Je suis un garçon ouvert, pas exactement des plus bavards mais assez sympa et serviable autrement, et suis prêt à toute expérience qui me permettrait d'agrandir d'autant plus ma vision de la vie, de l'humanité, et toutes ces conneries. Mais définitivement, il y a quelques trucs que je ne supporte pas, et rien à faire, j'ai beau faire des efforts, rien ne me ramènera à la raison dès lors que l'on évoque ou que l'on me force ces choses : les champignons, le théâtre dit "classique", le whisky de moins de 30€, les conversations simultanées à 3 personnes ou plus, la littérature israélienne, Seth McFarlane, et le jazz vocal, entre autres.
Vous voyez venir le problème ? "Jazz Sébastian Bach" est un concentré de pur cauchemar pour moi : ce n'est pas simplement Ella Fitzgerald qui minaude pâteusement et pourrit la musique cool qui passe en arrière-plan, c'est une chorale qui s'y prend et détruit avec attention la musique de Bach et mes oreilles. Pendant trente trop longues minutes. Un viol auditif qui aurait pu me valoir des années de psychothérapie si je ne savais pas prendre sur moi. Mais le fond du problème ne vient pas simplement du fait qu'il s'agit de jazz choral et que mettre ses deux mots côte à côte est un peu l'équivalent de croiser les effluves dans Ghostbusters à mes yeux fragiles, mais aussi de la musique, légère, trop légère, qui se veut maligne dans sa reprise de classiques de Bach, mais ne réussit qu'à leur faire perdre toute substance, tout intérêt : ils ne sont ici que des gimmicks, à peine justifiés, et méritaient vraiment mieux que cela.
De façon générale, j'ai un problème avec la voix en musique : j'aime la voix lorsqu'elle est utilisée de façon non humaine ; samplée, détournée, triturée, ou chantée sans être mise en avant (voilà également pourquoi j'ai beaucoup de mal avec la musique folk). Lorsque la voix devient un instrument mis en avant, pas un simple effet, pas un accompagnement, cela peut très vite m'agacer. Chez les Swingle Singers, cela devient très vite inhumain, une sorte de pendant satanique de tout ce qui fait l'intérêt de la musique selon moi : faire passer un message à travers des notes d'instruments. Ici rien ne passe, et l'instrumentation est secondaire. Hence the horror.
Hélice, tu es une femme adorable et louable à bien des égards, mais décidément, il y a quelques points où l'on ne se retrouvera jamais.