Comme toujours, les fans de la première heure adoreront. Comme toujours les détracteurs détesteront. Je ne suis ni l'un ni l'autre.
J'installe cette délicieuse galette sur ma platine en contemplant cette pochette mystérieusement revendicatrice et j'ouvre mes oreilles.
Dès la première lecture, le coup de foudre est immédiat. Indochine livre un album coloré, généreux et transportant. Que c'est bon, j'en veux encore.
Malheureusement, cet album est un peu comme un biscuit apéritif : mettre la main dedans oblige à finir le paquet jusqu'à satiété. Concrètement 13 s'écoute une fois, pas deux.
Derrière un bon vieux rock pseudo alternatif, Indochine réchauffe ses mélodies emblématiques à toutes les sauces en y ajoutant à foison des sonorités électroniques, pop et même new wave. L'instru reste qualitative et jouissive. On repensera au doux parfum des tubes passés et l'on se surprendra à découvrir des saveurs pop rock électro plus actuelles, communes mais néanmoins soignées.
Le principal problème de cet album c'est la voix de Nicola : trop faible, trop hésitante et trop souvent proche de la fausse note. Oui, il n'a jamais été un chanteur à voix, ça on le savait déjà.
Toutefois ce chant faiblard vient littéralement éteindre la plupart des morceaux. Cette voix fragile, presqu'à bout de souffle, balaye considérablement le punch du rock et ôte le mystère et la magie des touches électro.
Le deuxième problème c'est le texte. Autrefois Indochine flirtait élégamment avec le poème surréaliste. Aujourd'hui, cet essai se transforme en un écrit candide et hâtif. Biensur qu'un texte ne se réduit pas qu'à sa rime mais sur cet album, j'ai eu la sensation qu'un enfant de huit ans avait posé sa plume. Rien a de cohérence, rien ne transporte. Pire, j'ai eu le désagréable sentiment qu'on venait coller des mots ici ou là juste pour "faire bien" avec la musique. Des phrases entières n'ont aucun rapport avec les thèmes évoquées dans l'ensemble des paroles. Des rimes faciles et pathétiques s'insèrent au milieu de textes insipides et parfois stupides.
J'avoue ne pas réussir à différencier un "Black City" d'un "13" si ce n'est sur la pauvreté des paroles du nouvel opus. Indochine reste fidèle à Indochine et recycle ses bonnes vieilles rythmiques jusqu'à l'épuisement. Un première écoute très plaisante, une suivante déplaisante. Attention Messieurs, il ne suffit pas de faire des prix sur les places de concert pour remplir les stades, il faut aussi un minimum de fond pour faire déplacer les foules. "Tous mes héros sont morts", effectivement, on sent la panne d'inspiration.