On est le 10 janvier 2016, je me dirige vers le Ouest France disponible dans mon lycée, et je lis en une : « David Bowie est mort ». Mon entourage semblait choqué suite à cette annonce, Bowie, mort, c’était le drame.
Sauf pour moi. J’avais seize ans, et Bowie était un inconnu à mes yeux. Une figure emblématique de la musique dont je ne m’étais jamais vraiment intéressé. Je ne connaissais que son nom. A peine je découvrais l’existence de Bowie, que celui-ci s’envolait dans les airs, laissant derrière lui des millions de fans.
Presque un an après, je tombe par hasard sur Rise and Fall of Ziggy Stardust and Spider from Mars, et c’est le choc. Ah merde, c’est vachement bien David Bowie en fait !
Sans me laisser aller comme je l’ai fait avec d’autres artistes, j’ai découvert petit à petit Bowie, et encore maintenant, j’écoute de temps en temps de nouveaux albums.
Mais Blackstar demeurait l’album énigmatique. Rien que son titre, me tourmentait. Et puis cette pochette, ça veut dire quoi ? C’était à n’y rien comprendre. Alors je l’ai écouté.
Et après l’écoute, je ne comprenais toujours rien. J’avais fini par ranger Bowie dans la case « rock » mais c’était le sous-estimer. On peut pas classer Bowie dans une catégorie, car son style est tellement unique et comme chacun de ses albums est différent, on ne sait jamais sur quoi on va tomber avec lui.
J’étais tombé sur Blackstar, et ça m’a déplu. Je ne comprenais pas les intentions de Bowie. J’avais bien compris que c’était son album testament, qu’il partait du principe que c’était son dernier travail, et que par conséquent, il fallait bien aborder sa mort prochaine. Mais je n’arrivais pas à l’appréhender.
Donc j’ai laissé Blacksar de côté, et je l’ai oublié.
Mais avec le temps, cet album me tourmentait encore, le désir de comprendre les intentions de Bowie, de comprendre ce qu’il a enduré pour nous pondre cet album final, tout ça était plus fort que moi. Je devais comprendre Blackstar, je devais au moins ça à Bowie.
Alors je me suis mis à écouter Lazarus. Analysant les paroles, observant chaque plan de son clip, écoutant la voix fatiguée mais pourtant si marquée de Bowie. Lazarus commençait à paraître unique à mes yeux. Et puis j’ai de nouveau écouté le titre Blackstar, celui qui dure dix minutes et qui m’avait franchement mis mal à l’aise lors de ma première écoute. Et au fur et à mesure, je m’habituais à ce morceau. Ce qui me fascinait, c’est à quel point entre deux notes, Bowie changeait complètement le ton de son morceau en plein milieu de la piste sans que ça soit choquant.
On dit souvent qu’avec le temps, la beauté, la puissance de la voix, tout devient plus faible. Mais une chose avec le temps demeure intacte voir même s’améliore, c’est le génie. La voix de Bowie était fatigué, mais son génie de compositeur a tenu bon, alors j’ai écouté une bonne fois pour toute ce foutu Blackstar, je me sentais prêt.
Et là, tout sonnait différemment. Remis dans le contexte de l’album, les morceaux prennent d’avantage d’ampleur et on se rend plus facilement compte du fond. Le morceau Blackstar est remarquable et offre une introduction réussie pour cet album particulièrement sombre.
Les morceaux suivants m’ont certes moins marqué, Sue ou encore ‘Tis a Pity She War a Whore ne m’enchantent pas vraiment.
Girl Loves Me et Dollars Day sont d’excellents morceaux et renforcent l’aspect sombre et torturé que veut donner Bowie dans son album. D’autant plus qu’il semble en baver à chaque vers, je ne cessais de penser à tout ce qu’il a dû endurer pour nous pondre ce truc. Le mec avait un cancer, était au bout de sa vie, et a réussi à nous offrir un album accompagné de deux clips de dingues. Respect.
Quant au final, même si je le trouve répétitif, il est plutôt bon.
Et je n’ai pas oublié Lazarus, je vous rassure. En écoutant l’album, je me suis rendu compte que contrairement à la version du clip qui ne dure que quatre minutes, la vraie version dure six minutes. Six minutes, ça été le temps qu’il a fallu pour me convaincre qu’il s’agissait sans doute là du morceau le plus virtuose de Bowie. Ses paroles sont incroyablement troublantes (Look up here, I’m in Heaven, I’ve got scars that can’t be seen). Le solo de trompette à la fin est parfait, tout est parfait dans ce morceau, et à vrai dire, j’aurai préféré l’avoir à la fin de l’album, histoire de conclure la carrière de Bowie en beauté.
Donc voilà, Blackstar, c’était bizarre, mais quelle expérience, ça va de soi. On peut tout à fait être répugné par cet album, je l’ai été lors de ma première écoute, mais comme pour The Wall des Pink Floyd, je me suis forcé, j’ai essayé de comprendre les tenants et aboutissants de l’œuvre, et le résultat n’a été que plus émouvant.
Le starman s’est transformé en blackstar le temps d’un album, le temps de nous offrir un album unique pour ensuite s’envoler dans les airs et contempler la Terre sur Mars. Bowie a toujours été un personnage énigmatique et c’est sans doute ce qui a contribué à sa légende. Mais c’était quand même un artiste de génie, et il me reste encore de nombreux albums à écouter.
Alors voilà, goodbye Bowie.