La mer, qu'on voit danser ...
Beaucoup, lorsque l’on évoque Yann Tiersen, nous parleront d’accordéon, de Montmartre, de ricochets sur le canal Saint-Martin et d’Audrey Tautou … Mais le breton n’a jamais été fan de péniche, ni de...
le 25 août 2014
Il fut un temps où Yann Tiersen incarnait l’artiste typiquement français, voire régional. Aujourd’hui reconnu dans le monde entier, le Breton se réclame universel si l’on en juge par ses titres d’albums et des collaborations venant du monde entier. Malheureusement, entretemps, la singularité de Tiersen s’est diluée dans les océans qu’il a parcourus à la recherche d’un second souffle, pour l’instant très court.
Eternellement rattaché, pour son plus grand bonheur/malheur à Amélie Poulain, Tiersen a voulu partir vers de nouveaux horizons et on ne peut pas l’en blâmer. De l’accent anglais à couper au couteau de Dominique A, il est donc passé à celui, ultra typé, du nord irlandais Neil Hannon (The Divine Comedy), invité sur L’Absente (2001). Un premier pas était franchi, sur la pointe des pieds, vers une pop ouverte vers l’extérieur. Confirmée par un superbe duo avec Shannon Wright trois ans plus tard, cette échappée vers d’autres cieux fut brutalement stoppée par un retour aux sources inattendu avec l’inégal Les Retrouvailles (2005), tous accordéons dehors. Dès lors on eut l’impression que Tiersen ne savait plus tellement à quel saint se vouer.
En 2010, le Français s’exila métaphoriquement en Palestine (Palestine EP) pour finalement accoucher, surprise, d’un album enflammé et noisy, Dust Lane, rappelant qu’il avait déjà su, quelques années plus tôt, s’extirper de ses racines bretonnes et de musicien classique. Cette année, plus que jamais internationaliste, Infinity (rien que ça) n’a malheureusement d’ambitieux que son titre. On y entend du breton, de l’islandais, des Français chantant anglais ou des anglais tout court (le pauvre Aidan Moffat, qu’on a connu plus éclairé dans ses choix). Mais tous ces chanteurs, insulaires ou descendants indirects de générations de pêcheurs, surnagent dans une bouillabaisse géante.
Jamais la musique de Tiersen n’a semblé si lourde, incapable de décoller, quand bien même elle rêverait de nous faire voyager (à noter que le précédent opus du Français, déjà transparent, s’appelait Skyline, sans doute pas un hasard). Jamais l’utilisation de ses instruments n’a paru si bordélique. A force de mettre de tout (son fameux toy piano y côtoie des sections de cordes mille fois entendues comme un rock instrumental au ras des pâquerettes), on n’écoute plus rien. Tentative désespérée de faire se côtoyer des univers radicalement opposés, Infinity devrait être grandiose quand il s’agit seulement d’un terrible aveu d’impuissance à se renouveler.
On dit souvent que les Bretons sont têtus. Tiersen s’est évertué à prouver le contraire, avec plus ou moins de succès, en cherchant de nouvelles voies, ailleurs, pour sa musique. Espérons maintenant qu’il saura redescendre sur terre ; si possible la sienne. La Bretagne dont Le Phare reste, à ce jour, l’une des plus belles illustrations de l’amour qu’il y porte.
Créée
le 3 janv. 2019
Modifiée
le 14 juin 2024
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Je ne retrouve pas Yann Tiersen dans cet album. Vraiment déçu, beaucoup d'attente pour rien.
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