Car c'est ici tout ce dont il s'agit. Du FUN. Suite au succès populaire en demi-teinte, et ce malgré un marathon promo surhumain, de Born This Way, GaGa nous promettait un album léger, sans prise de tête, ayant pour but de nous faire danser et passer un bon moment. Derrière un concept tiré par les oreilles (foutre l'art dans la pop, aka l'inverse du concept artistique inventé par Warhol), l'album vaut-il le détour ?
Nous sommes en 2013, et la concurrence en matière de musique pop est rude (Britney Jean ^.^). GaGa, après avoir dû annuler sa tournée mondiale suite a un problème de hanche, après avoir fait la chèvre nue dans les bois avec sa nouvelle BFF Marina, se décide enfin à lancer la machine ARTPOP. A peine Applause, le lead single, fut lâché à ses fans que déjà les voix s'élevèrent. "Vendue !", "Elle a vendu son âme au diable !", "le titre est nul !" sont autant de phrases gentilles entendues à l'époque. Et pourtant le titre est loin d'être mauvais. Une fois la surprise passée, on se surprends à fredonner le refrain, à être admirateur de cette théâtralité si chère à GaGa qu'on retrouve ici de façon remarquable dans les couplets.
Jusqu'à la sortie de l'album, les surprises furent nombreuses. Tout d'abord, la performance de 6 nouvelles chansons lors du Itunes festival. Si sur le papier cela pouvait être une bonne idée, dans la pratique on voit bien que la plupart des morceaux étaient bien plus puissants lors de ce live qu'en version studio... le malaise. Ensuite, la révélation de la cover de l'album. Ici encore, les avis étaient mitigés. On aime ou on adore. Personnellement, et après coup, je pense que la pochette correspond parfaitement à son contenu, donc objectif atteint.
Commençons par le négatif. Musicalement, on est très loin de la perfection de l'album précédent, qu'on soit d'accord. L'album sonne comme une compilation de chansons à la production grossière, voire de démo pour certaines chansons : Dope en est le parfait exemple. Cette chanson aurait pu, si elle avait été travaillée suffisamment, être une magnifique ballade. Au lieu de ça, non seulement la production étouffe complètement l'auditeur, mais en plus de cela l'interprétation poussive de GaGa la rends inssuportable. La chanteuse décrivait son album comme une véritable rave-party prête à nous exploser dans les oreilles, et cela aurait pu être vraiment un excellent album si cette idée était restée le fil conducteur de l'album, à défaut d'un concept fumeux. Car ici, les styles se bousculent autant que nos jambes sur le dancefloor : de l'expérimental pour les fans hardcore (Aura, Venus), un ersatz de Rap complètement râté (Jewels n Drugs); du R'n'B un peu trop passe-partout (Do What You Want) et un espèce de rock bas de gamme à la production sage façon 'vierge du village' (Manicure). Car le véritable problème de l'album réside dans son choix discutable de certains morceaux. On sent clairement que l'idée initiale de rave-party a été changée en cours de route par la maison de disque suite au succès trop 'relatif' du lead single.
Mais quoi qu'on en dise, GaGa reste fidèle à elle-même. L'écriture, bien que maladroite, est assez interessante. Certains morceaux resteront comme des titres phares dans son repertoires. Je parle de Venus, première production de GaGa elle-même, nous rappelant les meilleurs moments disco des 4 suédois ; ARTPOP, morceaux planants dont on ressent toute la puissance lors des lives piano-voix (A voir absolument, son live au Tonight Show) ; Mary Jane Holland, véritable OVNI fantôme de la période Born This Way, sûrement le meilleur morceaux de l'album. Et quoi qu'on en dise, c'est dans les morceaux les plus poussifs, ceux où la Lady va jusqu'au bout de son délire, qu'on s'amuse le plus. Swine en est le parfait exemple.
En conclusion, si l'album souffre d'un manque de cohérence stylistique, d'une production grossière et d'un concept branlant, il n'en reste pas moins un très bon album, où l'excellent côtoie le très mauvais. GaGa a su étendre un peu plus son univers, et nous a offert une nouvelle tripotée de chansons tubesques à souhait.
'Enigma postar is fun' nous promettait-elle. Mission accomplie.