Le death de Shezmu, entité québécoise accouchant ici de son premier album longue durée après quelques formats courts, n'est pas vraiment conventionnel. C'est d'ailleurs ce qui m'a immédiatement interpellé chez eux, ce dès la première écoute.
Déjà, on sent que les mecs viennent du black, et ça se sentait encore plus sur les EP, à la croisée des chemins entre black, death et doom, le tout dans une ambiance impie et blasphématoire au plus haut point. Ils pratiquent un death mortuaire (la redondance semble prendre du sens quand on entend certaines sorties de death aseptisées et complètement inoffensives) qui s'inspire apparemment de l'Egypte ancienne, Shezmu (ou Chesmou) étant le dieu du vin, des onguents et des parfums dans le panthéon égyptien.


Le death doomique de Shezmu est franc et direct, ne fait pas dans le remplissage, est centré sur le riffing et des rythmiques lourdes même si pas spécialement lentes. C'est du gros son, net et précis mais néanmoins très organique. Le chant, imposant et profond, est un peu en retrait par rapport au reste, mais le gars a quand même du coffre. On le surprend parfois à presque chanter, ou plutôt scander dans les aigus, avec un côté théâtral qui pourrait prêter à sourire mais qui s'intègre finalement bien et donne même une patte à Shezmu.
Avec son interlude très « égyptisant », Shezmu se la joue un peu à la Nechros Christos, autre entité fascinée par la mort et tous ses rites. En revanche, les titres rapides comme Ode À Hathor et Les Secrets Des Ziggourats font plutôt penser à Incantation (mi-carrière), et L'Arrivée Des Temps Déchus étonne avec sa rythmique en d-beat au début.


En dernier lieu, Lex Talionis, avec ses huit minutes de death au riffing redoutable d'efficacité, jouant un peu sur les nerfs avec des changements de rythme fréquents et s'achevant sur du dark ambient bien flippant.


Shezmu reprend pas mal d'éléments de recettes éprouvées, emprunte une thématique que l'on retrouve fréquemment dans le milieu du metal, mais le tout à sa sauce, avec un côté blackisant qui se fait parfois sentir et qui nous rappelle d'où viennent les protagonistes. Un coup de cœur immédiat pour ma part, typiquement le genre de formation qui me fait dire qu'il faut continuer de fouiller dans les dernières sorties en la matière, car on finit toujours par tomber sur ce genre d'excellente trouvaille.


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Man_Gaut
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le 20 août 2021

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Man Gaut

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