La salle de procès qui introduit Les Chambres rouges est d'un blanc immaculé et incarne aussi bien l'inoffensivité de son propos que le vide existentiel qui traverse son héroïne Kelly-Anne. On ne peut évidemment pas reprocher à Pascal Plante de ne rien montrer puisque son propos est précisément le contre-champ du procès de ce serial-killer abominable (Ludovic Chevalier), et en particulier le parcours de deux "groupies" du-dit serial killer. Deux groupies comme deux coquilles vides qui s'opposent comme des aimants : l'une (Clémentine) se perd dans l'émotionnel quand l'autre (Kelly-Anne) cherche désespérément à donner un sens à sa vie en allant fouiller les tréfonds du dark web (quête de sens qui prend une tournure carrément ridicule lorsque Kelly-Anne se déguise comme l'une des victimes pour assister à une audience).
Ce que l'on reprochera davantage au réalisateur Canadien, c'est donc plutôt qu'il n'a rien à dire. Rien à dire sur la marche d'un procès, laborieusement résumée en introduction par une procureure et un avocat de la défense dont les discours ont été entendus mille fois dans n'importe quel autre série ou long-métrage de true crime. Rien à dire non plus sur son serial-killer qui, dans la logique de la démarche de Plante, est montré comme absent à lui-même et aux autres. Et enfin, plus grave, rien à dire sur ses deux protagonistes féminins dont il y avait pourtant tant à attendre. Le film se clôt d'ailleurs ironiquement sur le début d'une interview de Clémentine qui avoue dans la douleur être tombée amoureuse de Ludovic Chevalier, au point de devenir aveugle aux preuves l'accablant.
Que reste-t-il donc de ces Chambres rouges sinon une semi sieste ? Sans doute la belle musique de Dominique Plante, la soeur de Pascal Plante, qui relève à peu près toutes les scènes qu'elle illustre. Et puis aussi ce regret de ne pas avoir trouvé là de successeur à l'un des seuls grands films tournés sur le snuff movie : Tesis de Alejandro Amenábar. L'envie irrépressible aussi de se replonger dans l'oeuvre du Stephen King Canadien, Patrick Sénécal qui, il y a 15 ans sortait le sulfureux Hell.com, autrement plus terrifiant et glaçant que ces aseptisées Chambres rouges.