60° 43′ Nord
7.8
60° 43′ Nord

Album de Molécule (2015)

Un album brillant. Porté par une définition sonore superbe, on embarque à merveille sur ce chalutier, et on se laisse avec plaisir dériver sur les houles violentes, au gré des plages sonores du jeune français.
A l'aide d'un beat souvent discret, on plane sur des ambiances mécanisées et lunaires, grâce à ses sons semblant sortis de nulle part.


Abysses : On entre progressivement, grâce cette techno lancinante, dans le voyage. Morceau habité et entêtant, peut être manquant d'un certain peps... 6/10


8 ZL 40 : Tout commence par des bruits de moteurs, de ce qui semble pouvoir être assimilé à une sorte de perceuse stridente. Dans ce foutoir mécanique, Molécule distingue un rythme qui progressivement se détache et en devient évident. Des boucles quasi acides et spatiales viennent nous tourner autour et forment en quelques secondes bâtir un ensemble solide et entêtant. Grâce à jeu de percussions qui manquait sur le morceau précédent, l'électro prend ici de l'ampleur, s’accentue, proposant quelques bons passages tendus et dansant. 9/10


Hébrides : Deux notes lointaines. Une boîtes à rythme très 80's. Un synthé digne d'un Carpenter. Très décalé, quasi marrant, mais vite entêtant et presque terrifiant. La mélodie lancinante et répétitive appelle à l'abandon sonore. 7/10


Shannon : Des grincements du métal se distinguent de suite un rythme, frappant, dont Molécule tire le meilleur avec un synthé immersif et des effets d'échos qui donnent toute leur ampleur à un beat efficace et précis.
Mais la mélodie traîne un chouïa, et l'ensemble de fait vite long, malgré les variations. 7/10


Le Jardin : Surprise. Après les sons industriels, les mélodies entêtantes, les claques rythmiques, Molécule nous propose une pause sonore. Entrons dans ce jardin, d'où le piano et la guitare se font lointains, dont l'horizon déborde de promesses. La pause est onirique et habitée. On se laisse avoir à cet optimisme soudain ; le plus dur reste à venir. 8/10


Metarea : le réveil est brutal. Un rythme assez rapide débute. Un beat marqué, des boucles de synthé repointent le bout de leur nez. Il faut une minute trente pour se remettre à jour. Le voyage est rythmique, violent, et ce morceau nous aide à nous en rappeler. Le beat explose, on bouge la tête, on ferme les yeux. De solides basses soulignent les traits tout en échos des synthés nasillards, accompagné d'une solide boîte à rythme.
C'est la moitié du voyage, l'acmé si l'on peut dire. 9/10


Rockall : La tempête se fait maîtresse à bord. Un enregistrement sonore de plus d'une minute nous plongent dans le chaos de métal qu'est la coque d'un navire soumis au poids des vagues. Se distingue vite un rythme, quelques notes obsédantes. On y est, au cœur de la noirceur. Au cœur de la tempête. Au cœur de l'album. Le tout est, à l'image du clip, résolument sombre. Ca claque, ça prend la tête au bon sens du terme, ça nous bouscule. C'est méchant et c'est génial. 10/10


Soleil Bleu : Après la pluie, le beau temps. Si ce renouveau sonore est optimiste, le soleil éponyme n'en est que teinté d'une mélancolie certaine. La tempête est finie. On reprend nos esprits. On regarde l'horizon où s'écartent les nuages sombres, saignant la lumière depuis les plaies que leur fait le soleil.
Le tout est conflit. Celui de la couleur contre la noirceur. Le beat est posé, discret, étouffé et enrobé. Les sons sont ronds, lointains et doux. Les extraits d'ambiances sonores au coeur du morceau. Même si l'on frôle le rêve éveillé, on est toujours rappelé à la réalité.
L'évasion est totale et magnifique. 10/10


Bailey : Des bruits stridents et agressifs nous extirpent violemment du Soleil Bleu. La mer du Nord fait rage. On sent les vagues frapper la coque du navire, la tôle blêmir. Une basse solide et oppressante laisse place à des synthés quasi désuets, étrangement pas à leur place. Si c'est sombre et décalé, à un moment dissonant, ça claque et grince dans nos oreilles. 8/10


Le Lac : Le Jardin est sonore. Le Jardin est liquide. Pour répondre à cette idée, Molécule nous immerge dans des sons perçants de guitare. Les notes anarchiques se font, à leur rythme, mélodie qui se dessinent sur le nuages gris. L'ensemble nous berce mais à de quoi inquiéter. Si le voyage n'a pas été de tout repos, c'est ici qu'il s'arrête. On ressort avec le vague à l'âme, les synthés plaintifs ne faisant qu'accentuer notre peine... 8/10


Mais si le voyage s'arrête là, Molécule nous propose un dernier instant musical.
Près de 10 minutes suffisent à l'artiste pour s'exprimer. La plainte se poursuit, l'appel, presque animal, de la mer, ses imperfections, ses faiblesses, ses dissonances... Les sons prennent peu à peu leur place, l'ensemble est troublant et quasi désespéré.
Mais l'on en revient à Soleil Bleu qu'on aurait aimé voir finir cet instant profondément puissant, d'une richesse et d'une élégance rare.

Charles_Dubois
9
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le 23 juil. 2015

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Charles Dubois

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