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7.1

Album de Justice (2007)

Si l'on remonte aux héros sonores et aux piliers de l'électronique française tels que Daft Punk, Etienne de Crecy, Alex Gopher, ou Dimitri from Paris, tous avaient profité des années 90 pour semer un chemin et ainsi dire au monde entier qu'il y avait d'autres sons, chaleureux et élégants.
Et que le monde entier reconnaîtrait et apprécierait la musique électro française au-delà de Londres, Berlin, Chicago ou New York.


Ces artistes arrivaient au XXIe siècle avec une vigueur nouvelle; connaître Internet et les nouvelles plateformes de diffusion. Et le plus réussi a été Daft Punk. Il n'y a pas de discussion à ce sujet. Mais le monde et les critiques commençaient déjà à se demander qui seraient les nouveaux noms et quels seraient leurs albums.


Alors que nos 2 robots vocodés, les parrains de la house française, ont commencé une longue absence musicale suite à leur légendaire tournée mondiale "Alive 2007", il est, soudainement, arrivé à nos oreilles et notre cervelle, un autre duo français pour porter le fameux flambeau.


Les similitudes entre les deux groupes sont notables: Gaspard Augé et Xavier de Rosnay sont tous deux originaires de Paris, tout comme Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo; ils ont tous deux construit leur musique mélodique et accessible sur des rythmes trapus, tapageurs et relativement simples; et tous les deux étaient clairement redevables à la musique dont ils se souvenaient de leur enfance, comme la MTV-pop des années 80 et le rock lourd des années 70.


Justice avait marqué un énorme succès dancefloor en 2006 en remixant Simian pour 'We Are Your Friends' - un titre monstre pour sauter les bras en l'air, qui n'apparait pas sur "Cross" mais qui a établi un modèle pour l'album. Mais c'est le bourdonnement analogique râpeux et brutalement échelonné de "Waters of Nazareth" de 2005 qui a vraiment excité les gens.
Avec leur production en blocs et grossièrement taillée, Justice a adopté une approche presque punk de la musique Dance, prenant la direction à laquelle Daft Punk eux-mêmes avait fait allusion avec leur disque de retour aux sources de 2005 "Human After All".
Mais là où l'album de Daft Punk fut un rare (et injuste) échec dans leur catalogue, "Cross" fut un magnifique succès.


Équilibrant un penchant pour le rock lourd avec des sons dramatiques kitsch, Justice a rédigé le discours d'ouverture de leur carrière avec l'intention initiale de faire un "opéra-disco''.
Remplis de bidouillages électroniques et de mélodiques saccadées, l'album est construit à partir d'environ 400 "micro-échantillons '' - comme le son de claquement de mains de "In Da Club" de 50 Cent - qui sont si petits qu'ils sont méconnaissables et ont échappé ainsi aux règles de crédit. Il y a aussi trois échantillons principaux qui sont utilisés pour des morceaux spécifiques - "You Make Me Wanna Wiggle" de The Brothers Johnson pour "Newjack"; "Tenebre (thème principal)" de Goblin pour les deux parties de "Phantom"; et "Night On Disco Mountain" de David Shire pour "Stress".


Mais ce qui rend "Cross" accessible et dansant, c'est que, sous toutes les sonorités complexes qui se déroulent au premier plan, les rythmes eux-mêmes sont en fait très simples et relativement lents. Cela fait de l'album entier une expérience rock et électronique saisissante, et explique comment Justice a pu gagner son attrait croisé - encore une fois, tout comme Daft Punk avant eux.


