A CHACUN SON MOZART
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Je me souviens d’une fin de mois de décembre. Je rentre dans une maison qui n’est pas la mienne. Elle me parait si grande.
Mon regard est attiré par une chaîne Hi-fi de haute qualité.
Ce jour-là restera sans doute dans ma mémoire comme un souvenir éternellement beau.
Des enceintes sortent une mélodie envoûtante.
Je viens de faire la rencontre avec Abdullah Ibrahim et je ne suis pas certain de pouvoir mettre des mots sur sa musique ni même expliquer les larmes qui glisseront plus tard sur mes joues.
Il se dégage de sa musique une force tranquille et une sérénité que seuls les vieux sages peuvent transmettre.
Il joue comme si cette sagesse millénaire tombait sur moi et m’enveloppait. Chacune de ses notes est en effet empreinte d’une exceptionnelle profondeur, d’une gravité qui va chercher au cœur même de l’essentiel.
Il va jusqu’à percer au cœur les secrets des hommes et de Dieu très certainement.
Ibrahim est bien plus qu’un pianiste, c’est shaman qui invoque les esprits. Dans sa musique venu des town ship de Cap Town, il y a une part de religiosité, de gospel et de profondeur croyante qui s’élève vers les cieux
Il m’invite à chaque écoute à la méditation introspective et c’est comme me regarder dans le miroir de l’âme et du cœur.
Le pianiste maîtrise l’improvisation et tourne autour d’un thème qu’il étire sans cesse à l’infini. Un infini que je peux toucher du bout des doigts les soirs d’extase.
Sa musique ouvre des portes : il me fait entrer dans une intimité et m’installe au cœur de mes émotions. J'y suis tranquille, apaisé et je me laisse porter par la simplicité de ses mélodies derrière lesquelles se dissimule, avec une fausse modestie, une complexité des structures musicales : « la profondeur de la simplicité ».
Je me souviens de ces derniers jours de décembre. Mon âme et mon cœur ont définitivement chaviré, persuadé d’avoir rencontré un être sublime dont chaque phrase musicale m’apportent un sourire, un supplément de paix.
Tout simplement bouleversant.
Créée
le 19 janv. 2016
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