Pour les inconditionnels de cet album, dont je fais entièrement partie, deux sentiments entrent en collision à chaque écoute : tout d'abord, l'exaltation normale qui n'est que le salaire d'un excellent album, puis une vague d'amertume en pensant que Battle Of Mice a décidé de quitter la partie en ne laissant que cet unique album. Pourtant, la qualité de l'album et la séparation du groupe sont deux phénomènes qui ont une origine commune, c'est à dire les mauvais rapports qu'entretenaient ses membres.
Certains ont choisi de prier pour une reformation qui a peu de chance de voir le jour, d'autres préfèrent éviter un potentiel deuxième album de mauvaise facture par rapport au premier. Mais dans tous les cas, c'est "A Day Of Nights" qui sonnent dans nos oreilles.
Loin d'être accessible à en juger par des avis partagés à son encontre, la première qualité de Battle of Mice est de ne surtout pas faire dans la dentelle. Riffs lourds, hurlements déchirés de Julie Christmas, textes dépressifs... Les guitares dissonantes laissent parfois place à des notes de piano ou à la voix de Julie qui s'appaise soudainement, mais ce n'est à chaque fois que le calme avant la tempête. On retrouve cette dualité dans l'enchainement des magnifiques "Wrapped in Plain" / "At The Base Of The Giant's Throat" : si la première reste douce et mélancolique, la seconde transpire la rage et la souffrance. Comme tout l'album, d'ailleurs.
Sept chansons qui s'étalent sur quarante-six minutes, ainsi que deux splits anecdotiques : voilà le témoignage que laisse Battle Of Mice à ses fans. Il nous est toujours possible de se rabattre sur la carrière solo du Julie Christmas, mais à la fin de "A Day Of Nights", on ne sait pas si c'est sa noirceur ou son absence de successeur qui nous rend si mélancoliques.