"Genesis" est peut-être l'une des intros les plus reconnaissables de l'électro française (et peut-être de la musique électronique en général). La chanson commence par une introduction dramatique en fanfare, puis se transforme en un numéro électro crasseux. Ce morceau d'ouverture dit à l'auditeur tout ce qu'il fallait savoir sur Justice. Une ouverture orchestrale déformée par des beats violents et concrets.
"Let There Be Lite", un son classique contaminé par des filtres psychédéliques. Justice presse tout dans une bande de fréquence moyenne si forte que les riffs" vous giflent pratiquement au visage.
"D.A.N.C.E." est le "gros single" de l'album et, à mon avis, c'est la chanson la plus Daft Punk de l'album. La combinaison de la batterie et de la basse optimistes et funky et des premières voix et paroles de Michael Jackson donne à la chanson une ambiance optimiste et terriblement dansante. Une pièce classique de l'électro des années 2000.
"New Jack" est un jeu musical qui rappelle les changements de stations de radio sur un vieux poste pour trouver la meilleure onde. C'est rugueux , ça claque mais c'est définitivement épatant à écouter, tant de sonorités qui s'entrechoquent pour finalement rester si cohérent.
"Phantom" et "Phantom pt. II", un chef-d'œuvre en 2 partie. Un instrument classique: le vocodeur. Une distorsion de voix qui les rend encore plus robotiques. Une ligne de basse funky seventies. Le beat étouffant et tapageur. Et l'abrasion arrive tel un liquide toxique. Justice fait monter le pouls et nous envoie nous casser la nuque, nous râper les genoux, dément. La seconde partie nous offre la grandiloquence, un classicisme osé avec ces violons entêtants, l'album est tout en haut à ce moment là.
"Valentine" et "The Party" ne peut pas nous empêcher de penser aux Daft Punk mais sans jamais le copier. Justice savait très bien se servir des ses inspirations, même grossièrement, sans jamais faire ressentir le plagiat. "Valentine" est un titre pour avaler des kilomètres dans une voiture, seul. Il y une mélancolie dans les claviers, le duo flirte avec le kitsch et c'est beau. "The Party" nous prépare pour la fin de l'album. Excitante et passionnante.
"DVNO" est une version contemporaine du disco et, franchement, un banger incontournable. Un jam robotique mettant en vedette le parisien Scenario Rock. Selon Xavier, le nom DVNO est une interprétation du nom «El Divino», un type de boîte de nuit répandu dans «toutes les villes du monde
"stress" est peut-être le titre le plus claustrophobe que vous ayez jamais rencontré. Ses cordes perçantes et incessantes se marient à un rythme battant; On imagine Norman Bates de Psycho faisant le moonwalk. Et quand vous regardez le clip, il est clair que la situation est complexe, il génère une émotion de malaise combinée à une augmentation drastique d'adrénaline. Unique.
Le fameux "Waters of Nazareth" est le dernier titre pour s'abandonner honteusement à hurler de jouissance tellement c'est prenant. Une base purement rocheuse teintée d'un air religieux. Une pièce instrumentale qui incite au lâcher prise, un hymne Punk et abrasif.
"One Minute to Midnight" est le grand final Rock-Opéra. des arrangements brillants, les guitares électriques à l'honneur. C'est épique. On ressort de l'album lessivé.


en 2007, Gaspard et Xavier dégageaient une marque particulièrement insouciante du cool français. Ils soutenaient qu'ils étaient simplement des auteurs de chambre à coucher; des graphistes qui sont simplement tombés sur leur art et qui "font de la musique sans vraiment savoir comment faire".
Cette approche innocente est capturée dans l'alchimie de †. Car il est composé à parts égales de funk des années 70, de l'aile ringarde du filtre disco, des rythmes déformés de l'acid house et des rythmes hip hop. D'une manière ou d'une autre, cependant, il est passionnément transgressif, ses lignes de basse sombre et funky évoquant George Clinton tremblant lors d'un concert de Depeche Mode. Il y avait donc de l'innovation et un potentiel d'attrait commercial indéniable.


Malgré tout ce bruit déterminé, † n'est jamais moins qu'amusant - le duo parisien reste suffisamment joueur pour que le point culminant de chaque piste ressemble à un affrontement avec le boss de fin de niveau d'un jeu vidéo de plate-forme. Justice a su quand mettre un terme au son industriel et vous éblouir avec un carillon pop qui saute au dessus des étoiles, ou un gazouillis de futur funk gloopy, avant de vous renvoyer dans le bourbier éteint.


En résumé, il est très difficile de décrire un album comme † tant il bouscule, transcende et amuse à la fois. Le mieux est encore et toujours de s'y aventurer sans retenue.
Ah oui! N'oubliez pas vos Rangers, si vous avez des chevilles fragiles...


9/10

BRKR-Sound
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le 27 déc. 2020

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BRKR Sound

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