Les meilleurs livres de 2024 selon Clément Nosferalis
12 livres
créée il y a 9 mois · modifiée il y a 5 joursPertes et Profits (2011)
Profit and Loss
Sortie : 23 juin 2024 (France). Poésie
livre de Leontia Flynn
Clément Nosferalis a mis 10/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Voir la critique : https://www.senscritique.com/livre/pertes_et_profits/critique/308700425
Un Jardin au Japon
Haïkus de Kobayashi Issa
Sortie : 24 mai 2024 (France). Beau livre & artbook
livre de Issa Kobayashi
Clément Nosferalis a mis 10/10.
Annotation :
J'ai régulièrement dit du mal de ma librairie de ville moyenne ; mais elle avait tout de même ce beau livre. Je sais qu'estampes et haïkus sont désormais la tarte à la crème, autant que l'impressionnisme ; mais tant pis, j'aime quand même.
Anthologie classique définie par Confucius (1954)
Classical anthologie defined by Confucius
Sortie : 2024 (France). Poésie
livre de Ezra Pound
Clément Nosferalis a mis 9/10.
Annotation :
Poésie chinoise, Confucius, Ezra Pound, Jean-Paul Auxeméry, une belle couverture : on aurait dit un traquenard de la librairie Jean Jaurès (Nice) spécialement destiné à ma petite personne.
L'exercice de méta-traduction est un objet singulier ; le livre vaut aussi bien par la poésie chinoise, que par la prosodie poundienne et par l'appareil de notes auxemérien. Pour un lecteur lambda, c'est sans doute un peu ardu. Un fait marquant, c'est que la prosodie écrase le contenu pédagogique confucéen ; alors que Pound avait tout de même un projet politique lié à Confucius (mais arrimé à Mussolini), sur lequel il a tout de même insisté dans plusieurs essais, ici les jeux poétiques font que le contenu s'obscurcit, apparaît comme une énigme. Ce n'est pas un livre tranquillisant, comme le sont parfois les livres antiques, dans l'image d'Epinal qu'on se fait d'eux : sentiments plus codifiés et clairs, descriptions naturelles ; ici, tout est complexifié. On entre en ce livre comme en un mille-feuilles.
La Forme du reste (2024)
Sortie : 29 novembre 2024. Poésie
livre de Pierre Vinclair
Clément Nosferalis a mis 9/10.
Annotation :
J'ai écrit un texte sur ce livre par ici : https://anathnosfe.fr/2024/12/01/pierre-vinclair-la-forme-du-reste/
Mélusine reloaded (2024)
Sortie : 22 août 2024. Roman
livre de Laure Gauthier
Clément Nosferalis a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Voir ma critique ici : https://www.senscritique.com/livre/melusine_reloaded/critique/311875921
Petits travaux pour un palais (2018)
Aprómunka egy palotaért
Sortie : 4 septembre 2024 (France). Récit
livre de László Krasznahorkai
Clément Nosferalis a mis 9/10.
Complaintes & Co. (2024)
Sortie : mars 2024. Poésie
livre de Pierre Vinclair
Clément Nosferalis a mis 9/10.
Annotation :
Depuis la découverte récente de son blog, qui me paraît l'un des plus importants dans le créneau numérico-littéraire, je plonge dans l'oeuvre de Pierre Vinclair. Il en publie trop pour qu'on puisse les lire tous ; je lis néanmoins celui-ci, en plus de celui qui se trouve un peu plus au-dessus. C'est là aussi une œuvre de bifurcation : ce n'est pas l'opus magnus engagé avec "L'Éducation géographique". Il poursuit son exploration formelle et sa confrontation avec la vie disparate. Un jalon de plus dans cette vaste réflexion et ce vaste magna créatif. D'un intérêt certain.
Je est un autre (2020)
Septologie III-V
Eg er ein annan – Septologien III-V
Sortie : 21 mars 2024 (France). Roman
livre de Jon Fosse
Clément Nosferalis a mis 8/10.
Annotation :
Le deuxième tome est plus accueillant que le premier : même si le personnage met deux cents pages à aller poser ses tableaux dans la grande ville voisine, il se passe en vérité des choses. Ceux qui me suivent savent que moins il y a de points et d'action, le mieux je me sens ; Jon Fosse devait donc me plaire, même si je le place tout de même en-dessous des autres qu'on pourrait qualifier de "postmodernes" (cela ne signifie rien) : Krasznahorkai, Cartarescu, Tokarczuk... (Grâce à Jon Fosse, la Norvège entre spirituellement dans l'Europe de l'est). Qu'une telle littérature complexe continue d'exister souterrainement me plaît en tant que tel. Que vivent les phrases interminables et les méditations sur le rien.
L'Ordinaire de la littérature (2024)
Que peut (encore) la théorie littéraire ?
Sortie : 5 avril 2024. Essai, Littérature & linguistique
livre de Florent Coste
Clément Nosferalis a mis 8/10.
