Je ne suis pas fan de la rubrique nécrologique, mais les circonstances font que parfois tu te prends des mandales dans la tronche, et ça te fait vieillir. Donc le kid de Minneapolis a décidé de tirer sa révérence, la même année que David Bowie (?) Qu’elle année…Et c’est pas finit… Beaucoup d’artistes sont partis depuis janvier, que ça fait penser qu’on est dans la merde. C’est bientôt la fin du monde, et ils ont tous décidés de se casser pour ne pas voir ça ? C’est ça ? Voile pourpre sur ma critique.
1999, un de mes albums princiers favoris. Question de goût, d’esthétique, de production, d’univers. Un bijou où notre homme orchestre est en pleine possession de ses moyens, et libre, et ça lui donne de l’inspiration (qui n’existe pas). 1999, morceau culte. Ouverture millénariste, festive, le passage au second millénaire, mais vu à l’envers, par la danse, et la boule à facettes. Dansez, comme si on était en 1999. C’est toujours valable. On ne sait pas ce que ce monde de pute nous réserve, alors dansez ! Une voix de fausset, ou de gamin mal élevé, au choix. Aucun respect. Morceau de 1982, qui parle de l’an 2000, et la fin du monde, comme s’il en avait rien à faire de la fin du monde. Sauf qu’on est toujours là. Alors on va danser : « Like it’s 1999 ». Culte. Mélange de D.I.S.C.O et de funk. Intro céleste, avec des synthés datés et translucides. Il a du culot le gamin...
Litlle Red Corvette. Tube légendaire. Mélodie géniale. Simplicité désarmante, et le refrain qui rendra jaloux n’importe quel songwriter en manque d’inspiration. Ce refrain clair comme de l’eau de roche, me rend jaloux….Rien à ajouter. La pop trépidante de Delirious. Ou le généreux : Let’s Pretend We’re Maried. Notre stakhanoviste surdoué c’est décidé à faire des choix. Il a viré tous les morceaux qui manqueraient d’originalité. D.M.S.R pour : Dance, Music, Sex, Romance. Carré, à l’américaine. Les parties de batteries, se mêlent à la boîte à rythme. Le séduisant : Automatic. Funky et pop à la fois. Ou le surpuissant : Something In The Water. 9 minutes 24 de pur groove. Un de mes préférés. Ce motif hypnotique à la charley, cette mélodie lumineuse, ce synthé « aquatique », ces chœurs multiples.
Voilà l’album où se concrétise le fameux son de Minneapolis, qu’il a créé (de toutes pièces), et peaufiné par des heures de travail de studio, jusqu’au bout des ongles. Voilà les années 80, mais vues par un self made man in the studio. Pur album home studio de référence. Prince met au goût du jour, l’album pop fait maison. Il sera livré clé en mains au producteur, qui n’aura plus qu’à faire son « travail », le vendre. La création c’est pour les artistes, uniquement, les producteurs n’ont pas leur mot à dire là-dessus. Ils n’ont qu’à faire leur travail, vendre. Il était déjà mal parti, Prince (LOL). Jaloux de sa liberté, conscient de son talent.
D’où le refrain : Dance. Music. Sex. Romance. Répété X fois, sur un tempo langoureux. Et une batterie qui se transforme en percussion... Et avec des mains qui tapent, c’est tout. 8 minutes ! C’est tout, mais quel groove ! Impressionnant. Et encore une fois, je me tâte pour savoir comment il arrive à faire ça, c’est-à-dire tout faire tout seul, comme un seul homme-studio. Tous les instruments, voix, chœurs, programmation, arrangements, post-production, pochette. Ça calme ! Et ça peut faire peur aussi.
Free. Le slow princier, avec un titre princier. Presqu’un piano voix. La disto de la guitare électrique perdue dans le lointain. Morceau tenu par son rythme binaire, et superbement construit. Il s’enrichit imperceptiblement, tout en restant « simple ». Puis mon autre coup de cœur/chœur. Lady Cab Driver. Choix subjectif. Á ce niveau de qualité, tous les choix se valent, et chaque morceau m’apporte un truc. J’adore cette caisse claire, ces pêches au clavier, cette danse rythmique qui n’est pas loin d’exercer de la fascination. Du grand Art, au milieu des klaxons des voitures qui passent en ville : « Hé ! Taxi ! »
La boucle se boucle, avec le prémonitoire: All The Critics Love U In New-York. De la techno sans le dire. Le son d’une machine qui transpire comme un train qui rentre dans la gare du groove. Les riffs très rock à la guitare. Les arrangements aérés qui font que ça respire…on a autant envie d’écouter que de danser. International Lover. Slow final qui va faire fondre les ladies, beaucoup de ladies. Notre lover se lance dans des excentricités vocales. R.I.P Litlle Richard. Chapeau l’artiste, il a du talent, et connaît l’histoire de la musique noire américaine sur le bout des doigts. Revisiter la funk, la mêler au rock, séduire comme avec de la pop, auteur-compositeur-interprète accompli. Qui dit mieux ? Chapeau. Fantaisiste, (voir la pochette pourpre). Pourpre pour porno ou deuil ( ?) Habile, habité, habilité. Voilà l’idéal album alternatif des années 80 pop ; une alternative aux super productions formatées, sans une once de créativité dont nous ont abreuvés les studios à l’époque. Ils continuent d’ailleurs…
Rare sont les artistes à avoir eut leur propre couleur. J’ai entendu ça à la radio, parmi le concert de louanges, suite au deuil international qui suivit la mort de la légende. Quelqu’un qui arrive à prendre une couleur aussi importable que le violet, et arrive à la rendre aussi sexy chocolat…pas de doute. C’est un génie.