Simplicité
Un album plus classique que les précédents, beaucoup moins extravagant, notamment que Imaginerium ou tout était débridé, avec des genres de musiques différents, des prises de risques, des folies.Là...
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le 3 nov. 2024
À tous ceux qui me suivent, et ma foi vous n'êtes pas nombreux, j'écoute au minimum trois fois un disque avant de le chroniquer.
La première sans à-priori. Je me laisse juste emporter, accompagné d'un jugement de surface.
La seconde avec une analyse plus critique et l'attention aux détails.
La troisième pour me focaliser sur les défauts ayant émergé des deux premières. Et si j'arrive à passer outre pour me convaincre que le truc est plaisant, j'entame la rédaction. Sinon je n'en fais rien. Je n'aime pas démolir une oeuvre, quelle qu'elle soit, et laisse à d'autres le soin de pratiquer cet exercice qui ne manque pas moins de pertinence. Il faut bien équilibrer les notes...
Alors autant sur le récent Bon Jovi, c'était chaud. Mon petit coeur de fan s'est fait violence pour en extirper le meilleur. Autant sur le présent sujet, c'était presque gagné d'avance après l'ultime note du dernier morceau.
J'avais déjà apprécié la proposition de Human Nature bien plus que celle de Endless Forms en son temps. Un assemblage de jolies chansons sans originalité aucune, mais réconfortant. Dont il se dégageait une douce chaleur aux travers de mélodies finalement assez simples comparativement aux travaux habituels de Tuomas. Tout le contraire de ce nouvel opus particulièrement costaud qui remet au centre de ses motivations deux ingrédients qui manquaient (toute proportion gardée) à Human Nature sans que c'eut été gênant au vu du résultat très digeste.
Soit des compositions riches d'arrangements "complexes" et le retour appuyé des grosses guitares comme des solos, nombreux.
L'album est d'entrée plus metallique. Affirmé dans sa puissance sonore. Touffu, surtout, d'une ampleur telle qu'elle remet Nightwish sur l'autel de l'assurance décomplexé.
Si Human Nature était donc une récréation savoureuse, Yesterwynde balance la sauce à une échelle bien plus élevée. Principalement sur sa première moitié du moins, ou les orchestrations fusent de toutes part et les guitares de Emppu s'en donnent à coeur joie. Il faut faire preuve d'une attention d'écoute particulièrement robuste pour suivre ce joyeux bordel multipistes déroulant ses mouvements (presque) sans temps morts.
Car il y a un point de rupture sur le disque vers son milieu, comme un entracte initié par le morceau Sway, ou il entame un rythme de croisière moins soutenu. C'est là que l'habitué pourrait être déstabilisé, outre l'usage discret d'électronique. L'on s'éloigne alors du Metal Symphonique vers des contrées plus Progressives. Ou refrains et couplets peuvent se confondre dans des structures plus chaotiques. Où l'identité de Nightwish s'égare quitte à nous prendre au dépourvu. J'ignore si c'est un processus naturel survenu durant la composition ou un choix conscient, mais ça surprend.
Toujours aux antipodes de Human Nature d'ailleurs, l'on notera également une tonalité plus sombre sur l'ensemble de l'album.
Ce n'est pas noir ni défaitiste, mais l'ambiance musicale (sur les cordes notamment) est moins gaie, avec des sons parfois distordus et des textes pas toujours enthousiasmants. C'est plus nuancé que la féerie qu'emploie d'ordinaire Tuomas même s'il y a toujours une porte de sortie vers un horizon moins obscur. Simplement plus incertain cette fois-ci. J'ose le "terre-à-terre". Constat morose des questions qu'il s'est soumis vis-à-vis de notre société qui ont du influencer son écriture, suite logique du grand frère finalement. Quand ce dernier était plus léger avec des accents pessimistes, Yesterwynde est plus pessimiste avec quelques accents de légèreté, prolongement de l'effort déjà progressif déployé sur le Endlesness de Human Nature.
