La suite des aventures du projet Lychgate, fondé, pour mémoire, par Vortigern (The One) et devenu une espèce de supergroupe depuis.
Aran a quitté le projet et a été remplacé à la basse par le multi-instrumentiste Alan Webb (Ancient Ascendant, Navigator) et un certain S.D. Lindsley s’est ajouté au poste de guitariste. On note également la présence d’un pianiste et d’un organiste.
A l’écoute de ce second album, on reconnaît les traits de caractère (très prononcés) du premier album, les intros étant quasi similaires : un black metal dense et riche, avec des composantes atmosphériques, doom, mélodiques voire symphoniques, avec cette utilisation tout à fait inédite des claviers qui donne une ambiance surnaturelle, digne d’une musique de film d’épouvante gothique.
Le travail de composition s’est apparemment déroulé sur deux années complètes (2012 et 2013) et on ne peut que constater à quel point leur musique a encore progressé.
Même si ça n’apparaît pas à la première écoute – encore que… -, une étude plus approfondie révèle des arrangements plus poussés, une plus forte présence des claviers – en particulier de l’orgue.
De fait, Vortigern s’est encore un peu plus inspiré de la musique classique, ainsi que des musiques de films des années 60, mais également de la musique concrète et de la musique contemporaine. Malgré l’étonnante complexité à laquelle ce mélange a abouti, tout est orchestré de main de maître par les protagonistes, sans que cette évolution de taille dénature en quoi que ce soit l’essence de ce qu’était le groupe à son premier album.
Les arrangements et mélodies possèdent cette dualité entre une forme classique, dans tous les sens du terme, et cette dissonance propre au black metal évolué et moderne auquel Lychgate s’est voué. Et pour cet album, ils ont même osé chant clair et chœurs : c’est très réussi, bien assorti et ils n’en abusent pas.
La musique a donc clairement gagné en profondeur sans pour autant perdre sa clarté et sa ligne directrice initiales.
An Antidote… s’avère donc encore plus passionnant que son prédécesseur, encore plus ambitieux.
Lychgate rivalise sans problème avec les compositions les plus complexes d’un Emperor ou d’un Abigor.
Au niveau rythmique, Tom Vallely a aussi monté le niveau d’un cran, ce depuis qu’il joue également en tant que percussionniste dans un orchestre classique.
Un petit mot sur le concept de l’album : il s’inspire de la théorie de Jeremy Bentham du Panopticon, le modèle de prison dans laquelle une personne surveille tous les prisonniers sans que ceux-ci puissent se savoir observés ; concept qui a été extrapolé dans certains modèles sociétaux, comme c’est le cas dans le fameux livre de George Orwell, 1984.
Le titre de l’album et les paroles font même référence à deux dystopies, aussi inspirées du Panopticon : Nous de Yevgeny Zamyatin et Insatiabilité de Stanisław Ignacy Witkiewicz.
Même si je m’attendais clairement à quelque chose d’élaboré, je dois dire que je fus tout de même bluffé par ce disque, tant il représente un travail colossal à tout point de vue.
Derrière cette étiquette cache-misère d’avant-gardiste – que je n’aime guère mais qui est commode pour désigner ce genre de produit - se cache une musique d’une richesse et d’une ingéniosité peu communes, plus personnelle que jamais. Bien que ça reste du metal extrême autant dans l’intention que dans l’exécution, An Antidote… va bien au-delà et propose une brillante synthèse d’influences multiples et variées autant qu’elles sont bien assimilées.