millet croit au cinéma qui fait confiance en l'intelligence du spectateur, alors plutôt qu'un film-dossier scolaire il propose un thriller sensoriel, un film d'espionnage qui n'use d'aucun artifice facile. Pas de reconstitution historique, pas de scènes de guerre ni d'images d'archives, le geste remplacera souvent le verbe et c'est la bande-son qui racontera le passé, les traumatismes, le bouillonnement intérieur d'Hamid, magistralement interprété par Adam Bessa, déjà remarqué dans "Harka" en 2022.

Le cinéma français a de beaux jours devant lui quand on voit un premier long de fiction si audacieux et ambitieux.

Se souvenir d'une ville
6.1
27.

Se souvenir d'une ville (2023)

1 h 49 min. Sortie : 13 novembre 2024. Guerre, Historique

Documentaire de Jean-Gabriel Périot

takeshi29 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Après le remarquable et remarqué "Retour à Reims (Fragments)" Jean-Gabriel Périot revient avec un documentaire tout aussi passionnant, qui certes aborde le siège de Sarajevo mais surtout parle de l'image, comment elle se construit et pourquoi, dans quel but. L'image, objective ou non, comme souvenir, comme témoignage...

L'Histoire de Souleymane
7.6
28.

L'Histoire de Souleymane (2024)

1 h 33 min. Sortie : 9 octobre 2024. Drame

Film de Boris Lojkine

takeshi29 a mis 7/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Souleymane et une bicyclette à deux (Delive)roues... (cf critique)

La Déposition
6.6
29.

La Déposition (2024)

1 h 32 min. Sortie : 23 octobre 2024. Société

Documentaire de Claudia Marschal

takeshi29 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Chaque semaine de sorties possède son lot de "petits" films qui mériteraient une plus grande visibilité, et cette fois c'est très certainement cette "Déposition", sorte de "Grâce à Dieu" d'Ozon version documentaire. Mais du documentaire de création, où tout est pensé, jusqu'au dispositif, pour qu'advienne et circule la parole. Je n'avais pas eu cette sensation de vérité douloureuse depuis le très beau "Petit Samedi" de Paloma Sermon-Daï qui lui aussi parlait de dialogue et de réconciliation.

Le geste artistique comme libération, mais aussi comme un merci à ceux dont on ne parle jamais, ceux qui recueillent ces paroles et ont une responsabilité considérable dans la reconstruction ou non des victimes.

Man in Black
7.2
30.

Man in Black (2023)

1 h. Sortie : 23 janvier 2024. Portrait, Art, Musique

Documentaire de Wáng Bīng

takeshi29 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

En apparence Wang Bing signe là un documentaire qui ne ressemble pas au reste de sa filmographie, mais en apparence seulement car s'il stylise cette fois sa mise en image et chorégraphie ses plans, c'est bien encore une fois l'Histoire se la Chine qu'il met à nu, au sens propre comme au sens figuré, en recueillant les mots du compositeur Wang Xilin.

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