Ou va le monde, si notre bon Tuomas se met lui aussi a désespérer...
Du reste si l'absence de Marco Hietala se fait indéniablement ressentir sur les voix, le bonhomme s'amusant actuellement tel un petit fou avec Tarja Turunen (comme c'est rigolo), la basse elle, pète le feu. Très sauvage par instants, quelque part en accord avec les choix faits sur la seconde partie de l'objet, elle donne du corps à la construction des morceaux qui en ont le plus besoin. Quand elle ne les introduit pas directement par une ligne de bon aloi.
D'autres expérimentations se font également entendre discrètement. Un choeur majoritairement masculin sur Yesterwynde (si je ne m'abuse c'est plutôt frais dans la discographie du groupe) et une sonorité vaguement horrifique en amorce de The Antikythera Mechanism, titre signature du style Nightwish, ou Emppu continue de se faire plaisir sur un pont bien balancé... L'on arguera qu'il y avait bien eu une tentative sur l'excellent Scaretale en 2011, mais l'on était plus sur du Grand Guignol que sur l'hommage aux films d'horreur des années 50.
En conclusion, plus délicatement que Human Nature qui était moins franc mais plus linéaire et très accrocheur pour les nouveaux venus, Yesterwynde va s'apprivoiser sur la durée j'ai l'impression. Peut-être que dans quelques semaines mon enthousiasme aura changé. Mais il s'engouffre assurément avec moins de modestie que son aînée dans le déluge symphonique. Ici l'on revient aux affaires avec force et entrain, pour mieux amorcer un virage inattendu et toujours sans se départir de moments d'accalmies tantôt bienvenues (Lanternlight), tantôt pas franchement nécessaires et coupant brutalement l'élan d'une fougue non contenue dans son premier tiers (Sway, toujours).
J'estime pour l'heure qu'il s'agit d'un excellent album, très dense, dont le gros bémol que j'ai pu lui trouver (en-dehors d'un Spider Silk très dispensable et parfois un manque de démarcation des riffs) tient au mixage. On se retrouve aux pires heures de Endless Forms concernant Emppu. Car si ses guitares sont féroces, elles manquent hélas d'amplitude, quand elles ne se font pas cruellement dévorées par l'orchestration.
Moi je suis passé outre, me concentrant sur l'entrain communicatif du musicien, mais ça peut être un problème selon votre tolérance à l'égo du leader de Nightwish.
Voilà, lecteur.
N'hésite pas à m'apostropher si tu trouve à redire. D'autant plus si tu es en désaccord car c'est plus constructif.
J'ai conscience que mon opinion reste "à chaud" et tu entendras peut-être des trucs qui m'ont échappé. De fait n'ait pas peur, je saurais te lire respectueusement. Il me faudra certes un peu de temps pour digérer Yesterwynde avec un plus grand recul. Et alors y reviendrais-je certainement. Mais déjà, c'est le propre des "grands" albums selon moi. Ceux qui vous font gamberger. Qui ont tellement à partager qu'en faire le tour nécessite de la patience.
Tuomas a mis le temps et ça devient une habitude, mais c'était comme toujours pour fignoler son bébé avec une grande attention. D'où mon coup de coeur ; si je pourrais entendre qu'on puisse ne pas y trouver son compte, j'ai du mal à imaginer qu'on trouve Yesterwynde mauvais. Ça ne paraît pas évident d'emblée mais il essaie des choses...
Supposément le troisième opus d'une trilogie thématique ayant débutée avec Endless Forms, je dirais que c'est une conclusion digne sinon le meilleur des trois. Ou plutôt le plus intéressant, nous plongeant partiellement en terrain méconnu après une zone de confort rappelant les grandes heures du groupe .
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 20 sept. 2024
Modifiée
le 20 sept. 2024
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6 j'aime
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