Tu m’as toujours eu par surprise, enfoiré de vairon.
Ce week-end, quand j’écoutais en boucle ton vinyle, et que je chérissais le grain de ta voix, ton immortelle inspiration et ta patte toujours aussi ténébreuse, vibrante et unique.
Il y a un peu moins de 3 ans, lorsqu’au volant, j’écoutais la trilogie berlinoise, en me disant qu’après 10 ans de silence, il n’y avait plus aucune chance d’entendre quelque chose de nouveau de ta part… pour lire quelques heures plus tard que tu sortais un album dont le premier single, Where are we now, m’avait terrassé.
En 2002, sur scène au Zénith, pour défendre Heathen, lors d’un concert presque intimiste, décroché de toute tournée mondiale, et dont le souvenir fait perdurer les frissons ressentis alors.
Et la décennie précédente, lorsque j’ai découvert que The Man Who Sold the World n’était pas un titre de Nirvana.
L’effroi que tu m’as causé dans la B.O de Lost Highway. Toi seul pouvait chanter avec une telle conviction I’m deranged…
La première fois que j’ai écouté Hunky Dory, en me demandant comment diable le monde pouvait te réduire à Let’s Dance.
Quand j’ai découvert que tu savais mettre le spleen en musique dans OutSide
Quand tu m’as initié au dubstep.
Quand tu m’as fait voyager à Berlin, et que j’ai découvert, adolescent, la galaxie fertile dont tu t’entourais : Eno, Iggy, Lou…
Quand, au fil de tes plantureuses rééditions, je faisais connaissance avec tes avatars baroques, ton univers théâtral et ta culture infinie.
Je te dois une part immense de ma culture musicale.
Et ce matin.
On l’avait pas vu venir, tu as bien trompé ton monde. C’était pas faute d’en parler, de la mort, c’était une proche, au point qu’on pouvait vous considérer comme des intimes qui se feraient pas de coup pendable.
On ne parlait que de toi ces derniers jours, et tu doubles ça d’un buzz un peu moins vivifiant.
Ton Etoile Noire est un joyau que nous allons désormais écouter d’une oreille plus plaintive.
Les surprises, il y en aura d’autres. Tu fais partie de ceux dont la musique est si dense qu’elle se révèle à chaque écoute.
Tu nous diras, si tu peux, s’il y a de la vie sur Mars.