Annotation :
Ce petit ouvrage de Florent Coste a eu un succès d'estime dans le cercle intellectuel que j'aime à suivre (autour de revues comme Diakritik ou Collatéral) ; c'est par cet intermédiaire que j'en suis venu à le commander dans ma librairie de ville moyenne. Il a la fraîcheur incisive de beaucoup de livres publiés chez La Fabrique ; même quand je n'aime pas complètement ce que j'y lis (voire pas du tout, cf. ce que j'ai pu dire ici sur Houria Bouteldja), j'y trouve une puissante matière à réflexion. Ici, je dois dire que je suis dans ma zone de confort : cela commence par une critique du "Démon de la théorie" d'Antoine Compagnon, livre qui est effectivement devenu une sorte de manuel scolaire pour hypokhâgneux, et qui m'avait assez lassé durant ladite année, notamment par ses pirouettes l'amenant à ne rien défendre, à regarder d'un peu haut tout le passé théorique, sans se mouiller ; compagnon se revendiquait de Montaigne, en oubliant les avis terriblement tranchés et "radicaux" qui parsèment l'œuvre de Montaigne, et font bien plus sa saveur que son prétendu scepticisme. Bref, taper sur Antoine Compagnon est à la fois facile et réjouissant, pourquoi s'en priver ? Par ailleurs, Florent Coste a l'avantage de prendre en compte les expérimentations poétiques contemporaines, notamment de la modernité américaine et des poètes et poétesses qui s'en inspirent en France. Cela fait plaisir de lire un ouvrage théorique où Jerome Rothenberg est convoqué. Sa technique de l'essai est dans le genre de ceux que j'apprécie. A la longue, le collage de citations et de noms d'artistes a néanmoins tendance à lasser ; je ressens le même problème chez Georges Didi-Huberman et Giorgio Agamben, deux auteurs qui manient l'essai de la même manière. Cela n'empêche pas le livre d'être nécessaire, plus que digne d'intérêt.
Premières secousses (2024)
Sortie : 5 avril 2024. Essai
livre de Les Soulèvements de la terre
Clément Nosferalis a mis 8/10.
Annotation :
Je l'ai pris pour m'informer, par intérêt politique, en craignant quelque peu, du fait de l'édition par La Fabrique, un texte aux envolées lyriques échappées du réel, comme chez Le Comité Invisible ou Tiqqun. Il n'en fut rien. Ce texte est digne d'un très grand intérêt par son aspect factuel. L'essentiel du propos est construit comme un rapport sur trois ans d'existence d'un mouvement politique. Le lyrisme n'est jamais loin, on sent que des tics stylistiques veulent pointer leur nez, mais que, dans l'écriture collective, les lyriques ont été redressés par les terre-à-terre : les jeux de mots, métaphores, anaphores et punchlines en tout genre restent limitées. Ce point paraîtra anodin à certains, alors que c'est significatif : Les Soulèvements de la terre se constituent comme un mouvement mature, connaissant avec précision les sujets et les terrains à défendre, conscient de ses actions, tout en n'arrimant pas tout à une théorie d'ensemble qui préexisterait à l'action. Le Comité Invisible et Tiqqun donnaient l'impression qu'il fallait agir pour "vivre un truc", expérimenter une vie plus intense grâce à l'occupation et l'action (en somme, malgré les références marxistes et libertaires, cela donnait l'impression de bourgeois en goguette dans des squats) ; Les Soulèvements de la terre donne l'impression d'avoir un but autrement politique. Lire ce livre permet de faire un point sur les luttes politiques de ces dernières années. Cela sera utile à tous, bien au-delà de la gauche dite radicale. Si cela peut en convaincre certains, c'est encore mieux.
Selon les sources (2024)
Sortie : 2024 (France). Poésie
livre de Esther Tellermann
Clément Nosferalis a mis 8/10.
Contre la littérature politique (2024)
Sortie : 19 janvier 2024. Essai, Littérature & linguistique
livre de Pierre Alferi, Leslie Kaplan, Nathalie Quintane, Tanguy Viel, Louisa Yousfi et Antoine Volodine
Clément Nosferalis a mis 7/10.
Annotation :
Le recueil a l'avantage de présenter des styles et des pensées très différentes.
Le texte de Pierre Alferi m'a semblé de loin le meilleur.
Nathalie Quintane m'irrite, mais elle est sans cesse percutante ; son texte est sans doute celui qui donne le plus de matière à penser.
Leslie Kaplan offre un texte d'une douceur violente, je ne sais que vous dire d'autre, sinon que c'était bien.
Tanguy Viel donne l'impression de s'encanailler. Il est authentiquement de gauche, mais on sent qu'il ne souhaite pas trop se mouiller, qu'il garde une porte ouverte pour le prochain Goncourt, voire pour l'Académie française.
Le texte d'Antoine Volodine est sans intérêt.
Quant à Louisa Yousfi, il est indéniablement beau, d'une construction en miroir faite pour me plaire. Néanmoins, l'association d'Achille avec le contexte palestinien (c'est plus complexe dans le poème) fait qu'à la fin, la boucherie commise par Achille s'assimile à un appel au massacre des Israéliens. J'ai quand même trouvé ça un peu gênant.