Body Music
6.7
Body Music

Album de AlunaGeorge (2013)

Body Music, c’est le premier opus sidéral d’Aluna Francis au chant, et de George Reid pour la musique : arrangements célestes et bidouilles cosmiques, de l’electro parfois minimaliste, qui nous emmène pour un long voyage en apesanteur plein de charmes sensuels.

Le décollage est soft, une atmosphère douce sur laquelle Aluna chante tout en douceur pour se fondre dans l’ambiance intimiste de cette introduction, qui déjà déhanche sans en avoir l’air. Le voyage commence tandis qu’AlunaGeorge nous aide à prendre l’envol. Alors les basses pulsent : You Know You Like It. Aluna donne dans le groove et module ses voix sensuelles : un coup enfantine, l’instant d’après femme fatale. Des rythmes légers et discrets laissent s’écraser d’étranges effets sonores, une efficace simplicité, et nous emportent, aériens, tandis que la voix s’ancre et s’élève depuis le réel. Un son déchiré ouvre soudain Attracting Flies, une mélodie de la mal fonction se développe, la solidité de l’éphémère dans la volonté de vivre parle de l’insinuation inévitable de l’un dans l’autre, et le corps de la chanson, distordu et solide, enveloppe sa voix de graduations sensuelles qui ne nous lâchent pas. Le refrain, d’un charme déconstruit particulier, se grave instantanément dans la mémoire. Alors le vol se calme, un sample de voix déformée nous invite sur Your Drums, Your Love : de nouveau la sensualité minimaliste, un refrain aérien, ample, aux arrangements complets, alors le rythme s’emballe et court, jusqu’ à un solo électro en volutes de sons d’été, en bulles de fraicheur éclatées dans la langueur. La chaleur continue de s’installer.

Le disque continue de nous emmener plus loin encore : Kaléidoscope Love nous remue sur une urgence spatiale et lointaine, le vol s’effectue en science-fiction maintenant. AlunaGeorge nous offre une traversée en bonne compagnie du cosmos intérieur qui les épanouit. Le calme toujours voluptueux de Diver, amène une touche aquatique dans l’atmosphère, un rafraîchissement bienvenu avant Lost & Found : la danse se déclenche sans retour possible, c’est du pur dancing léger, et on se bouge en finesse avec une ligne mélodique electro en compte à rebours qui pose une puissance soudaine sur un refrain envoûtant. Petit joyaux de pop stellaire !
Une dynamique de vocalises hachées déclenche une histoire engagée sans répit, la voix aux accents ingénues fait la leçon : « there’s no need to feel lost », et chante l’espoir à venir bientôt. Alors une chanson aux allures guerrières, sur un rythme sûr commence et, dans une explosion sidérale douce, c’est le refrain qui revient. AlunaGeorge touche à l’onirisme du meilleur de la science-fiction pour louer les qualités simples d’un homme : « he’s a superstar in his home ». Superstar a tout l’espoir du renouveau de l’homme au cœur de son univers. Après l’envolée, le feu crépite dans la voix d’Aluna Francis, tout autant que dans la profusion de sons électroniques produits par son compère George Reid avec virtuosité, qui transforment l’espace en dance-floor sensuel : Just A Touch est un pur moment de beauté extraterrestre, une invitation à une ouverture plus charnelle que cosmique, l’approche des corps avant toute chose.
Avant toute autre chose.

De nouvelles vocalises hachées ouvrent le grand calme au cœur qui bat dans les confortables ondes d’un ciel chaleureux. Body Music, l’astrale attraction des corps est une musique qui ne ment pas. AlunaGeorge nous enlace avec une douce ferveur sur la piste sensuelle, on se laisse emporter avec plaisir. Friends To Lovers revient à l’intimiste, échange de tendres désillusions consolées. Ce moment de répit dans la chaleur soudaine du line up de l’album a des accents de RnB un peu niais toujours rattrapés par la justesse de l’interprétation dosée d’Aluna, et le velours de l’écrin. George Reid tisse, dans les nuages de l’electro, une comptine-bulle d’oxygène pur. L’alternance continue d’envoyer l’auditeur au plus haut : This Is How We Do It : old school hip-hop, rythm’n’blues assumé pour le coup. L’orchestration pleine d’effets de George Reid apporte ce qu’il y a de mieux pour sublimer le vide electro des années 80, et lui donner l’ampleur des atmosphères denses de l’electro moderne. Aluna n’a plus qu’à…
We Are Chosen reprend les bulles spatiales comme des messages à l’inconnu. Au large sidéral. Watching Over You et son amical conseil fait chanter la leçon de vie telle une comptine : Aluna nous prend sous son aile. Aluna donne de l’amour et de la compassion positive.
Son explosion finale d’effets modèle B Ur Boo, chanson solaire remède à la solitude, véritable appel à profiter de la journée qui s’annonce, authentique chanson du matin !

Le bijou d’équilibre de Body Music offre le meilleur pour ambiancer vos journées en douceur dans le velours des britanniques : la voix d’Aluna est un sofa cotonneux dans le salon lumineux et stellaire de George. AlunaGeorge a l’humble minimalisme intelligent, qui se fait oublier au service d’une atmosphère irrémédiablement légère, et la puissance discrète des plus efficaces productions groovy. L’astrale attraction des corps, quoi de plus sexy ?

Matthieu Marsan-Bacheré
Matthieu_Marsan-Bach
8

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs albums de 2013 et Les Femmes Que J'Aime

Créée

le 9 mars 2015

Critique lue 365 fois

Critique lue 365 fois

D'autres avis sur Body Music

Body Music
Stephpech
8

Critique de Body Music par Stephpech

J'ai beaucoup aimé l'album d'AlunaGeorge pour deux raisons. Le grain de voix doux de la chanteuse m'a hypnotisée. Et surtout, l'électro de George bien présent, met en valeur la voix d'Aluna sans la...

le 4 août 2013

3 j'aime

Body Music
Nicolas_Barille
8

Critique de Body Music par flyman lunik

Le R'n'b du 21 siècle? Je réponds OUI, OUI, OUI !!! Biberonné au r'n'b des années 90, je ne peux que me réjouir de ce revival tellement je ne me reconnais plus dans ce qui était fait dans ce genre...

le 28 août 2013

2 j'aime

Body Music
HawolyBa
7

Critique de Body Music par Hawoly Ba

C’est beau, hein ? On aurait dit le couple que tout le monde déteste au collège. Mais, si vous savez celui qui est toujours collé, qui se prend dans les bras entre le cours de chimie et celui de...

le 12 août 2013

1 j'aime

Du même critique

Gervaise
Matthieu_Marsan-Bach
6

L'Assommée

Adapté de L’Assommoir d’Émile Zola, ce film de René Clément s’éloigne du sujet principal de l’œuvre, l’alcool et ses ravages sur le monde ouvrier, pour se consacrer au destin de Gervaise, miséreuse...

le 26 nov. 2015

7 j'aime

1