Ils font ce qu'ils peuvent
En fait Bon Jovi est un groupe qui me fait de plus en plus de peine avec les années qui passent car je les trouve tout simplement trop usés. Bon, le line-up a évolué avec les années c'est sûr, mais...
Par
le 2 oct. 2020
9
Vu l'âge de son leader à ce groupe si cher à mon coeur et comme tout a une fin, j'estime probable deux derniers rendez-vous après celui-ci, lecteur.
Comme moi, j'espère que tu as hâte...
Car tu as hâte n'est-ce pas ? Sinon pourquoi viendrais-tu t'emmerder jusqu'ici ?
Un accident ? Impossible. Non moi je crois que tu as consciencieusement tapé « Bon Jovi 2020 critique » sur ton clavier.
J'y vois d'ailleurs trois probables raisons.
Soit pour te rassurer quant au fait que ce nouvel ouvrage made in Jon & Shanks est à la hauteur de tes maigres espérances ou du moins te rappelle (un peu) tes illusions perdues.
Soit te convaincre du fait que, non, ce n'était pas juste toi, cet album est un mauvais album de Bon Jovi.
Soit pour t'assurer enfin, qu'un autre ait eu la jugeotte de dénigrer ce que tu considères être une infamie, cet album étant surtout un mauvais album tout court, devant être dénoncé ; ainsi espères-tu ne pas avoir à le faire et perdre ton temps. Chic.
Alors ?
Alors ?
Comme j'admets mes torts très facilement, ma précédente introduction sur la chronique de Burning Bridges était certainement trop longue.
Alors cette fois je vais y aller en deux temps. Faire conçis avant d'allonger, que tu puisses te carapater à toute vitesse si mes émotions profondes et mon opinion exhaustive ne t'intéressent pas... C'est tout à fait possible tu sais, je donne cette impression d'agacement à beaucoup de gens. Surtout quand il est question de Bon Jovi. Alors n'ait aucun scrupule et s'il me faut te la faire courte, nous sommes ici face à un disque... Correct, qui parfois surprend.
Si tu n'aimais pas le nouveau son U.S ''plan plan gna gna'' du groupe (car j'entends d'ici les râleurs), 2020 ne te fera possiblement pas changer d'avis.
Si tu aimes bien le nouveau son U.S ''plan plan gna gna'' du groupe en revanche... Ce n'est pas pire. Au contraire un peu mieux.
Ça ressemble à Burning Bridges en plus énervé. À la limite hein, si je dois donner un ton à l'album.
Voilà, voilà. Pas de quoi.
Je m'adresse maintenant à ceux qui veulent en savoir plus ou pire, ont courageusement bravé l'ennui de mes deux autres critiques sur le sujet.
C'est un plaisir de te retrouver, mon pote. Ou ma potine bien sûr, on va pas chipoter ; oui je vous tutoie. Un par un. Tu devrais le savoir maintenant, j'aime l'intimité. Et tu m'as un peu manqué.
Faut dire ça fait quoi. Trois, quatre ans ?
Tu me répondras peut-être « il s'est pas trop fait chier Jon ces derniers temps pas vrai ? Une grosse tournée certes, mais que des classiques de sa voix usée ».
Mouais, m'enfin tu oublies le bénévolat pour sa fondation, la politique américaine - mate moi cette patriotique jaquette over the top - sur laquelle il s'est senti d'intervenir par l'oral et les problèmes du bon peuple pour qui il s'investit...
Mine de rien il n'est pas resté inactif le monument national. Un agenda rempli de choses à faire puis de mots à coucher sur instrumentaux. Moins personnels cette fois, les mots, plus globaux.
Pourquoi pas nom d'un Jésus. L'essai de 2016 se poursuit et c'est assurément un argument qu'il peut faire valoir cette année encore.
Troubles post-traumatiques de soldats finissant suicidés, violentes émeutes sociales, tueries collégiales de masse et immigrants sacrifiés, laissés pour morts par des autorités tout bonnement incompétentes...
Oui, les textes sont majoritairement bons, juré.
Il y a quelques fautes qui font tâche, vrai de vrai, mais du reste, ça cause pas pour ne rien dire. Et ça c'est bien.
C'est très bien.
Sauf que voilà, un interview récent m'a titillé les oreilles tu comprends, lecteur ?
Durant l'entretien Jon affirmait « there's many social issues on this record, it's not just a big rock record »...
Oui et non gars, j'ai envie de te dire.
« Big rock, dude ? Really ? »
Qu'on ne se méprenne pas, j'aime ce qui n'est pas puissant. Sans être mélomane j'estime être éclectique dans mes goûts. Mais là, Jon ment spécifiquement sur le Big Rock, et je me dois de dénoncer son mensonge. Pour toi lecteur, par sympathie pour ta belle tête de curieux que je ne rencontrerai jamais.
Tu trouvais que This House Is Not For Sale était raisonnablement pêchu ? Admettons. Dans ce cas, 2020 fera le café. Tu peux y aller les yeux fermés.
Sinon, bah t'es encore plus mal barré...
