Le folk revival de ces dernières années à vue l'émergence d'artistes féminins se révélant être des songs-writters d'exception au style puisant à la fois au plus profond de la tradition et s'ancrant dans la modernité en s'inspirant d'autres courants musicaux actuels. Parmi elles on peut citer Jessica Lea Mayfield, Anaïs Mitchell, Mariee Sioux ou encore Joan Wasser et, celle qui nous intéresse aujourd'hui, Alela Diane.
Avec "Pirate's Gospel", son deuxième album en 2004, elle s'installe d'emblée comme une grande référence du genre avec une musique d'inspiration psyché-folk qui n'est pas sans rappeler l'univers de Nick Drake. L'album sera réédité trois ans plus tard et révèlera la chanteuse au public européen grâce au label parisien Fargo. Les Inrocks le classe parmi les dix meilleurs albums de la décennie.
"Alela Diane & Wild Divine" consomme une nouvelle orientation musicale, déjà perçue dans "To be Still", avec des incursions pop très marquées et sera pour cette raison injustement boudé par une grande partie de la critique. Autant dire que son 4° opus était très attendu.
About Farewell est marqué par la rupture. Artistique d'abord, en mettant fin à l'aventure Wild Divine, le groupe qui l'accompagnait sur scène, puis la fin de la collaboration avec le label Rough Trade qui la vire.
Familiale ensuite, en prenant du recul avec son père, son frère et son mari (qui faisaient partie du groupe) et sentimentale enfin avec son divorce.
C'est donc toute seule qu'elle a réalisée cet album, de la production jusqu'au choix des musiciens, tout imprégné de ces étapes difficiles mais décisives.
Dix chansons pour un retour aux sources avec un folk pur, intimiste et dépouillé. Les compositions sont, je trouve, plus accessibles sans pour autant céder à la facilité et l'écriture toujours aussi belle. L'accompagnement du piano, de la flûte et des cordes est discret mais contribue à créer des atmosphères propices à l'intériorité, cèdant par moments à l'onirisme avec des touches d'Irish-folk comme dans The Way We Fall ou Black Sheep. Mais la force incontestable de cet album reste, on s'en doute, son interprétation.
Une voix dont les intonations confidentielles magnifie les textes et libèrent les émotions.
De la mélodie cristalline d'About Farewell aux délices hypnotiques d'Hazel Street, la belle californienne maîtrise son jeu à la perfection.
Certains titres, je pense aux deux sommets que sont pour moi I Tought I Knew et Rose & Thorn, sont de vraies pépites qui s'élèvent vers des sommets dignes d'un Neil Young de la meilleure époque et qu'un Dylan actuel pourrait bien lui envier!
De purs moments d'émotions musicales que j'écoute en boucle, inlassablement saisi de frissons.
Bref, un album qui vous aidera aisément à balayer toutes les saletés d'un monde qui se perd quotidiennement dans la médiocrité. D'ailleurs il pourrait bien s'arrêter de tourner demain, je m'en fiche, j'emporterai avec moi les envoûtantes mélodies de la divine déesse lunaire.