In Extremis…
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le 18 juil. 2024
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On ne saura probablement jamais ce qui a poussé Geoff Barrow à publier un album surprise de Beak> une dizaine de jours seulement après la sortie du très attendu premier disque solo de Beth Gibbons. Attrait des projecteurs sur les membres de Portishead ? Envie d’une exposition printanière ? Pur hasard du calendrier ? Toujours est-il que la conjoncture est on ne peut plus heureuse tant ces deux sorties, à la fois complémentaires et antithétiques, font du bien à nos oreilles.
Débutant par les accords plaqués d’un orgue liturgique à la manière d’un requiem, Strawberry Line doit autant à Pink Floyd qu’à Moondog ou Kraftwerk, pour ses basses synthétiques et ses arpèges errants sous des voix hantées. La signature percussive de la batterie de Barrow, tout comme la basse de Billy Fuller ou les synthés et la guitare de Will Young, ne dévient jamais du projet initial du groupe, celui de raviver les plus belles heures du krautrock, avec Can en tête. Mais tout n’est pas uniquement tourné vers ces acides années 70 ; ainsi The Seal convoque, dans son dernier segment, une guitare qu’on jurerait jouée par Jonny Greenwood, tout comme dans Ah Yeah. C’est dire si 2024, entre The Smile, Kim Gordon, J Mascis et la mort brutale de Steve Albini (sans parler du retour de Blur, de PJ Harvey ou de Slowdive l’an dernier) nous ramène au cœur de la musique des nineties, le poids du temps et des évolutions esthétiques et technologiques en plus. Windmill Hill ancre lui encore davantage l’aspect maladif de ces hymnes pour inadaptés sociaux et musicaux. Reste-t-il en effet encore des espaces pour celles et ceux qui vibrent davantage sur des textures synthétiques déviantes, sur des rythmiques hypnotiques, avec des voix désespérées soutenues par des riffs de basse obsédants ? Oui, et tout cela semble contenu dans le laser des yeux destructeurs d’Alfie Barrow, fidèle et regretté compagnon à quatre pattes du musicien à qui la pochette drôlement kitch rend fièrement hommage. Un titre comme Denim, profondément anxiogène mais aussi confortable dans son psychédélisme noir et vénéneux, contamine nos sens comme notre esprit pour mieux insuffler la toxicité addictive de ce disque inattendu, inespéré et pourtant devenant très rapidement indispensable.
suite de la chronique disponible ici (MOWNO.COM)
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Créée
le 12 juin 2024
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