Il y a une caractéristique à toute la musique de Laurent Voulzy, c'est une sorte de douceur nostalgique, naïve et candide. C'est ce qu'on appellerait un album de vacances, une invitation au voyage et à la rêverie. Il ne s'agit pas de soirées dansantes en boite de nuit, d'énergie enivrante et féroce des jours de fête mais de la délicatesse d'un dimanche en pull over, au coin du feu, à observer les navires quitter les cotes bretonnes. La musique de Voulzy n'est qu'une tendre caresse.
La preuve en est l'incroyable discrétion de cet homme : peu de concerts, albums rares, vie privée mystérieuse. Il réapparait ainsi, à peu près tous les dix ans et nous livre un petit album avec tout un tas de tubes mémorables et la patte de son ami de toujours, le non moins discret Alain Souchon.
Mais Avril est particulièrement réussi dans ce sens. Un fille conducteur : la mer et la guitare. Pour nu enfant des îles, l'océan c'est toute la vie. Voulzy y revient sans cesse, c'est une âme de marin et donc de poète. Des histoires de filles et d'amours délicates, quelque chose de simple et très efficace à la fois. Puis, il y a Avril, très belle chanson, nostalgique. Il y a Quatre nuages, plus enlevée et la confidentielle Jésus, pour moi une des plus profondes de Voulzy, avec de très belles paroles et une douceur infinie. A chaque fin d'album Voulzy nous livre souvent un long morceau plus expérimental, biberonné de rock anglais, d'électronique. En somme, ce genre de morceau où il se fait plaisir.
Et finalement, c'est peut-être ça Voulzy, le plaisir, rare et délicat, intimiste, discret et sans prétention. La douceur, la vie au ralenti, cet air des Antilles et de Bretagne, l'appel de l'océan.