Trois mois après la sortie de La Vie est belle, premier single décevant en tout point - dont vous pouvez retrouver ma critique ici - illustré par un manque d'inspiration, une fainéantise à peine cachée et évoquant un prochain album désastreux, une question de posait alors : où se rend le groupe ?
Les premiers singles d'Indochine n'ont jamais été glorieux, on se souvient encore de Punker ou encore plus récemment Memoria, telle une tradition, le premier single de 13 ne représente pas l'étendue de ce nouvel album. C'est à se demander non seulement comment un tel titre a été sélectionné pour ouvrir les hostilités, et comment elle peut figurer dans la liste définitive. 13 est un pavé dans la mare, un album qui traverse toute la discographie du groupe, le signe d'un album-posthume ?
Un grand nombre de collaborations et de duos marquent l'ensemble des titres, synonyme de qualité ? Pas vraiment, Mickaël Furnon a déçu avec La Vie est belle (preuve d'une tentative ratée de recréer un second J'ai Demandé à la Lune), Asia Argento fait pâle figure dans Gloria, par extension le clip du premier single (où elle officie comme réalisatrice) est un désastre, la plume de Jean-Louis Murat (pour Karma Girls) a quelques faiblesses tandis que Chloé Delaume n'impressionne personne avec Suffragettes BB.
C'est du côté des petits nouveaux que surgit la surprise, Renaud Rebillaud tout d'abord avec la sublime composition Song for a dream, indéniablement l'une des merveilles de cet album puis, Tomboy I, en featuring avec Kiddy Smile, "prince du voguing français". Tomboy I est LA pépite de 13.
Si Black Sky donne la couleur entre noirceur, souffrance et mort (mais aussi espoir), elle permet également de rendre compte du virage entamé par le groupe de Nicola Sirkis - dont les paroles n'ont jamais été aussi décevantes - avec une voie électro et un retour aux sonorités new wave. Mention pour Suffragettes BB, comme sortie tout droit des années 1980. L'espace sonore au début de Kimono dans l'ambulance n'est pas sans rappeler Le Péril jaune. De plus, l'âme de Dominik Nicolas semble planer sur cet album, notamment sur Un Été français, teinté de fraîcheur.
Comme toujours, Indochine ré-explore les mêmes thématiques ; l'adolescence, le transgenre, l'homophobie, le racisme mais aussi la politique, une fois de plus, Un Été français se démarque pour sa dénonciation "Froid national". Doit-on revenir sur Trump le Monde, bonus-OVNI ? Toutefois, 13 possède une fougue plus que bienvenue et perdue depuis Paradize, en témoigne la brillante Station 13 qui pourrait aisément être diffusée en discothèque.
Le plus grand défaut de 13 réside dans son manque d'identité. Jusqu'ici, tous les albums avaient leur propre univers, leur propre patte, leur propre image. 13 se perd entre l'ambiance electro-pop-dark symbolisé par le nouvel emblème définit d'un mix Black City Parade/Paradize et le groupe d'enfants sur la pochette censé représenter l'univers de l'artiste Henry Darger. Venant d'Erwin Olaf, la nouvelle couverture est une déception et ne rend pas hommage au photographe de talent.
Cette division est à l'instar de l'enchaînement des titres : une première partie très electro pour une seconde plus pop-rock. Cette dernière nous rassure sur un point : Boris Jardel et Marc Éliard seront bel et bien actifs sur scène pour assurer le show.
13 est une pièce intéressante, une traversée du temps, un one shot du "Tout Indochine" tout en réussissant à se calibrer sur une ère contemporaine. Néanmoins, le groupe phare - qui va bientôt signer ses quarante ans - est en perte de vitesse. Loin d'être une révolution musicale pour Indochine, qui signe peut-être l'un de ses moins bons travaux avec le recul, 13 mettra tout le monde d'accord, fans ou moins fans.
Peut-être est-ce vers quoi se tend Nicola Sirkis ? Une fin en communion ?