Parce qu'il avait pléthore de balades le prédécesseur, ce n'est pas faux.
Mises bout à bout avec les Bonus Tracks cependant, t'en avais pour une heure trente de musique soit approximativement quarante minutes de rock aérien dans le lot.
Là, t'en as dix pièces pour un total de cinquante minutes, balades incluses.
Comme je suis pas salaud, ni rageux, je vais t'avouer que ces dernières passent néanmoins vachement mieux que sur House.
Story Of Love pose une lente ambiance feutrée, ponctuée de beaux accords au piano ouvrant sur un vrai solo. Peu inspiré quoique pratiquement sublime dans le contexte d'une balade à Bon Jovi aujourd'hui. Lancinant, étendu...
Yup, m'ont bien eu ces cons, comme un fan corruptible qui n'y croyait plus. Ça m'apprendra tiens. « Enchaînes Shanks. »
Pour Blood In The Water, probablement ma piste favorite, point de solo d'envergure mais une musique sérieuse et un texte qui fait pas mal écho à Dry County...
Le texte donc hein, pas la musique t'emballes pas. Quand bien même elle demeure de qualité.
C'est chaud d'ailleurs comme en première écoute 2020 ne sonne ni résolument rock, ni résolument pop. Ça trouve son identité au bout de la course, après un apprivoisement délicat.
What About Now était un excellent album pop immédiat par exemple, tu vois. Et si tu ne l'avais pas aimé alors, je t'invite à y jeter une nouvelle oreille attentive en oubliant le genre que lui ont attribués ces vendus de disquaires.
Je réaffirme qu'il est grave cool, What About Now, plein d'idées.
Pas 2020.
[Nuance] Enfin pas au début... Pas forcément ; là je m'adresse plutôt à toi, qui préfère laisser tomber trop vite ou te méprendre sur mon appréciation.
Tu pourrais être amené à penser que Jon aurait aussi bien pu faire toute la galette a cappella ou accompagné d'acoustique, un petit piano en fond sonore, que cela aurait été plus honnête voire artistiquement légitime.
C'est vrai non ? « Quitte à les enrober de cette manière si peu ambitieuse, Jony boy, balance nous tes lyrics crus et fait pas semblant d'être redevenu un compositeur quoi ».
Et bien calme toi, lecteur, respire... et prends patience. Réessaie.
En plus d'être engagé et d'une maturité qui sied parfaitement à Jon et sa prochaine soixantaine ne nous rajeunissant pas, 2020 dispose d'arguments musicaux plus aboutis que sur House, moins immédiats.
Moins pop, en fait.
Tu te souviens d'ailleurs que je citais Burning Bridges au début ? C'est pas anodin, non non. On est face au meilleur travail du groupe sous Phil Xenidis [nouvel employé guitariste] pour cette décennie.
Évidemment, si tu estimes que Burning Bridges est plat, sans âme et ne proposant d'éclat d'aucune sorte (alors que ce n'est qu'à moitié vrai) je ne peux rien faire pour toi. Et même, passes ton chemin.
Car ce n'est sans doute pas évident à première vue, mais Lower The Flag est un sacré bon morceau, une composition solide.
Brothers In Arms également, doté d'un riff rock n' roll et d'une vibe d'antan sonnant telle une démo des années 90 en moins acéré.
Quant à Unbroken, vibrant, grave, il dispose d'un rendu plus intéressant que dans la version dévoilée depuis quelques mois, pour ceux connaissant déjà le morceau... C'est subtil mais c'est bien là. Et meilleur.
Restent Limitless, le pire titre de ce cru si je puis me permettre. Selon moi, tout ceci étant subjectif et péremptoire évidemment. Fort heureusement, il entame les hostilités et s'oublie donc rapidement.
Do What You Can, pseudo jumeau de Who Says You Can't Go Home dans l'esprit. Pas désagréable, cependant l'autre version en duo - avec la même Jennifer Nettles de Go Home décidément reléguée aux versions alternatives - m'apparaît plus organique quoique s'accordant moins avec l'ambiance générale de l'album, de fait.
Puis Let It Rain, dispensable. Très dispensable.
Et American Reckoning...
Là aussi j'ai du mal, mais !
Le sérieux du propos m'empêche d'être complètement insensible. L'intonation est juste et les mots sont beaux.
Après tout, « pourquoi user de musique pour accompagner des mots quand ils se suffisent à eux-mêmes ». Le point de vue se défend.
C'est son refrain je crois. Il m'agace et n'apporte pas grand chose à des couplets suffisamment pertinents.
Quant à Beautiful Drug, presque incongru, c'est en boucle à fond dans la bagnole, prêt à conquérir le monde.
Bon je n'ai pas de voiture, pas que ça à foutre, mais t'as saisi le principe. C'est l'hymne de l'album, convenu, le riff pas follement original, néanmoins taillé pour les stades et me permettant une transition souple sur ce qui caractérise 2020.
S'il n'est pas Big du genre à méchamment balancer (du tout, du tout), il est indéniablement riche en guitares. Et elles font souvent mouches, mises en valeur par le mixage. C'est à noter.
