FIP, une nuit comme une autre en voiture. L’oreille se dresse à l’écoute d’un bel arpège de guitare réhaussé par un arrangement rythmique somptueux. Et puis cette voix. Aussi nul sois-je en blind test, inutile de mettre Shazam en route, c’est Vampire Weekend. Et ce titre, « Hope », c’est le dernier de leur nouvel album, Only God Was Above Us.

Ce morceau, et son titre en particulier, qui se révèlera comme le meilleur du disque, entre en résonance avec mon expérience personnelle concernant Vampire Weekend : à chaque nouvelle sortie, j’essaye de me convaincre que tout le tintouin médiatique autour de ce groupe est mérité. J’ai l’espoir, donc, disque après disque, que Vampire Weekend aille au-delà de son statut de producteurs géniaux (sur ce point, c’est absolument indéniable, ils sont talentueux, leur son est identifiable entre tous). Chaque fois je me régale avec leurs singles aux petits oignons, chaque fois ils me perdent en route avec ces quelques chichis mélodiques et/ou d’arrangements qui sont aussi, il faut le dire, leur marque de fabrique. Leur plus grand défaut pourrait sans doute se résumer à cet adage : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.

Autrement dit, leur plus grande force, la production, est sans doute aussi leur plus grande faiblesse. L’édifice de Only God Was Above Us qui commence très bien avec la triade « Ice Cream Piano », « Classical » et « Capricorn » commence à se fissurer avec « Connect » où l’on reconnaît immédiatement les travers de Vampire Weekend : quelques démonstrations inutiles de virtuosité, des partis-pris de production aussi ingénieux qu’hasardeux et surtout contre-productifs. Dès lors, plus rien ne fonctionne plus aussi bien (on croit au retour en grâce avec « Gen-X-Cops » mais le morceau ne se révèle pas aussi enchanteur que les trois premiers) jusqu’à cette clôture magistrale, qui résume tout le pouvoir émotionnel et le génie mélodique qu’est capable de déployer Vampire Weekend : « Hope ». Oui on l’espère, un jour Vampire Weekend le sortira, ce chef d’œuvre. Parce que ce groupe en est capable.

Francois-Corda
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le 7 mai 2024

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François Corda

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