La puissance dévastatrice d’un raz-de-marée couplée à la précision d’une mécanique d’horlogerie !
Il est des enregistrements qui, dès la première écoute, vous foudroient sur place. Des albums dont les interprètes officient en parfaite synergie, livrant tout leur talent et toute leur âme sur des compositions éclatantes de créativité. Un instant de grâce immortalisé sur CD. Amoeba, deuxième album des poitevins d’Hacride est bien de cette trempe.
Comme pour Deviant Current Signal, son précédent opus, Hacride accouche ici d’un album sans concession. On reste dans un death-metal teinté de progressif, où la pureté de la violence brute ne se fait jamais au détriment de la complexité presque mathématique des morceaux. Vous l’avez compris, Amoeba n’est pas là pour arrondir les angles mais bien pour les affûter.
D’entrée de jeu Perturbed donne le ton. Après une intro sobre à la guitare acoustique survient avec fracas le tonnerre assourdissant de l’ensemble de la formation. Une déferlante de son dont on ressent instantanément qu’elle emportera tout sur son passage.
Loin de se cloisonner à un seul style, Amoeba s’enrichit d’influences variées dépassant même de manière inattendue les frontières du métal. On pense bien sûr au titre Zambra, reprise réarrangée du groupe de flamenco barcelonais Ojos de Brujos. Mais cette fusion flamenco-métal reste cependant un ovni au regard des autres morceaux. En effet, si l’on écarte ce titre expérimental, les musiciens distillent plus subtilement leurs influences dans l’ensemble de l’album. Adrien Grousset allie la fureur d’une guitare métal aux envolées du flamenco pendant qu’Olivier Laffond mêle la finesse rythmique d’une batterie jazz à la puissance d’impact du métal.
Déstructurée, dense et agressive la musique d’Hacride ouvre également des espaces de respiration. L’album est ponctué de phases mélodiques, voire planantes, qui viennent aérer la construction des morceaux. Amoeba créé ainsi de véritables ascenseurs émotionnels en s’appuyant sur des interludes qui désamorcent la tension pour mieux la faire ré-exploser de plus belle.
Coté production, Hacride marque un bond qualitatif, notamment concernant la création et la mise en valeur des arrangements. L’ensemble de l’album est truffé de détails peaufinés à l’extrême qui viennent habilement habiller les compositions, contribuant à renforcer l’immersion de l’auditeur dans cette tempête sonore.
Amoeba se clôture magistralement sur On the Treshold of Death, surement le plus beau titre du groupe, qui termine de vous envoyer au septième ciel en cristallisant avec une rage poussée à l’extrême tout le génie de la formation.
Blasé des enregistrements en demi-teinte, de ces productions tellement pensées pour se loger dans les oreilles de tout le monde qu’elles en deviennent insipides et perdent tout intérêt ? Besoin d’être transporté, quitte à être chamboulé ? Ne cherchez plus, attachez votre ceinture et plongez !
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