A sa création en 2004, Thy Feeble Saviour (TFS) était un projet du seul et multi-instrumentiste Francisco Pulido, qui faisait partie auparavant du duo Sacrilegious Torment avec Ray Rivera, autre habitué des projets de mec-tout-seul.
Resté dans l'ombre et même en sommeil pendant longtemps, le projet a refait surface en 2015 avec la démo Blasphemic Disgust, avec laquelle j'ai pu découvrir TFS.
Pulido a fait un court passage en tant que bassiste chez Morbosidad en 2013-2014, ce qui semble lui avoir permis de recruter leur batteur Matt Heffner (aussi chez Blaspherian, assurément un homme de goût).
Blasphemic Disgust m'avait marqué par sa bestialité crue et sa violence débridée. Et le chant de Pulido était vraiment immonde. Autant dire que je me suis jeté sur cette galette, qui s'annonçait clairement prometteuse.
Et force est d'admettre que TFS s'est hissé à la hauteur de mes espoirs.
On sent clairement la base USBM du groupe, ils ne s'en cachent nullement. Ce qui est complètement cohérent, quand on regarde le passif de Pulido dans Sacrilegious Torment : ce groupe était grandement inspiré par Profanatica, autant musicalement qu'iconographiquement.
TFS a un peu évolué vers le death, mais l'esprit reste complètement black metal : c'est sale, primitif, blasphématoire au possible, avec un riffing basé sur du trémolo quasi continu et un chant versatile complètement possédé, vomique à certains moments.
Niveau production, il y a de gros progrès par rapport à la démo, c'est une évidence. Tout y est plus clair et puissant. Mais le groupe ne s'est pas dénaturé pour autant et le son de guitare reste bien baveux, appuyé par le vrombissement ultra saturé de la basse en arrière-plan.
Cet album est d'une grande intensité, on ne les sent à aucun moment faiblir. Il faut dire que, malgré ses quatorze titres, il ne dure qu'une demi-heure ; ce en raison de la brièveté des morceaux. Plutôt que de construire des compos sur trois, quatre minutes, TFS a opté pour des morceaux expéditifs, rapides et ultra violents. Quand on écoute les résultats, on ne peut que leur donner raison.
Une bien belle baffe que ce And Darkness Fell. Le genre de galette qu'on se passe trois ou quatre fois de suite sans se lasser, tellement c'est jouissif.
Rien que pour ça, ils méritent bien un coup de cœur.
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