★
7.6

Album de David Bowie (2016)

ll y a deux façons d'écouter et d'apprécier le dernier album de Bowie.


On peut d'abord le considérer comme le 26ème album de son interprète, à juger à l'aune de ses devanciers, et s'inscrivant dans une lignée sans début ni fin. Ce qui permet d'en comparer les mérites, à en tancer les limites, à en souligner les contours plus ou moins objectifs.
L'autre façon d'aborder ce disque immédiatement posthume (et peut-on faire semblant de faire autrement ?) est de le découvrir comme un chant du cygne forcément un peu déchirant, un message de l'au-delà, sorte de post-scriptum céleste venu d'un des plus grands artistes musicaux de ces 50 dernières années.
Une écoute forcément sublimée.


En tout état de cause, presque tout Bowie est contenu dans Blackstar.
Cette tendance à une forme d'expérimentation que l'on rapprochera évidemment de sa trilogie Berlinoise ou de ses fulgurances Outsidiennes. Ce goût pour l'incorporation de sonorités jazzy (dans ses rythmes, dans l'utilisation de saxos volontiers dissonants) rock-jazz à milles lieues des aberrations du jazz-rock, présent depuis au moins Aladdin Sane, jusqu'à Black Tie White Noise. Une recherche de mise en place sonore qui fut la marque de fabrique du Londonien depuis ses débuts, lorgnant ici du côté de la SF aux accents Daliens (comment ne pas avoir de liens, dans certains décors au moins, entre le clip du souvent mal-aimé loving the alien et le dernier black Star ?)


Voici donc une série de vignettes sonores tour à tour lancinantes Girl Love Me, nostalgiques Dollar days, ou prophétiques I can't give everything (… away), down tempo vaguement bluesy Lazarus, libres et légères 'Tis a pity she was a whore ou simplement à inscrire dans la grande lignée de ses classiques blackstar. Une salve finale forcément trop courte, dont on regrette même le seul point faible Sue, et dont on aurait surtout aimé qu'elle se fonde dans un collectif plus vaste.


L'essentiel, finalement, au delà des notes et de l'enchainement des morceaux, autour des compos et de leurs arrangements savants, est bien que flotte partout sur ce disque testament l'identité profonde d'un artiste si singulier, toujours innovant malgré un style reconnaissable entre tous. Avec cette personnalité rarissime, soulignée par ce dernier geste artistique inattendu en forme d'étoile noire, et une dernière photo tout aussi surprenante. Une personnalité forcément jamais parfaitement cernée, à la fois protéïforme et simple, chaleureuse et lointaine, un dandisme rieur à la sexualité floue, échappant à la complexité de presque tous les portraits qui en ont été dressés, qui a définitivement achevé de nous perdre, à des hauteurs que si peu, véritablement, ne sauront jamais atteindre.

guyness
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 27 janv. 2016

Critique lue 1.1K fois

53 j'aime

17 commentaires

guyness

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

53
17

D'autres avis sur ★

★
Lucie_L
8

The star is shining still.

Ce 8 janvier, le jour anniversaire de Bowie, voit enfin la sortie de son dernier album « ★ », autrement dit « Blackstar », et cela après des mois de teasing à base de vidéo clip grandioses et de...

le 8 janv. 2016

61 j'aime

20

★
Krokodebil
10

Hate to say "Hate to say I told you so"

Il m'aura fallu un bon moment pour accuser le coup et me mettre à l'écriture sur le dernier et ultime album studio que nous aura offert David Bowie. Je crois que comme un peu tout le monde, je me...

le 22 janv. 2016

55 j'aime

10

★
guyness
8

L'étoile de la mort

ll y a deux façons d'écouter et d'apprécier le dernier album de Bowie. On peut d'abord le considérer comme le 26ème album de son interprète, à juger à l'aune de ses devanciers, et s'inscrivant dans...

le 27 janv. 2016

53 j'aime

17

Du même critique

Django Unchained
guyness
8

Quentin, talent finaud

Tarantino est un cinéphile énigmatique. Considéré pour son amour du cinéma bis (ou de genre), le garçon se révèle être, au détours d'interviews dignes de ce nom, un véritable boulimique de tous les...

le 17 janv. 2013

344 j'aime

51

Les 8 Salopards
guyness
9

Classe de neige

Il n'est finalement pas étonnant que Tarantino ait demandé aux salles qui souhaitent diffuser son dernier film en avant-première des conditions que ses détracteurs pourraient considérer comme...

le 31 déc. 2015

318 j'aime

43

Interstellar
guyness
4

Tes désirs sont désordres

Christopher navigue un peu seul, loin au-dessus d’une marée basse qui, en se retirant, laisse la grise grève exposer les carcasses de vieux crabes comme Michael Bay ou les étoiles de mers mortes de...

le 12 nov. 2014

299 j'aime

141