Découverte en première partie du concert des Swans de Michael Gira en septembre dernier, et nous rappelant au bon souvenir que la musique industrielle et bruitiste n'est pas l'apanage de la gent masculine, à l'instar des précurseurs Throbbing Gristle, Margaret Chardiet sous son patronyme Pharmakon sortait deux semaines après la dite date parisienne son second album, Bestial Burden.
Disque viscéral, cet album est né de la collusion entre l'organique et la musique industrielle à l'image de sa pochette. Inspiré par les récents problèmes de santé de Margaret Chardiet ; à quelques jours de sa première tournée européenne, les médecins lui diagnostiquèrent un kyste suffisamment gros et mal placé pour mettre en danger sa santé, Bestial Burden évoque l'un des thèmes principaux du film culte (et de SF préféré de miss Chardiet), The Thing de John Carpenter : « Man is the warmest place to hide ». Du désir post-trauma de vouloir montrer le corps tel un morceau de chair qui peut vous trahir, Chardiet explore une nouvelle facette de sa musique : plus crue, organique donc, avec cette rage intacte en guise de ligne de conduite.
Disponible au format vinyle et en prélude à ce déferlement de fureur et de bruit, Bestial Burden est construit de telle sorte que chaque face s'ouvre par un titre faisant allusion au thème précité. L'introductif Vacuum est ainsi composé, sur la base d'un bourdonnement drone, d'une longue respiration forcée, entre la transe et le sentiment de panique, tandis que comme le laisse supposer la traduction littérale de Primitive Struggle (lutte primitive), celui-ci fait écho aux souffrances corporelles primales : toux, vomissements aux rythmes de battements de cœur maladifs, prémisse au martial et funéraire Autoimmune.
Quittant la stricte violence mécanique du précédent et premier disque, Abandon, pour tendre vers une musique hybride, Bestial Burden choque, bouscule, impressionne. Chef d'orchestre de ce malaise sonore, Chardiet offre également à sa voix un traitement des plus radicales, entre strangulation et cri écorché rappelant le chant expressif des formations de black metal en particulier sur l'angoissant Intent or Instinct ou sur le bien nommé Body Betrays Itself.
29 minutes pour amateurs de sensations fortes.
http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2014/12/cronico-ristretto-bestial-burden.html