Avant toute chose, il faut préciser que j'ai découvert Archimède avec ce disque, leur troisième. Je ne suis donc pas nécessairement celui qui dispose du regard le plus perçant pour juger ce disque, notamment vis-à-vis de la question de l'évolution du groupe.
Archimède est un groupe qui montre que le rock n'est pas mort, et surtout pas en France. Il n'y a pas que le trio Téléphone/Louise Attaque/Noir Désir. Il y a une possibilité de faire du rock en français et de qualité. Archimède montre que la musique peut être agréable, les paroles travaillées et pourtant pas naïves ou mièvres. C'est une sorte de cocktail protecteur pour les amoureux du rock héxagonal que ce groupe. On appréciera à ce propos Ca fly away qui ironise largement sur cette mode qu'on des groupes français (Skip the Use, Shaka Ponk notamment, quand bien même j'adore ces derniers) à chanter en anglais se rendant ainsi incompréhensible auprès d'une partie de leur public et ayant la « prétention » de rivaliser avec les vrais britanniques. Le morceau montre le talent d'écriture du groupe : c'est presque une dissertation tant l'argumentation est bien menée. Pourtant, on n'oubliera pas le rire, très présent.
Le groupe aime ainsi faire rire tout en jouant de métaphore et de développement très agréables. On appréciera Julia qui est dans une ambiance amoureuse et se dévoile petit à petit comme un hymne à l'amour de sa fille. Ravissant au possible et émouvant tout autant, ce titre montre également l'aspect doux qui s'envole.
Dans cette même thématique d'une ballade qui devient un peu plus entraînante sans pour autant être du pur rock, on notera Au marché des Amandiers, terrible morceau sur un amour déçu et sur le fait d'accepter cela. Le traitement est mature et réaliste. Jamais Archimède ne tombe dans la facilité d'écriture si ce n'est, peut être, dans l'Amour à perpète, le temps faible de l'album, si je puis dire.
Oh vient ma chérie joue beaucoup sur l'amour déçu, mais dans un sens plus amusant qui rappellera presque Ce mortel Ennuie de Gainsbourg. Un bon moment de rire aussi.
Pour ce qui est du rire, le côté engagé du groupe fera bien marrer, notamment avec son Les Winners et les Branques. Beaucoup de calembours ici. Dans le même temps, Toi qui peine au Boulot évoque un message proche, mais plus engagé encore. Enfin, l'ouverture du disque Allons enfants est un appel à une révolution. Le titre ultra rock lorgne largement vers l'inspiration Noir Désir, que ce soit dans le rythme ou dans le chant. On pourra regretter, d'une part, que ce soit le morceau le plus rock de l'album, ce-dernier souffrant d'une trop grande douceur, et deuxièmement que ce soit tant Noir Désir vu que tout groupe de rock français vit quasiment à l'ombre de ceux-ci.
A titre personnel, j'ai une énorme affection pour les Indociles, ode à la liberté perdu dans le vieillissement. C'est, là encore, un très beau morceau. A la fois bien écrit, entêtant, se mettant vite en tête et très séduisant par son instrumental.
Enfin, Dis-le nous évoque avec un brin d'humour et beaucoup de pudeurs la difficulté d'effectuer un coming out, même si la campagne n'est pas si en retard que ça face aux grandes villes.
J'ai traité les morceaux dans le désordre, préférant les rassembler (un peu) par thématique. Le disque est donc diversifié, puissant dans ses propos mais un peu trop doux dans l'ensemble. La ressemblance exagérée avec Noir Désir dessert le démarrage du disque. Globalement le disque est donc très bon, mais souffre bien de petites faiblesses. Notamment sa rapidité, c'est tellement bon qu'un titre ou deux de plus n'aurait pas été regrettable.