Il est même important de le noter, que tu ne crois pas que j'interprète mal la définition du mot rock.
2020 se définit bien par ce genre. Simplement, il n'est ni sec, ni transgressif, mais d'une amère douceur...
Aussi, point de magouilles electro pop cheloues (donc), ou de trafiquages indigestes de la part de Shanks comme cela pouvait l'être sur House, occasionnellement ignoble.
Nope, rien de toute cette m**** visant un rendement commercial plus agressif...
Hey ! Shanks qui se calme t'entends ce que je dis ? C'est prodigieux non ? On va a l'essentiel, une musique ou rien ne sonne faux. Ça change. Vraiment !
On parle d'un truc avec du relief là, des musiciens qui jouent. Sans génie, okay, mais sans artifices surtout, traversant une production qui rend honneur à la plupart.
Quoi d'autre. J'oublie quelque chose attends...
Ah oui. Shine et Luv Can...
Ces deux morceaux n'étant pas disponibles sur ma version non japonaise, je ne peux m'exprimer.
Sachez cependant - je reviens au vouvoiement oui, ainsi débute ma conclusion - qu'au départ elles étaient incluses dans la maquette originelle, en cet ordre (cadeau) ;
1. Beautiful Drug
2. Unbroken
3. Limitless
4. Luv Can
5. Brothers In Arms
6. Story Of Love
7. Lower The Flag
8. Let It Rain
9. Shine
10. Blood In The Water...
Yup, c'est être fan, et suivre l'actualité, toute l'actualité.
Covid-19 oblige, la date de sortie fût repoussée de sept mois durant lesquels Jon écrivit Do What You Can et American Reckoning. Toutes deux excessivement opportunistes, même si fondamentalement la première ne change pas des habituels textes positifs de l'auteur, tendance « aimez vous les uns les autres ».
Du coup si je campe sur ma position vis-à-vis de Reckoning, je lui pardonne sa niaiserie concernant le virus — qui aurait été autrement plus indigeste — vu que ça lui ressemble effectivement et qu'en Amérique il demeure l'homme de la situation pour réunir les gens. Qu'ils soient voisins, inconnus ou étrangers de tous bords...
Cependant l'on aurait pu penser, bougres de naïfs, qu'elles seraient généreusement ajoutées en vue d'offrir un bel ouvrage complet de douze morceaux...
Ah ah, hélas, être fan c'est également se sentir un peu couillon. Parce que non. On retire deux titres finis (qui sont bons si ça se trouve, on sait pas) pour y placer judicieusement les nouvelles en début d'album.
Malin. On y voit que du feu.
Vous trouvez ça malhonnête ?
Vous avez raison.
Dix titres, en 2020 - comme le 2020 de Bon Jovi, uh uh, t'as saisi ? - c'est la norme... Si l'on vis aux prémices des années 80 !
Cessons les hostilités toutefois. D'ailleurs je regrette pour les détracteurs assoiffés d'échecs cuisants, mais ce disque n'est ni exquis, ni mauvais, se situant à la limite très respectable des deux. Pas trop exigeant, ni trop facile, au feeling indéniable par instants.
Bon Jovi se maintient en forme, relativement éloigné cette fois encore des abysses de la médiocrité dans laquelle certains se persuadent qu'il continue de naviguer depuis si longtemps.
Vous avez tort, messieurs dames !
La preuve, je n'ai même pas eu besoin de vous citer le sublime These Days, ce chef d'oeuvre, pour vous rappelez que Bon Jovi a su être un grand groupe...
Sauf ici, pour préciser qu'il est inutile de citer These Days...
Ahem.
En conséquence, vous ne pouvez le voir mais j'ai le sourire. Mon petit coeur, heureux, n'a pas saigné face à 2020, mature témoignage de son temps à l'habillage honorable, très humain.
Oui, je suis content. Très content.
C'est un vrai bon album, voilà. Qui me redonne courage en la passion de son artisan. Vivement la suite.
Quant à toi, qu'est-ce que t'attends pour (re)découvrir These Days bordel ?
Les chaussures de Jimmy lui ont bousillé les jambes,
En essayant d'apprendre à voler.
Depuis une fenêtre du deuxième étage,
Il sauta et ferma les yeux.
Sa mère lui dit alors qu'il était fou,
(Ce à quoi) il répondit "maman, je dois essayer".
... Ce frisson désabusé putain.
[Edit du 10 Novembre], Shine est vraiment passable et Luv Can plutôt bonne, son final réussi.
Musicalement aucune ne dénote dans le ton de 2020 mais toutes deux sont des balades romantiques cependant.
Je préviens quoi.
Et du coup si je comprends pourquoi celles-là sont parties en lieu et place d'autres morceaux plus sociaux, je ne défends toujours pas le simple fait qu'elles soient parties.
En fin d'album la disgression textuelle restait tout à fait acceptable.
Puis il y avait quand même déjà Beautiful Drug dans le thème hein, Jon, vieux filou. Ça n'avait rien à y foutre pourtant. Limitless non plus.
Assume que la décision était c.o.m.m.e.r.c.i.a.l.e.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 2 oct. 2020
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