C’était lors de ma période où je ne jurais que par les morceaux fleuves que j’ai écouté cet album, et Rush aussi, attiré par l’aura de la galette et par la durée du morceau synonyme.
2112 ouvre donc le bal, et c’est un putain de chef-d'œuvre. Énergie contagieuse, voix aiguë et tranchante de Geddy Lee, riffs énormes, passages musicaux oscillant entre le calme et la tempête, comme du Kansas en plus burné, rythmique épique de Neil Peart, le refrain terriblement accrocheur (We are the priests !) toute une odyssée grandiose de plus de vingt minutes, ponctuée par un final digne de l’apocalypse. Les dernières minutes du morceau explosent dans tous les sens, on a un riff spectaculaire d’Alex Lifeson, sublimé par un clavier qui se greffe à l’ensemble pour apporter une touche mystique et spatiale. Le riff gagne en intensité jusqu’à l’apothéose, c’est magistral !
Et puis vient la suite, et tout retombe. Je ne sais pas si c’est parce qu’on est encore choqué par la qualité de 2112 et que tout nous parait fade après coup, mais les autres pistes de l’album sont vraiment moyennes, indignes d’un groupe aussi costaud que Rush.
Des pistes comme A Passage to Bangkok ou Something for Nothing dénotent tout se même la créativité et la virtuosité épique inhérente au groupe, mais le reste est trop quelconque pour qu’on puisse en ressortir marqué.
2112 est donc totalement dichotomique. Le morceau synonyme est un tsunami, le reste, une flaque d’eau (j’exagère, on va dire une rivière). C’est dommage, parce qu’en divisant le flamboyant avec le glacial, on obtient du tiède, et cette impression qui nous reste a posteriori. Restons sur 2112, le morceau.