85 to Africa
5.8
85 to Africa

Album de Jidenna (2019)

L'oreille de JIDENNA est remarquable.

JIDENNA c'est un "Hit" sorti en 2015, "Classic Man", qui fit trembler les charts et les clubs U.S. pendant quelques semaines.
Près de deux ans après la sortie de son tube, il a balancé l'un des premiers albums les plus surprenants, "The Chief", en février 2017 . Et je le pense de manière positive.
Je ne suis pas sûr que j'appellerais Jidenna un rappeur ou un chanteur, mais c'est un artiste qui sait comment utiliser sa voix pour proposer sa vision avec des résultats remarquables.
The chief rend hommage à ses racines et influences nigérianes, tout en présentant plusieurs moments de commentaire social sur la vie en Amérique.
À la fin de 2017, Jidenna a laché son EP "Boomerang" , un projet débordant de sonorités d**'influence panafricaine (évidemment), remixant certaines de ses chansons comme «Bambi» et «Little Bit More» de The Chief avec des artistes ouest-africains tels que **Maleek Berry, Sarkodie et Burna Boy.


Entre Boomerang et ce nouveau projet, alors qu’il vivait à Atlanta, Jidenna a été expulsé de la maison qu’il louait avec son équipe, ce qui l’a contraint à s’installer en Afrique où il s’est rendu dans plusieurs pays. Pour parfaire son nouvel album :


85 TO AFRICA


Verdict :


Dans cet album de onze titres, Jidenna rend hommage à ses racines nigérianes et américaine**s avec les personnalités invitées parmi les plus grands noms d'Afrobeats, **Seun Kuti (le fils de Fela Kuti), M. Eazi, Goldlink, Mereba et ses compagnons de label, St. Beauty.
Jidenna continue de faire valoir son intelligence avec des titres entremêlant hip-hop, afrobeats, highlife, rock psychédélique et même R & B / soul. L’album ne serait pas complet sans la production et l’alchimisation de Nana Kwabena.
Niveau lyrics, "85 to Africa" ne s'éloigne pas trop de "The Chief". Il incite les auditeurs à se connecter à leur culture et à croire en leur pouvoir, en particulier ceux appartenant à des groupes marginalisés de génération en génération.


L’album commence par «Worth the Weight» avec Seun Kuti, qui nous prépare au voyage en Afrique. "Worth the Weight" est l'un de mes favoris personnels. Dans cette chanson, Jidenna suggère qu'il est temps que les Noirs s'éloignent de ces comparaisons qui les ont maintenus dans un esclavage mental (un peu éxagéré non?). Jidenna insiste sur la nécessité de changer collectivement de perspective. Mais au-delà des lyrics, la production mélangé à cette voix chaude et un peu Soul a quelque chose d'infiniment puissant, c'est galvanisant.
La chanson intitulée «85 to Africa» suit ensuite avec un rebond hip-hop qui vous fait tomber instantanément amoureux de la chanson. Jidenna nous permet de vraiment commencer notre voyage en Afrique. Dans des entretiens récents, Jidenna a déclaré que le 85 représente l'I-85 en Géorgie menant à l'aéroport international Hartsfield-Jackson, où vous pourrez prendre un vol direct pour différents pays africains tels que l'Afrique du Sud, le Nigéria et le Sénégal.
Jidenna rencontre la diaspora à mi-chemin sur «Babouche» avec Goldlink. Ce dernier ajoute plus d'intention à l'autoroute métaphorique qui relie tous les afro-américains à l'Afrique avec un lyrisme engagé et engageant.
“Tribe” et “Sou Sou” suivent. Ensemble, ces pistes portent un accent sonore. Jidenna poursuit sa thèse de l'excellence noire en se connectant à ses racines africaines sur «Tribe» avec des références opportunes de Black Panther. Mais la prod reste bien ancrée Trap mélodique et c'est un régal.Un petit banger jouissif. "Sou Sou" est remarquable dans ses sonorités. Un titre fait pour bouger le bassin ornés de clochettes et s'abandonner langoureusement.
La seconde moitié de l'album fait ressortir les sons plus lents et plus calmes qui sont plus spécifiques à l'Afrique indigène et post-coloniale.
Jidenna nous donne, enfin, un afro-banger avec "Zodi" avec l'aide de M. Eazi. Bien que la chanson trouve son origine dans l'Afrobeats, elle inclut un échantillon (de bon goût) de Busta Rhymes.
"Sufi Woman" et ses riffs de guitare qui se fondent à merveille dans le beat caribéen est délicieux.
"Vaporiza" apporte une mélodie facile, douce et calme qui s'inspire d'une cadence intense et d'une voix sensuelle. Il est difficile de ne pas tomber amoureux de cette chanson. Elle vous fait sentir aimé et apporte une sensation de velours.
Dans «Pretty & Afraid», Jidenna reconnaît que les gens sont jaloux de son style de vie et niveau sonore, nous sommes installés hors U.S.A. là c'est sûr. C'est assez authentique et touchant.
Jidenna devient personnel sur "Jungle Fever", qui est une chanson sur l'amour interracial et international de ses parents. C'est Hip-Hop et touchant gràce une fois de plus à une production aux petits oignons et à une voix Soul/Rn'B tellement accrocheuse.
La fin de l’album est “The Other Half” avec le duo Wondaland St. Beauty et la chanteuse éthiopienne-américaine Mereba. La fin parfaite du voyage, laissant l'auditeur quelque part flotter en Afrique de l'Est. Pourtant, les paroles sont loin d’être douces.


Au final, l'oreille de Jidenna pour la musique est remarquable! Oui, il peut jouer une bonne mélodie et avoir la voix d'un ange, mais c'est sa capacité à exploiter des sons intemporels (je parle des années 50) qui m'époustouflent! Dans «85 To Africa», il y a de nombreuses fois où Jidenna insère secrètement des éléments vintage dans le grand agencement des choses, faisant en sorte qu'une chanson hip-hop / afrobeats ordinaire sonne presque comme celle de Great Gatsby.
Le voyage est franchement captivant musicalement.
En réalité, mon seul reproche est que Jidenna semble perdu au niveau lyrical en tant qu'artiste sur cet album. Depuis l'écoute de son premier album en 2017, j'ai l'impression qu'il a des problèmes d'identité. Ces problèmes d'identité persistent, même s'il dit s'être retrouvé après son déménagement en Afrique. Tout au long de «85 To Africa», il y a beaucoup trop de moments où c’est presque comme si Jidenna devait sans cesse prouver qu'il est africain, qu'être black est un fardeau et un combat permanent. Perdu entre être fier d'être noir et se plaindre de faits sociaux contestables. Dans les faits, cela perturbe vraiment le naturel de sa musique.


Reste que voilà un album réussi de part ses productions aux textures multiples.
C'est comme si Drake avait un jumeaux africain caché. Et c'est un sacré compliment.


7/10

BRKR-Sound
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le 27 sept. 2019

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