Un quadra au sommet de sa forme

Une course de 16 ans en tant qu'artiste solo à succès, ainsi que moitié de "Bad Meets Evil" avec Eminem et "PRhyme" avec DJ Premier et un quart du supergroupe désormais disparu Slaughterhouse avec KXNG Crooked, Joe Budden et Joell Ortiz.
Voici une présentation simpliste de Ryan Daniel Montgomery. On peut y ajouter que son talent lyrique est pur, de haut niveau, avec une croissance personnelle et artistique sur les 4 dernières années qui précédaient son 7 ème album, "Book Of Ryan".

"Book of Ryan" commence là où s'est terminé son précédent album "Layers" (2016) , en particulier le morceau Tabernacle. Dans une ère moderne du hip-hop où la Trap, le mumble et le rap Soundcloud prennent une place énorme, Book of Ryan, assez loin de ces styles, est pourtant devenu un classique instantané, dès sa sortie.

Une chose qui se démarque immédiatement est la cohésion, chaque chanson se jette dans la suivante comme une famille nombreuse qui se donne la main. Royce est devenu quadragénaire il n'y a pas si longtemps et l'album est un biopic sur ce passage à l'âge (super)adulte, centré sur le thème de la paternité et d'autres luttes de la vie de Royce; traitant de l'alcoolisme, de l'enfance dysfonctionnelle et d'autres thèmes sur lesquels il a écrit dans les versions précédentes mais avec moins de détails.

Peut-être que la meilleure piste de Book of Ryan est Power, où Royce parle de grandir avec une mère qui a souffert de la violence domestique aux mains de son père. Et bien que Royce ait rafistolé les choses avec son père, il y a beaucoup à raconter ici et c'est l'un des morceaux les plus honnêtes que vous entendrez sur un album de hip-hop de 2018.

Alors que Royce est évidemment la star ici, quelques invités bien placés aident à élever cet effort de vingt pistes mettant en vedette des grands noms de l'industrie; Eminem (sur Caterpillar), J. Cole (sur Boblo Boat), Pusha T, Jadakiss, Fabolous (sur Summer on Lock) et Marsha Ambrosius (sur Outside) dont j'ai entendu parler pour la première fois sur la B.O. de "Compton". Royce prouve qu'il peut suivre le meilleur d'entre eux.

En ce qui concerne la production, Book of Ryan flotte sur du hip-hop Old-School des années 2000, pas de Trap donc et pas de rap Soundcloud non plus, ne sera trouvés ici.
Caterpillar, par exemple, sonne assez curieusement très proche de la Old-School de 50 Cent avec un peu de modernité. De toure façon, sur chaque piste, Royce fait le gros du travail et laisse l'instrumental complimenter son flow, et non l'inverse.

Il faut du courage pour sortir un album de 20 titres. Trop de pistes peuvent entraîner une fatigue de l'auditeur et un effet défavorable sur lui. Les Prods, les histoire et le flow cohérent de Book of Ryan en font une écoute agréable qui ne vous donne pas l'impression de lourdeur ou de longueur.

Si un bon livre vaut son pesant d'or, "Book of Ryan" vaut son pesant de platine ou d'une autre forme de pierre précieuse ou de matériau rare. C'est Ryan Daniel Montgomery comme nous ne l'avons jamais entendu auparavant: complètement brut et entièrement confessionnel.
C'est, tout simplement, l'un des grands albums hip-hop sortis en 2018.

8/10