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7.9
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Album de Sigur Rós (2002)

Plus d'une fois je me suis perdu.


C'est que la route est pas droite quand on veut faire le tour du monde, et encore moins quand on vise à trouver l'illumination d'une musique parfaite, le fracas spirituel de l'évasion. Alors on tourne, parfois en rond, souvent pour rien. Mais une fois qu'on a décidé de partir, impossible de revenir en arrière.


C'est pas faute d'avoir eu des pistes avant de me lancer. Les bars de Paris, New York, Los Angeles... La Nouvelle-Orléans, bien sûr. L'Afrique, l'Asie. J'ai écumé tous les continents, toujours heureux mais jamais comblé. Puis, finalement, j'ai mis le cap sur peut-être le dernier endroit où j'avais un espoir. Une île perdue dans le Nord, la dernière chance. Celle qui devait sonner le glas de mes espoirs déraisonnés.


L'Islande.


Tu me croiras si tu veux, mais ça m'a foutu un frisson rien que d'y poser les pieds. Un pays sauvage, la terre des glaces. Un bouchon sur la dorsale médio-atlantique, un carré de terre posé sur du magma en fusion, prêt à exploser à chaque instant. Le pays des volcans, des geysers, du froid, d'immenses déserts inhabitables. Quelques kilomètres derrière les discrètes villes côtières, c'est la nature qui reprend ses droits. L'homme n'y a pas sa place.


C'est là que je devais aller. L'endroit rêvé pour trouver cette musique faisant le lien entre le divin et le terrestre, l'homme et la nature. En installant ma tente dans ce qui semblait être une vallée déserte, en plein brouillard, je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait le lendemain.


Une voix, légère, aérienne, un falsetto grêle m'a tiré de mon sommeil. En sortant de ma tente, j'ai vu à quelques dizaines de mètres un minuscule attroupement autour d'une espèce de scène improvisée.
Rapidement, un des spectateurs m'expliqua qu'il s'agissait d'un groupe Islandais du nom de Sigur Ros, qui se produisait ici gratuitement pour remercier son public.


Plus le temps passait, plus la foule enflait. Moi en revanche, je me sentais partir.
Pendant que la musique de Sigur Ros parlait directement à mon âme, plus rien n'existait autour de moi. J'ai vu la beauté calme et silencieuse de la nature, le flux inarrêtable de l'eau, les glaciers imperturbables, les fjords et les champs de lave. Le soleil bercer les vallées verdoyantes, la mer ramener inlassablement son écume contre la roche.
J'ai vu les aurores boréales danser avec la lune, j'ai vu les loups lutter contre le blizzard, la lumière du jour percer entre des édifices naturels millénaires.
J'ai vu le feu des éruptions volcaniques, les éclairs de la rencontre de roche et de glace au coeur d'un nuage volcanique.


De l'aube des temps à l'avenir éternel, de la fureur des dieux à l'apaisement du ciel, c'est ici que l'horizon prend fin, ici que le ciel épouse la terre. Pourtant, loin d'être une limite, cette rencontre fait naître un infini.


Cette parenthèse enchantée ne se fermera donc jamais.

Black_Key
10
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le 24 janv. 2016

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