N'importe quel amateur de Pop art serait ulcéré à l'écoute de cet album faussement conceptuel. Derrière une pochette plutôt bien réalisée signée du grand Koons se dissimule désordre et vide abyssal.
Porté par une promo totalement désastreuse bâclée et ratée "Artpop" est un bouillon brouillon rance et indigeste où dans cet étrange menu, rien ne semble cohérent :
En effet, "Applause" premier single de l'album est un parfait exemple d'un manque de travail de fond et d'un manque cruel de cohérence. Au travers d'un clip mégalomane, l'artiste procède à la destruction du personnage Gaga puis à sa renaissance puis à sa rédemption et enfin à sa mort. En fait on ne sait plus trop. Le clip se noie dans les métaphores douteuses et incohérentes. Néanmoins "Applause" reste l'un des morceaux les plus audibles de cette oeuvre. Une pop dance saccadée et calibrée pour les radios.
Dès la première chanson de cet opus, Lady Gaga nous impose l'insupportable "Aura" mélange d'euro dance électro, de techno et de pop psychédélique. Cette première mixture déroutante plonge l'auditeur dans un chaos sonore rarement égalé dans la musique pop américaine.
A l'instar d'"Aura", "Swine" est une véritable erreur musicale. Hurlements, saturation excessive des instruments, techno bas de gamme, cette chanson est à éviter pour les personnes dont le coeur est fragile.
L'oeuvre s'essaye ensuite à une musique plus urbaine qui rappelle les premières collaborations de Lady gaga avec des artistes aux influences r'n'b/soul/rap.
"Do what u want" est un morceau plaisant mais assez quelconque. L'absence de clip et/ou l'autocensure montre, une nouvelle fois, à quel point l'oeuvre ARTPOP manque de cohérence et de fil conducteur. Malgré un duo assez qualitatif avec R. Kelly, Lady gaga ajoutera ensuite un featuring avec Miss Aguilera. Une version 2.0 qui démontre à quel point l'artiste doute de son oeuvre.
"Jewels N' Drugs" est assez coloré et offre un mélange de style intéressant. Basses lourdes, instruments graves, Gaga sort l'artillerie et livre un morceau Pop/rap acidulé.
Heureusement, tout n'est pas à jeter dans cet album. "Dope" est une merveille, calme, grave et solennelle, cette balade contemporaine dépeint un sombre tableau dans une intelligente sobriété. L'auditeur retrouve l'agréable et apaisante nudité de la voix de Lady Gaga.
"ARTPOP" chanson du même nom que l'album est sans doute l'une des meilleures de cet étrange album. Guidé par une rythmique tantôt eighties tantôt électro, le morceau est une énigme. Pas vraiment dansant, pas vraiment calme, une ambivalence intéressante qui crée une saveur particulière lors de l'écoute. On aimera cette chanson sans vraiment être capable de la fredonner sans la musique en arrière plan et c'est ça le plus intéressant.
On retiendra le très électrique "Mary Jane Holland" aux paroles douteuses mais qui rappellera terriblement l'époque de "Born this way". On évitera aisément le catastrophique "Donatella" qui ne présente aucun intérêt musical (même Corona faisait mieux il y a 20 ans). On s'insurgera en écoutant "Fashion" qui puise son inspiration du côté de chez Bowie pour transformer certains sonorité de ce génie en une bouillie infecte et presque honteuse.
"ARTPOP" serait-il trop travaillé ou pas assez ?