Critique de 200 Tons of Bad Luck par 122
Des intentions louables, de bonnes idées, mais une réalisation bien trop approximative pour convaincre. Bien en musique de fond, chiant à écouter attentivement.
Par
le 26 mai 2012
200 Tons Of Bad Luck est certainement le meilleur album de Pink Floyd depuis Animals. Sauf qu'il a été joué par Crippled Black Phoenix, un super groupe de bras droits (Justin Greaves batteur d'Electric Wizard, Dominic Aitchinson, bassiste de Mogwai).
On se souvient bien de A Love Of Shared Disasters, le premier essai du groupe paru en 2007 ; mais derrière l'ambiance poétique, le style bigarré, entre progressif, pop et folk, on peinait à trouver une vraie matière. Un bordel séduisant, sans aucun doute, parfois beau, mais qui avait du mal à exister en dehors de son concept.
200 Tons Of Bad Luck, au contraire, est avant tout une collection de "vraies" chansons. Superbement construites, épiques, et qui dressent un pont d'or entre le meilleur du rock progressif (des constructions chiadées, évolutives mais jamais emphatiques) et une sorte d'idéal post-rock (sobriété et mélancolie). C'est tout de suite évident, on retrouve vite dans la production et les arrangements tout le charme des compositions du disque précédent (l'instrumentation foisonnante, les samples inspirés, un travail sur le son splendide). Mais dans ce nouvel opus, c'est définitivement l'écriture qui a pris le pas sur l'ambiance. Et on se régale, on se laisse véritablement porter par ces mélodies à tiroir, cette voix lyrique, ces soli flamboyants...
Les Crippled Black Phoenix nous offrent ainsi le plus beau voyage dans le temps de l'année 2009, nous faisant revivre l'audace du Floyd à son meilleur. Et c'est là toute la puissance de 200 Tons Of Bad Luck : l'album fait vibrer intelligemment la corde nostalgique, en étant volontairement anachronique, mais n'oublie pas de composer des chansons originales, qui ne s'écrasent jamais sous le poids de ses influences.
Justin Greaves, amiral de ce gigantesque vaisseau pirate peuplé de musiciens talentueux, a réussi le pari fou de nous faire naviguer en toute quiétude sur des eaux tour à tour apaisées et tourmentées, dans un autre siècle. Coup de maître, s'il en est, et agrémenté s'il vous plaît d'un artwork magnifique. Soyons clairs, cela n'est en rien innocent au plaisir que l'on prend à sortir et ressortir ce disque de sa bibliothèque: car les Crippled Black Phoenix savent nous rappeler, en ces temps de dématérialisation, que la musique, quand elle est assortie à un bel objet, peut gagner en beauté.
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Créée
le 29 août 2018
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